L’électrification des fortifications Séré de Rivières et l’usine électrique

Un groupe électrogène dans l’usine électrique du fort du Musoir ouest à Cherbourg. VAUBOURG Julie

La découverte de l’énergie électrique permet une forte évolution industrielle et technologique au 19ème siècle.

Dans les fortifications Séré de Rivières, les toutes premières installations électriques sont destinées au fonctionnement des appareils de télégraphie électrique et à la mise à feu de certaines pièces d’artillerie de côte ou de pièces sous cuirassements. Rapidement, l’électricité fera son apparition dans certains ouvrages pour éclairer dans un premier temps les abords des fortifications.

Pendant près de 40 ans, cette nouvelle énergie va se développer pour devenir un élément important des fortifications les plus modernes à la veille de la Grande Guerre.

1880 Les postes photo-électriques mobiles

Les postes photo-électriques ambulants sont utilisés, à partir de 1880, pour l’éclairage des abords des ouvrages terrestres. Ils servent la nuit à découvrir les positions et les travaux de l’ennemi pendant la période d’investissement des fortifications. Ils permettent aussi de surveiller les différentes voies de communication ou les positions stratégiques à proximité des ouvrages.

Ces postes photo-électriques ambulants se composent d’une locomobile à vapeur possédant, en fonction du modèle, une chaudière et un moteur qui entraine une dynamo pour alimenter en électricité un projecteur électrique à lampe à arc.

Ces postes photo-électriques sont répartis en deux catégories :

Les grands appareils (plusieurs marques existent tels que Hermann La Chapelle, De Dion-Bouton, Sautter-Lemonnier et Cie, …) se composent souvent d’un chariot équipé d’une chaudière timbrée de 6 à 10 kg, d’un moteur de 6 à 8 chevaux (HP) et d’une dynamo pouvant fournir une intensité lumineuse de 2500 becs Carcels. Cette dernière alimente un projecteur à longue portée de calibre 60, 75 ou 90 cm de diamètre pouvant éclairer jusqu’à une distance de 5000 mètres. Ce projecteur est transporté sur un deuxième chariot lors du déplacement de l’ensemble.

Appareil secondaire ambulant MM Sautter Lemonnier modèle 1884 à
600 becs Carcels

Les appareils secondaires sont de plus petite taille. Ils se composent souvent d’un appareil ambulant de marque Sautter Lemonnier qui possède tout le matériel nécessaire à l‘observation sur un chariot à quatre roues. Cet appareil se compose d’une chaudière Field timbrée à 6 kg et d’une machine dynamo-électrique système Gramme pouvant fournir une intensité lumineuse de 600 becs carcels. Cette dernière est commandée directement par un moteur Brotherhood à 3 cylindres de 3,5 chevaux qui tourne aussi vite que la dynamo à une vitesse de 900 tours par minute. Devant cet ensemble se trouve un projecteur, posé sur un chariot pour le transport, que l’on déplace à bras d’hommes à 50 ou 100 mètres de la locomobile. Ce projecteur de calibre 40 cm de diamètre à miroir Mangin permet d’éclairer en fonction des lentilles jusqu’à une distance de 3000 mètres. Le poids de l’ensemble est de 2 tonnes. Il peut être déplacé avec deux chevaux.

Ces appareils photo-électriques sont relativement compliqués à utiliser,  car ils nécessitent d’être dans les mains de personnels qualifiés et formés à leur emploi. Jusqu’en 1900, ils étaient souvent gérés par les services du Génie, mais après cette date, ils passeront dans les mains du service de l’Artillerie qui possède un plus grand nombre de personnel qualifié disponible.

Les générateurs mobiles sont relativement encombrants, lorsqu’ils sont affectés dans un ouvrage, ils peuvent être placés à l’intérieur du fort à l’abri des bombardements, dans une casemate aménagée en usine électrique. Depuis cette usine, les câbles sont attachés dans des galeries ou passent dans des canalisations souterraines vers plusieurs prises qui servent à placer le projecteur en fonction des besoins. Ce type d’aménagement sera réalisé dès 1885 aux forts de Pont-Saint-Vincent et de Manonviller dans la trouée de Charmes.

En 1902, lors de la réorganisation du fort de Pont-Saint-Vincent, la salle des machines fut déplacée dans une casemate à l’épreuve, près de la caponnière simple du saillant 3. Depuis cette casemate partent des câbles électriques qui alimentent 8 prises dont la plus éloignée est à 1250 mètres du générateur.

La dynamo de la machine produit 25 ampères à 60 volts à une vitesse de 1150 tours à la minute. Elle fournit 35 volts à la prise la plus éloignée, après une perte de charge de 25 volts.

Sur les différentes prises, on connecte un projecteur à main d’un calibre 40 cm de diamètre pouvant être placé pour l’éclairage des abords du fort, mais aussi pour l’éclairage des fossés.

Chacune des prises est munie d’un système de sonnerie. Elles peuvent être connectées à un téléphone qui permet de communiquer avec le chauffeur depuis le tableau de distribution du générateur, afin de lui indiquer quel circuit il doit alimenter en fonction de l’emplacement du projecteur.

Le fort de Manonviller, près de Lunéville, sera aussi équipé d’une installation similaire, destinée uniquement à l’éclairage des abords du fort et à l’observation de la voie ferrée Paris-Avrincourt. La génératrice de ce fort sera aussi utilisée, après 1905, pour le fonctionnement de certains ventilateurs et pour l’éclairage des tourelles.

Après 1900, les postes photo-électriques non affectés à un ouvrage seront souvent remplacés par des appareils ambulants équipés de moteurs à pétrole plus rapides et plus maniables à utiliser. Dans certains ouvrages, ces postes mobiles seront remplacés par des installations fixes, plus modernes et mieux adaptés aux bombardements.

Inventaire du matériel mobile photo-électrique dans les places de défense terrestre en 1900

ouvrages dotés d’appareils photo électriquesType d’appareil, nature et calibre des projecteursNature du moteur et de la dynamoRôle des projecteursObservations
Paris Fort du Mont Valérien 3 machines mobiles comprenant chacune 1 projecteur Mangin de 75 ou de 60 cm de Ø. Force 2500 becs Constructeur Sautter-Lemonnier et Cie ParisMachines à vapeur chaudière Dion Bouton – Trepardoux Turbine Laval Dynamo Compound système Manchester de la maison BréquetInstruction sur les équipages photo-électriques de l’artillerie à piedAppareils en très bon état de fonctionnement
Citadelle de Montmédy1 machine mobile comprenant 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø.Appareil secondaire Sautter-Lemonnier Force 600 becsEclairage des glacis et des abordsEn très bon état de fonctionnement. Mise en service février 1885
Longwy Corps de place 1 machine mobile comprenant 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø. Force 600 becsAppareil secondaire Sautter-LemonnierEclairage des glacis et des abordsMise en service 1887. Le moteur a besoin d’être réparé.
Verdun Aucun ouvrage de la place n’est spécialement doté d’appareil photo-électrique2 grands appareils mobiles munis chacun de 2 projecteurs Mangin l’un de 60 et l’autre de 80 cm de Ø à 2500 becs. Constructeur Sautter-Lemonnier et Cie ParisMachines à vapeur Moteur Brotherhood Force 7 HP Chaudières Dion Bouton – Trepardoux de 10 kg et Sautter-Lemonnier de 6kg Dynamos GrammeAucun rôle n’est affecté à ces appareilsMise en service de 1881 à 1884. Chaudières et moteurs en bon état conservés dans les locaux du service de l’artillerie. Les projecteurs n°268 et 262 ont le miroir cassé.
2 appareils mobiles comprenant chacun 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø.Appareils secondaires Sautter-Lemonnier Force 600 becs
Toul Fort Saint-Michel1 appareil mobile Projecteur Bréguet à miroir parabolique de 90cm de Ø intensité 100 ampères à 48 volts. Atelier de construction de Puteaux modèle 1897.Machine à vapeur Dynamo Gramme à inducteur Manchester Turbine de Laval Atelier de construction de PuteauxEclairage du secteur Nord-EstMise en service en 1900
Neuf fonctionne très bien
Toul Fort de LuceyIdentique au fort Saint MichelIdentique au fort Saint MichelEclairage du secteur Nord-EstMise en service en 1900.
Doit arriver en fin d’année.
Toul Fort d’EcrouvesMachine mobile comprenant 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø. Force 600 becsAppareil secondaire Sautter-LemonnierEclairage des glacis du fortMise en service en 1884.
La Machine du fort d’Ecrouves est en réparation chez Sautter-Harlé.
Toul Fort de Villey-le-SecMachine mobile comprenant 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø. Force 600 becsAppareil secondaire Sautter-LemonnierEclairage des glacis du fortLa machine de Villey le Sec possède un mauvais rendement et doit être réparée.
Langres Aucun ouvrage de la place n’est spécialement doté d’appareil photo-électriqueUn appareil mobile grand modèle automobile muni de 2 projecteurs Mangin de 80 cm et de 60 cm de Ø à 2500 becs.Machine à vapeur système Compound Chaudière Sautter-Lemonnier Dynamo GrammeDéfense de la placeMise en service en février 1881. Les appareils n’ont pas été mis en marche depuis 2 ans.
Un appareil mobile secondaire muni d’un projecteur Mangin de 40 cm de Ø à 600 becs.Appareil secondaire Sautter-LemonnierDéfense de la placeMise en service en 1885.
Les appareils n’ont pas été mis en marche depuis 2 ans.
Trouée de Charmes Fort de Pont-Saint-VincentUn appareil mobile muni d’un projecteur Mangin de 40 cm de Ø à 600 becs.Une machine à vapeur Sautter Lemonnier de 6 HP, avec pilon et ventilateur et une dynamo Gramme.Eclairage des abords de l’ouvrage et des fossés à l’aide d’un miroir réflecteurMise en service en 1885.
La dynamo doit être nettoyée, les câbles et le tableau de distribution doivent être réparés.
Trouée de Charmes Fort de ManonvillerUn appareil mobile muni d’un projecteur  Mangin de 40 cm de Ø à un bec.Une machine à vapeur ayant une chaudière Hermann la Chapelle de 6 kg et un moteur Sauter Lemonnier de 12 HPEclairage des abords de l’ouvrage et de la voie ferrée Paris-Avrincourt.Mise en service en 1886.
Les appareils sont en mauvais état et doivent être réparés. Le fort a besoin d’un deuxième projecteur.
Epinal 2 ème et 3 ème secteur de la place2 grands appareils mobiles munis chacun de 2 projecteurs Mangin l’un de 60 et l’autre de 75 cm de Ø à 2500 becs. Constructeur Sautter-Lemonnier et Cie ParisMachines à vapeur Moteur Brotherhood Chaudières Field et Trepardoux Dynamos GrammeEclairage des glacisMise en service en 1884 et 1889. Les appareils sont en bon état. Le deuxième possède une cheminée trop courte.
Epinal 1er et 6ème secteur de la place2 appareils mobiles munis d’un projecteur Mangin de 40 cm de Ø à 600 becs.Appareils secondaires Sautter-Lemonnier équipés chacun d’un moteur à turbine de LavalMise en service en 1889.
En bon état de fonctionnement mais la puissance des machines semble trop faible pour le moteur.
Belfort Aucun ouvrage de la place n’est spécialement doté d’appareil photo-électriqueMachine demie fixe n°1 comprend 2 projecteurs Mangin l’un de 75 et l’autre de 80 cm de Ø. Constructeur Sautter-Lemonnier et Cie ParisMachine à vapeur Brotherhood Chaudière Field Dynamo Gramme Force 4000 becs  Aucun rôle n’est affecté à ces appareilsAppareils conservés dans le magasin de l’artillerie du corps de place. En mauvais état de fonctionnement, à remplacer.
Machine demie fixe n°2 comprend 2 projecteurs Mangin de 80 cm de Ø. Constructeur Sautter-LemonnierMachine à vapeur Brotherhood Chaudière Field Dynamo Gramme Force 2500 becs
Machines mobiles n°3 et n°4 comprennent chacune 1 projecteur Mangin de 40 cm de Ø.Appareils secondaires Sautter-Lemonnier Force 600 becs
Besançon Aucun ouvrage de la place n’est spécialement doté d’appareil photo-électriqueUn appareil demi fixe comprend 3 projecteurs Mangin l’un de 75 et 2 autres de 60 cm de Ø à 2500 becs. Constructeur Sautter-Lemonnier et Cie ParisMachines à vapeur Moteur Brotherhood Chaudières Field et Trepardoux Dynamos GrammeEclairage des abords des ouvragesAppareils en très bon état de fonctionnement
Un appareil mobile muni d’un projecteur Mangin de 40 cm de Ø à 600 becs.Appareil secondaire Sautter-Lemonnier

Certaines places fortes comme Lyon, Maubeuge, Dijon, Nice, Briançon et Albertville ne possèdent plus d’appareil photo-électrique en 1900, mais elles en ont été équipées auparavant.
 

1887 Les chantiers de renforcement

En 1886, la crise de l’obus torpille rendra indispensable l’utilisation de l’électricité pour éclairer la nuit les différents chantiers de bétonnage, car il fallait couler le béton en une seule fois pour éviter de former différentes couches qui pourraient se séparer lors du bombardement. Cette énergie était produite grâce à une locomobile sur roues couplée avec une dynamo pour alimenter plusieurs lampes à arc système Gramme capables d’éclairer sur un rayon de 50 mètres.

1888 Les premiers forts électrifiés

À la fin des chantiers de renforcement des ouvrages, la locomobile de chantier appartenant à l’entrepreneur était retirée, sauf en 1888, au fort du Bourdiau à Maubeuge, où elle est conservée à l’intérieur du fort dans une salle aménagée en usine électrique qui assurait l’éclairage des locaux souterrains.

Machine à vapeur demie fixe compound de MM. Chaligny et Guyot-Sionnet.

En 1889, le fort d’Arches, près d’Épinal, est équipé d’une machine à vapeur demie fixe fournie par MM Chaligny et Cie, Ingénieurs mécaniciens à Paris. Elle se compose d’une chaudière tubulaire timbrée à 7 kg ayant une surface de chauffe de 16,10 m² pouvant vaporiser 400 kg d’eau à l’heure. La chaudière est montée sur un support et un cendrier en fonte, surmontée d’un dôme de vapeur avec une cheminée de 3,5 m de hauteur. Elle est munie d’un injecteur de secours et d’une pompe Worthington. Cette chaudière actionne un moteur Pilon compound de 15 chevaux et une dynamo Gramme Lemonnier type Dupleix à 4 pôles, donnant une rotation de 350 tours à la minute, 150 ampères à 75 volts ou 100 ampères à 90 volts. La consommation de cette machine est de 10 à 12 m³ d’eau et de 400 kg de houille maigre par jour. Elle n’est donc utilisée qu’en temps de guerre et une vingtaine d’heures par mois en temps de paix.

Cette machine est placée dans une usine électrique aménagée dans les locaux à l’entrée du fort. Elle est utilisée dans un premier temps pour l’éclairage du chantier de renforcement de l’ouvrage puis pour le fonctionnement des monte-charges du magasin sous-roc et l’éclairage de certains locaux souterrains.

En 1902, l’usine électrique approvisionne :

  • 1 monte-charge Sautter-Harlé de 1750 watts sous 70 volts pour le transport des munitions entre le fort et le magasin sous roc.
  • 1 monte-charge Edoux de 1400 watts sous 70 volts pour le transport des munitions entre le fort et le magasin sous roc.
  • 2 ventilateurs aspirants système Genests-Herscher de 0.3 m³ de 195 watts chacun sous 65 volts pour les latrines et la cuisine de la caserne bétonnée de gorge.
  • 2 ventilateurs soufflants système Genests-Herscher de 0.4 m³ de 520 watts chacun sous 65 volts pour les chambrées de la caserne bétonnée de gorge.
  • 47 lampes à incandescence de 20 bougies (9 dans l’usine électrique, 2 dans la galerie transverse, 7 dans la descente au coffre du saillant 2, 8 dans la descente au coffre du saillant 4, 1 dans le carré des officiers, 1 dans le dortoir des officiers, 2 dans l’abri de rempart et le poste otique, 1 dans la communication entre le corps de garde et la caserne bétonnée et 16 dans la caserne bétonnée).

En 1907, cette machine est juste assez puissante pour alimenter en énergie une tourelle à éclipse pour projecteur à arc de 90 cm de diamètre destiné à l’observation de nuit. Lorsque le projecteur est utilisé, seuls les ventilateurs de la caserne bétonnée sont alimentés en électricité. Cette machine sera retirée en 1913 lors de l’électrification complète du fort.

Vers 1891-1893, le fort Saint-Michel reçoit une machine à vapeur d’un modèle inconnu placée dans un abri sous-roc à côté du magasin central en contrebas dans la montée du fort. Elle permettait d’alimenter en électricité en temps de guerre le projecteur de l’observatoire à lunette et 174 lampes à 10 bougies réparties dans le réduit, le magasin central, le magasin de secteur, la tourelle et l’observatoire. Ce dernier destiné à l’observation de nuit est le premier projecteur cuirassé français. Il se composait d’une tourelle à éclipse système Buissière possédant un projecteur électrique fixe qui renvoyait la lumière dans la tourelle vers l’extérieur grâce à des lentilles réflecteur. Ce projecteur cuirassé ne donnera pas de résultat concluant et ne sera pas produit à d’autres exemplaires, car l’embrasure du cuirassement laissant passer la lumière était trop petite. Après cette expérience, on mettra au point des phares cuirassés appelés aussi tourelles de projecteur qui seront plus performantes, car elles sont équipées d’un projecteur mobile de 90 cm de diamètre que l’on pouvait sortir pour éclairer une position ou rentrer dans une tourelle pour le mettre à l’abri des bombardements.

En 1905, la machine à vapeur du Saint-Michel est remplacée par une usine électrique placée dans le fort et équipée de moteurs à pétrole. L’ancienne machine à vapeur est démontée lors de la modification de cette usine sous-roc en entrepôt frigorifique de siège pour le stockage de la viande de la place de Toul.

Ces fortifications seront les premières fortifications terrestres françaises à bénéficier de l’électricité en apportant un confort dans ces ouvrages et en améliorant la défense des abords. L’électrification permet d’économiser de la main-d’œuvre pour le fonctionnement des pompes, des treuils et des ventilateurs. Elle améliore aussi la qualité de l’air des locaux souterrains qui pouvaient être viciés par l’éclairage à pétrole. En 1890, le moyen le plus fiable de produire du courant est la machine à vapeur. L’inconvénient de cette solution est la forte consommation d’eau, précieuse pour la garnison, et la production d’une fumée noire visible par l’ennemi qui pourrait localiser l’emplacement de l’usine électrique. C’est pourquoi ce type d’installation ne sera pas généralisé dans d’autres ouvrages terrestres.

Les postes photo-électriques fixes

À la fin du 19ème siècle, la mise au point de moteurs à pétrole plus fiables participe au développement de l’énergie électrique. Elle sera installée en premier dans un grand nombre d’ouvrages du littoral pour la défense des côtes, afin de surveiller les points ou les passages stratégiques et de diriger le tir des batteries côtières grâce à des postes photo-électriques fixes .

En 1902, un inventaire décrit que ces postes se composent d’une usine électrique placée dans un bâtiment le plus souvent à l’épreuve, masqué à la vue de l’ennemi. L’usine alimente un ou plusieurs projecteurs à longue portée, éloignés d’une distance de 400m et placés sur des positions aménagées ou dans des casemates de projecteur.

La salle des machines est de préférence équipée de moteurs à vapeur si la consommation en eau douce ne présente pas de difficulté ou de moteurs à pétrole si la consommation en eau doit être limitée. Elle est toujours pourvue d’un réservoir d’eau ou d’une canalisation destinée au fonctionnement de la machine à vapeur ou au refroidissement des moteurs à pétrole.

Les dynamos sont actionnées par les moteurs au moyen de courroies sauf pour le moteur à pétrole Sautter-Harlé qui actionne directement une dynamo qui lui fait corps. Cet appareil combiné prend le nom de dynamo-pétrole.

Les bornes des dynamos sont reliées à un tableau de distribution.

Si le projecteur est commandé à distance, ces tableaux sont reliés au poste de combat puis au poste de commande par des câbles permanents ou amovibles.

Dans le cas où le projecteur n’est pas pourvu d’une commande à distance, il est directement relié au poste de combat.

Dans les postes photo-électriques à pétrole, le magasin à pétrole alimente directement les réservoirs des moteurs, grâce à une pompe à main rotative.

Matériel des postes photo-électriques des ouvrages du littoral en 1902.

Désignation des appareilsNom des constructeursType des appareilsCaractéristiques divers
Moteurs à vapeurWeyher-Richemond Chaligny  Mi-fixe Mi-fixeHorizontal à échappement libre Horizontal Compound à condensation
Moteurs à pétroleLe Gnome Niel Sautter-Harlé Merlin Charon  Vertical Horizontal Vertical Horizontal HorizontalDeux cylindres accouplés avec dynamo
Dynamos  Sautter-Harlé Bréguet Société d’éclairage  Type AB ou B Type D ou E Type LB 
Projecteurs  Sautter-Harlé BréguetSphérique ParaboliqueDe 60 ; 90 ; 120; 150 cm de Ø De 60 et 90 cm de Ø
Lampes  Sautter-Harlé Bréguet  Mixte MixteHorizontale Horizontale

1897-1908 Les premières fortifications terrestres électrifiées avec des moteurs à pétrole

L’évolution des moteurs à pétrole et leur utilisation dans les postes photo-électriques des ouvrages côtiers permettent de faciliter les projets d’installation de l’énergie électrique dans les fortifications terrestres.

Dans ces ouvrages, le premier moteur à pétrole est installé au fort du Coudon à Toulon en 1897 afin d’alimenter en l’électricité la lampe de l’appareil de télégraphie optique, qui assure la communication avec le fort du Mont Chauve d’Aspremont à Nice à 120 km. Le moteur à pétrole actionnait une dynamo type Manchester.

Le poste photo-électrique du fort du Replaton à Modane entièrement vidé de nos jours.
VAUBOURG Cédric

En 1900, le fort du Replaton, près de Modane, est équipé d’un poste photo-électrique possédant une dynamo-pétrole fournissant l’énergie nécessaire pour un projecteur de calibre 90 à miroir Mangin. Il assurait l’éclairage des sorties du tunnel de Fréjus. Cette installation avait la particularité d’avoir le projecteur, le tableau de distribution et l’usine photo-électrique dans le même local.

L’emplacement d’un des moteurs Gnome dans l’usine électrique du fort Saint Michel à Toul. VAUBOURG Cédric

En 1905, l’usine électrique du Saint-Michel à Toul, équipée d’une machine à vapeur, est remplacée par une nouvelle usine construite dans la contrescarpe du réduit. Cette installation plus moderne se compose de deux moteurs Gnome de 16 HP, actionnant chacun une dynamo bipolaire excitée en dérivation, débitant 83 ampères à 120 volts. Cette dernière est blindée à cause de l’humidité des locaux souterrains. Les moteurs de l’usine sont construits par la maison Thevenin et Séguin à Paris. Ils ont été choisis en mai 1904 par les officiers des sections techniques de l’Artillerie et du Génie, comme ayant donné les meilleurs résultats dans les 16 postes photo-électriques côtiers où ils sont utilisés depuis 5 ans. L’usine électrique fournie grâce à un des groupes électrogènes, l’énergie nécessaire pour les besoins électriques du temps de guerre lorsque les 220 lampes à incandescence et le projecteur sont allumés. Le deuxième groupe sert de rechange.  

En 1905, le poste optique du fort de Pont-Saint-Vincent, près de Nancy, reçoit dans sa casemate un moteur à pétrole de 4 HP équipé d’une dynamo fournissant à une lampe électrique 55 volts sous 25 ampères. Cette lumière produite par la lampe à arc permettait de communiquer avec le fort de Manonviller à 42,5 km et le poste de la Mouche à Epinal à 56,5 km.

Cette installation électrique sera complétée en 1907 par une usine photo-électrique du temps de guerre équipée de trois moteurs Gnome de deux fois 22 et une fois 30 HP qui remplacent la locomobile. Le moteur de 30 HP légèrement plus puissant que les deux premiers assure la même fonction qu’un moteur de 22 HP et en même temps remplace le moteur à pétrole du poste otique. Un des moteurs de 22 HP sert de rechange.  L’usine permettait d’alimenter une tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90, deux projecteurs de calibre 90 sous casemates placés à l’extérieur du fort à 600 et 500 mètres du générateur, 1 projecteur ambulant de calibre 40 et 4 lampes à arc Bernard pour l’éclairage des fossés. Certaines parties du fort sont éclairées avec 60 lampes de 10 bougies, comme l’usine électrique, une petite partie des casernements de guerre, les tourelles, le fossé de gorge et la galerie près de la tourelle Mougin.

L’usine possède un magasin au pétrole qui assure au fort une autonomie de 15 jours de fonctionnement des générateurs.

1912 L’électrification et les équipements électriques des ouvrages terrestres

(D’après l’instruction de l’installation de l’énergie électrique dans les ouvrages de fortification du 13 mars 1912)

En mars 1912, l’énergie électrique n’a été utilisée jusqu’ici qu’exceptionnellement dans certaines fortifications listées ci-dessus.

Sauf l’instruction du 19 janvier 1901, concernant l’installation de l’éclairage des magasins à poudre souterrains et les notes de 1909 sur l’éclairage de certains fossés, aucun autre document n’est paru pour encadrer ce sujet.

Pourtant, l’électricité va devenir à partir de cette date, un élément indispensable dans les fortifications modernisées et cuirassées.

Afin de mieux combler cette lacune, l’instruction du 13 mars 1912 définit la manière dont seront équipés, après cette date, les différents ouvrages par les services locaux chargés de rédiger les projets d’installation électrique et d’en poursuivre leur installation.

Ces installations concernent :

L’éclairage des locaux, des galeries de communication, des organes de flanquement, des fossés et des tourelles cuirassées.

La manœuvre électrique des monte-charges, des appareils de ventilation, des pompes à eau et des tourelles.

Les projecteurs électriques de grande puissance, distinct des appareils d’éclairage des fossés.

Dans ces fortifications électrifiées, en dehors des grands projecteurs, ces installations électriques sont toujours doublées par d’autres moyens susceptibles de les remplacer dans le cas où l’énergie électrique viendrait à faire défaut : éclairage à pétrole pour les locaux et casemates, appareils de manœuvres à bras pour les ventilateurs, monte-charges, etc.

Dans le cas le plus général, c’est-à-dire lorsque l’ouvrage ne comprendra pas de projecteur, l’énergie sera produite à 110 volts environ et les appareils d’utilisation fonctionneront sous 105 volts, approximativement. Pour simplifier les approvisionnements et la mise en œuvre des lampes, leur puissance sera de 10 ou de 16 bougies. Ces dernières à filament métallique seront placées dans tous les locaux où elles ne seront pas soumises à des vibrations trop violentes ou à des chocs répétés. Les lampes de 10 bougies à filament de carbone seront employées dans les tourelles cuirassées ou dans les endroits où les lampes à filament métallique risqueraient d’être détruites rapidement.

L’énergie produite par l’usine électrique sera amenée sous 85 volts, lorsqu’il existera des projecteurs dans les ouvrages et quand il résulterait une perte en ligne exagérée avec les dynamos de 110 volts.

Eclairage

Les locaux et communications

Les chambres d’hommes de troupe sont pourvues de deux lampes fixes, placées en principe suivant l’axe longitudinal des casemates, à une distance des murs extrêmes égale au ¼ de la longueur des locaux et à 2,5 mètres au-dessus du sol.

Les chambres d’officiers et de sous-officiers possèdent deux lampes mobiles à suspension ou à applique, situées comme précédemment, si la disposition du local s’y prête ou au-dessus des tables de travail, si les casemates en sont munies.

Les abris de rempart possèdent une lampe fixe, au centre de la figure et au plafond.

La cuisine est équipée de deux lampes fixes à 2,5 mètres au-dessus du sol, de façon à éclairer le mieux possible les fourneaux et tables recevant les aliments ou les récipients qui les contiennent.

Les magasins ordinaires et locaux aux accessoires possèdent une lampe fixe par local, si celui-ci à moins de 6 mètres de long et deux si cette dimension est dépassée. Elle est placée au plafond, le plus généralement dans l’axe longitudinal des locaux.

Les magasins à poudre et à munitions sont éclairés avec des lampes de 16 lignes en se conformant aux prescriptions de l’instruction du 19 janvier 1901.

Les galeries de communications possèdent une lampe fixe à la voûte placée aux points de croisement des communications, au départ et à l’arrivée de chaque escalier, au débouché de chaque communication. Si les lampes ainsi déterminées sont espacées de plus de 15 mètres dans chaque couloir, une lampe intermédiaire est rajoutée.

Les cours des casernements sont équipées de plusieurs lampes de 16 bougies.

Organes de flanquement

Les casemates de Bourges sont éclairées par une lampe fixe par chambre de tir, indépendamment des lampes considérées comme servant à l’éclairage des communications. Les magasins à munitions sont équipés comme les magasins à munitions ordinaires.

Les caponnières ou coffres de contrescarpe possèdent une lampe fixe par chambre, indépendamment des lampes desservant les communications. Les magasins à munitions seront équipés comme les magasins à munitions ordinaires.

Les fossés : L’emploi de projecteurs électriques ne sera qu’exceptionnellement utilisé dans certains ouvrages à la place des projecteurs oxyacétyléniques. Mais les abords immédiats des caponnières ou des coffres, qui seront laissés dans l’ombre par les projecteurs à arc ou oxyacétyléniques, pourront être éclairés par quelques lampes fixes.

Tourelles cuirassées

  • Tourelle de 75R05 :  15 lampes.
  • Tourelle Galopin de 155L : 15 lampes.
  • Tourelle Galopin de 155R07 : 15 lampes.
  • Tourelle Mougin de 155L : 10 lampes.
  • Tourelle de 155C08 : 10 lampes.
  • Tourelle de mitrailleuses GF4 : 4 lampes.

La disposition de ces lampes et celle des conducteurs est indiquée dans une instruction spéciale du service des cuirassements qui étudia chaque cas avec les services locaux.

Les équipements de manœuvre électrique

Monte-charges

Monte-charges du Service de l’artillerie ordinaire.

  • Monte-charges de 600kg. La puissance de l’électromoteur est de 1200 watts.
  • Monte-charges de 450kg. La puissance de l’électromoteur est de 900 watts.

Monte-charges dans les tourelles cuirassées.

  • Tourelle de 75R05 : 2 monte-charges de 200 watts.
  • Tourelle Galopin de 155L : Les monte-charges inférieurs et supérieurs seront chacun de 300 watts.
  • Tourelle Galopin de 155R07 : Le monte-charge inférieur sera de 300 watts, les deux monte-charges supérieurs seront de la même puissance.
  • Tourelle Mougin de 155L : Un monte-charge de 450 watts.

Ces monte-charges n’ont pas eu le temps d’être installés avant la Grande Guerre.

Appareils de ventilation

Ventilation des tourelles.

  • Tourelle de 75R05. Un électro moteur de 300 watts.
  • Tourelle Galopin de 155R07. Un électro moteur de 300 watts.
  • Tourelle Galopin de 155L. Un électro moteur de 300 watts.
  • Tourelle Mougin de 155L. Un électro moteur de 300 watts.
  • Tourelle 155C08. Un électro moteur de 300 watts.
  • Tourelle de mitrailleuses GF4. Un électro moteur de 200 watts.

À la veille de la Grande Guerre, seules certaines fortifications électrifiées auront eu le temps d’être équipées de ventilateurs électriques pour leurs tourelles.

Ventilation des locaux

  • Locaux ordinaires ou chambre de troupe. La puissance nécessaire pour la ventilation de ces chambres est de 5 watts par occupant. L’énergie nécessaire s’obtient en multipliant par ce chiffre celui de la garnison complète. Le nombre de ventilateurs soufflants équipés d’un moteur de 300 watts s’induit en divisant le résultat obtenu par 600.
  • Les cuisines et latrines sont équipées chacune d’un ventilateur aspirant possédant un électro moteur de 500 watts.

Ventilation des organes de flanquement.

  • Certaines casemates de Bourges sont équipées d’un ventilateur possédant un électro moteur de 600 watts
  • Quelques coffres de contrescarpe sont équipés d’électromoteurs de 300 watts pour le fonctionnement des ventilateurs.

Tourelles

Contre-poids moteurs

  • Tourelle Galopin de 155R07. Le moteur de relevage du contre-poids est de 4000 watts.
  • Tourelle Galopin de 155L. Le moteur de relevage du contre-poids est de 7000 watts.
  • Tourelle Mougin de 155L. L’électro moteur pour assurer la rotation de la tourelle est de 2500 watts.

À la veille de la Grande Guerre, aucune des tourelles n’est électrifiée.

Projecteurs électriques

Projecteurs sous casemate

Le projecteur de calibre 90 Sautter-Harlé en 1940 dans la casemate pour projecteur du fort de Frouard près de Nancy. Lionel PRACHT

Les projecteurs de calibre 90 sous casemate, manœuvrables à distance, consomment en moyenne 100 ampères pour la lampe automatique et 10 ampères pour les mouvements en hauteur ou de rotation, soit 12000 watts environ avec des dynamos de 110 Volts et 9350 watts avec celles de 85 volts.

Projecteurs sur roues

Les projecteurs de calibre 75 qui ne sont pas manœuvrables à distance consomment en moyenne 75 ampères, soit une puissance de 8250 watts sous 110 volts et 6375 watts sous 85 volts.  

Projecteurs à éclipse ou phares cuirassés

La tourelle de projecteur du fort de Frouard Trouée de Charmes était équipée d’un projecteur de calibre 90. VAUBOURG Julie

Les conducteurs

La puissance nécessaire pour le fonctionnement des projecteurs de 90, placés dans les tourelles cuirassées qui leurs sont exclusivement affectées, comprend 100 ampères pour la lampe automatique et 30 ampères environ pour les mouvements d’éclipse, de rotation et en hauteur, d’où 1430 watts avec des dynamos de 110 volts et 1150 avec celles de 85 volts. Tous ces mouvements qui peuvent se faire à la main, sont susceptibles d’être produits d’un poste de commande servant en même temps de poste d’observation.

Calcul et nature des conducteurs

Des poulies en porcelaine servant à maintenir les conducteurs au fort de Frouard Trouée de Charmes. VAUBOURG Julie
  • Les circuits des lampes à incandescence sont distincts des autres et la section des conducteurs est calculée de façon qu’au maximum la perte de charge entre la dynamo et la lampe la plus éloignée soit de 5 volts, et qu’elle soit inférieure à 3 volts entre les lampes extrêmes d’un même circuit.
  • Pour les appareils de manœuvre électrique, la perte de charge peut atteindre 10 volts.
  • Pour les lampes à arc des fossés, elle sera de 5 volts avec des dynamos de 85 volts et de 10 à 20 volts avec des dynamos de 110 Volts.
  • Enfin, pour les projecteurs, elle pourra atteindre 20 ou 35 volts suivant qu’ils seront alimentés par une dynamo de 85 ou de 110 volts.

Toutefois, ces installations tiennent compte de l’échauffement des conducteurs, de telle sorte que la densité de courant par millimètre carré ne dépasse pas :

  • 3 ampères pour les conducteurs de 1 à 5mm².
  • 2 ampères pour les conducteurs de 5 à 50mm².
  • 1 ampère pour les conducteurs au-dessus de 50mm².

Tous ces conducteurs sont isolés à 600 mégaohms, puis recouverts d’une enveloppe de plomb dans les locaux trop humides ou en contact avec des parties métalliques. Ces conducteurs sont armés et enterrés s’ils sont exposés aux éclats de projectiles. Les conducteurs aériens sont posés sur des poulies ou des taquets en porcelaine scellés dans les parties des voûtes les moins exposées au détachement de ménisques par la suite du bombardement.

L’usine électrique

Puissance de l’usine.

Vestige d’un groupe électrogène à pétrole de marque Aster dans le corps de garde du fort de Longchamp à Epinal. VAUBOURG Julie

La puissance de l’usine s’évalue en tenant compte des indications précédentes et en admettant une consommation de :

  • 1,2 watts par bougie avec des lampes à filament métallique (soit 19.2 watts pour une lampe de 16 bougies).
  • 3.5 watts par bougie avec des lampes à filament de carbone (soit 35 watts pour une lampe de 10 bougies).
  • 550 watts par lampe pour l’éclairage des fossés avec une dynamo de 110 volts, 425 avec une dynamo de 85 volts.

L’énergie trouvée constitue certainement un maximum puisque tous les appareils ne fonctionnent presque jamais simultanément. Les ventilateurs en particulier ont un fonctionnement plus ou moins intermittent et les projecteurs ne seront mis en action que 12 heures sur les 24 en moyenne. 

Ces projecteurs sollicitent le plus souvent d’avoir un groupe électrogène spécial, sauf si l’énergie qui leur est nécessaire ne soit qu’une partie relativement petite de l’ensemble.

En fonction de la puissance électrique nécessaire pour un ouvrage, on calcule le nombre et la puissance des groupes électrogènes à employer, sachant que chacune des usines est équipée d’un groupe électrogène de rechange destiné à remplacer un des moteurs.

L’emplacement de l’usine

L’aéro-refroidisseur de 120000 frigories qui permettait de refroidir l’eau des moteurs du fort de Frouard Trouée de Charmes. VAUBOURG Julie

Pour avoir sensiblement les mêmes pertes de charge sur les différents circuits, l’usine est souvent placée dans l’axe de symétrie de l’ouvrage. Toutefois cette disposition n’est pas obligatoire et d’autres considérations importantes interviennent :

  • L’usine est placée dans un abri sûr, de préférence à l’épreuve.
  • La salle des machines est correctement ventilée.
  • La réfrigération des moteurs est assurée par une citerne proche de grandes dimensions et complétée par un aéro-refroidisseur.
  • Les moteurs doivent être approvisionnés facilement grâce à un magasin à pétrole placé à proximité. Ce magasin permet d’entreposer des barils de pétrole ou se compose d’une citerne pour son stockage. La capacité du magasin est calculée pour assurer le fonctionnement des moteurs pendant 90 jours.
  • Un calcul judicieux des conducteurs dans certains ouvrages permet de placer l’usine à une certaine distance de l’axe de symétrie.

L’éclairage électrique du temps de paix

En temps de paix, la garnison qui occupe les fortifications loge généralement dans les anciens locaux en maçonnerie ou dans des baraquements extérieurs. Ces parties seulement sont prévues d’être éclairées la nuit, avec des lampes de 16 bougies à filament métallique afin de remplacer l’éclairage à pétrole. Mais, pour assurer cet éclairage, on ne peut pas utiliser en permanence les groupes électrogènes de l’usine, car le coût de production d’électricité serait excessif et les moteurs fonctionneraient sous un mauvais rendement. D’ailleurs, ces derniers doivent être gardés en bon état de fonctionnement et d’approvisionnement en cas de conflit.

Composition et utilisation de l’usine

L’usine électrique du fort d’Uxegney restaurée avec des moteurs Supdi de casemate Maginot. A l’origine, cette usine possédait 3 groupes électrogènes de marque Aster de 12 kW. VAUBOURG Julie

Les usines électriques aménagées à partir de 1912, possèdent un atelier pour électromécaniciens, des palans accrochés au plafond ou un pont roulant destiné à la maintenance des moteurs. Chaque groupe électrogène possède un moteur entrainant une dynamo et un réservoir à pétrole ayant une capacité d’une consommation journalière. Ce dernier est rempli quotidiennement grâce à une pompe à main rotative qui collecte le pétrole dans une citerne ou un magasin proche de l’usine.

Lorsque l’usine possède deux groupes électrogènes, le premier groupe fournit l’énergie nécessaire à l’ouvrage, tandis que le deuxième est utilisé comme rechange. Cette configuration sera réalisée dans les fortifications électrifiées de Belfort. Elle avait l’inconvénient pour le moteur utilisé, d’avoir un mauvais rendement une partie de la journée lorsque toutes les parties de l’ouvrage ne sont pas électrifiées.

Afin d’éviter à des groupes de forte puissance de tourner à charge réduite à certaines périodes de la journée, les usines électriques sont souvent équipées de 3 groupes électrogènes d’une puissance moins importante. 

Dans ce cas, le premier groupe est utilisé pour assurer le fonctionnement de l’éclairage des locaux, de la ventilation et des petites manœuvres journalières (pompe, monte-charges, etc).

Le deuxième est mis en marche pour les heures de tir des tourelles, le fonctionnement des projecteurs et l’éclairage de nuit.

Le troisième sert de rechange pour remplacer un des deux groupes qui viendrait à tomber en panne.

Enfin, on trouvait une dernière configuration, plus économique à réaliser dans les fortifications de la place de Toul (Forts de Lucey, de Villey-le-Sec et de Blénod) avec des usines équipées de 3 groupes électrogènes d’égale puissance qui devaient à eux trois assurer tous les besoins électriques simultanément et au maximum de la demande. Dans ce cas, deux des groupes fonctionnent constamment dans les meilleurs rendements, le 3ème n’est mis en marche qu’à la demande, en cas d’insuffisance des deux premiers. En cas d’avarie à l’un des groupes en service, le dernier groupe est utilisé comme rechange et certains appareils sont désactivés depuis le tableau de distribution pour assurer le bon fonctionnement de l’ouvrage.

L’électricité produite par les groupes est renvoyée vers un tableau de distribution équipé de voltmètres pour surveiller la tension, d’ampèremètres pour l’intensité et de feeders pour distribuer l’énergie sur les différents secteurs de l’ouvrage, en séparant les différentes alimentations, pour l’éclairage, la ventilation, la force motrice et le fonctionnement des projecteurs. 

Ces groupes électrogènes sont utilisés par le service de l’artillerie uniquement en temps de guerre et quelques heures par mois, en temps de paix pour leur entretien. Ils assurent l’éclairage des parties du temps de guerre et celles du temps de paix.

  • En bleu le circuit d’éclairage du Feeder Est
  • En orange le circuit d’éclairage du Feeder Sud 
  • En rouge le circuit d’éclairage du Feeder Ouest
  • En noir le circuit du Feeder de la force motrice

L’éclairage du temps de paix prévu au fort d’Arches

Désignation des locauxNb de lampesHeures d’allumage en hiver des parties du temps de paixTotal des heures
Couloirs, latrines12Toute la nuit de 16h30 à 7h3015
Poste de police, télégraphie4Toute la nuit de 16h30 à 7h3015
Infirmerie2de 16h30 à 22 h et de 6h30 à 7h30 (+2 heures / nuit)8h30
Cuisines4de 3h30 à 7h30 et de 16h30 à 19h6h30
Boulangerie3de 3h30 à 7h304
Usine électrique52 heures / nuit2
Bureau (Gardien Batterie)2de 16h30 à 18h302
Bureaux (compagnie)2de 19h à 23 h4
Sous-officiers26h30 à 7h30 et de 16h30 à 21h306
Chambres de troupe86h à 7h30 et de 16h30 à 22h7
Réfectoire3de 17h à 21h304h30
Magasins12de 6h30 à 7h30 et de 16h30 à17h302
Le nombre d’heures d’allumage des lampes diminue à la saison estivale

Pour pallier ce problème, une première solution prévoit d’assurer l’éclairage du temps de paix, grâce à une batterie accumulatrice composée de plusieurs éléments de marque Tudor. Elle est rechargée avec un des groupes électrogènes du temps de guerre grâce à un survolteur qui augmente la tension de charge. Mais, cette solution possède un grand nombre d’inconvénients ; fragilité, difficulté d’utilisation, encombrement et prix pour ces batteries à faible rendement qui nécessitent un entretien difficile à réaliser par des hommes de troupe.

Cette solution coûteuse ne sera pas retenue pour les forts des places fortes en retrait de la frontière, car elle nécessite d’avoir en permanence la présence d’électromécaniciens pour recharger la batterie. Elle sera choisie en 1912, pour équiper le fort de Manonviller, car cette présence est nécessaire pour ce fort d’alerte, qui doit mettre son usine en état de fonctionnement immédiatement après l’ordre de mobilisation.

Ce fort a certainement été pourvu d’une batterie de 55 éléments d’une capacité de 520 ampères heure sous 100 volts rechargée 2h30 par jour, avec un des groupes électrogènes de l’usine. La batterie une fois chargée, alimentait l’énergie nécessaire à l’éclairage de certains locaux du fort et des baraquements extérieurs pendant plus de 24 heures. Elle permettait aussi, aux électromécaniciens de ce fort, de faire fonctionner ces moteurs 60 heures par mois pour leur entretien, qui était prévu par le service de l’artillerie.

La deuxième solution, moins coûteuse que la première, prévoyait d’utiliser un petit groupe électrogène de 1 à 2 kilowatts pour assurer l’éclairage du temps de paix. Mais, cette solution présente un inconvénient, car certaines lampes nécessitent d’être allumées toute la nuit, ce qui oblige le groupe électrogène à fonctionner pendant toute cette période, contraignant d’avoir en permanence la présence de deux mécaniciens dans l’ouvrage. De plus, ce petit groupe électrogène devrait fonctionner une grande partie de la nuit à charge réduite, d’où un mauvais rendement.

Enfin, la dernière solution est de relier les ouvrages aux compagnies locales civiles d’électricité, dont les réseaux se développent fortement à cette période dans les villes du Nord-Est. Cette solution est retenue en 1913, pour connecter la majorité des ouvrages des places fortes, mais elle reste plus coûteuse que la première solution pour des forts isolés comme Manonviller. Cette alternative permet d’éclairer les parties du temps de paix, comme une simple caserne, sans personnel qualifié. La tension de 5500 volts alternatifs fournie par la compagnie est abaissée à 110-90 volts continus grâce à un transformateur placé sur un poteau à l’entrée du fort.

À la mobilisation, lors de la mise en défense de l’ouvrage, ces réseaux sont déconnectés une fois que l’équipe de mécaniciens est constituée pour le fonctionnement de l’usine électrique. L’éclairage de la fortification passe alors en fonctionnement du temps de guerre.

Certains ouvrages équipés d’installation électrique ne possèderont pas d’éclairage du temps de paix. C’est le cas du fort de Vacherauville à Verdun, du Vieux-Canton à Toul et de l’ouvrage de Meroux à Belfort.

1912 – 1918 Les ouvrages électrifiés avant et pendant la Grande Guerre

Pendant plus de deux ans, jusqu’à la Grande Guerre, d’importants travaux seront réalisés dans certaines fortifications modernisées et cuirassées des quatre places du Nord-Est. Les premières fortifications qui recevront ces équipements seront les forts de Manonviller et de Frouard avant de s’étendre sur 14 ouvrages des 4 places de l’Est.

Mais à la déclaration de guerre, en août 1914, aucune des installations ne sera terminée complètement même si certaines étaient presque terminées. La mobilisation et le début du conflit ralentira fortement les travaux en cours qui se poursuivront jusqu’au déclassement des places fortes en août 1915. La très grande majorité des ouvrages ne recevra pas  tous les éléments électriques initialement prévus.

Les différents projets de remise en valeur prévus après 1912, prévoyaient de généraliser l’installation de l’énergie électrique à une très grande partie des ouvrages modernisés des places de première catégorie.

Après 1916, suite à la bataille de Verdun, les forts équipés de galeries de 17 sont électrifiés grâce à de petits groupes électrogènes, pour assurer l’éclairage et la ventilation de ces galeries, ainsi que l’éclairage de certains locaux du fort. Certains forts modernisés ou non sont reliés à cette période aux réseaux électriques civils, pour assurer l’éclairage de parties utilisées comme casernement.

Aujourd’hui, il reste peu de traces de ces installations électriques dans la majorité des ouvrages, car elles ont disparues pendant le second conflit mondial sous l’organisation Todt, puis par l’armée française après-guerre. Seuls quelques ouvrages côtiers de Cherbourg ou en Corse ont conservés d’importants vestiges comme leur moteur à pétrole

1914 – 1915 Inventaire des fortifications terrestres équipées d’installations électriques

Nom de l’ouvrageEquipements installésEquipements non installésEclairage électrique du temps de paix
Fort du Bois d’Oye Belfort2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot Tony Humbert de  25 HP chacun entrainant une dynamo fournissant 15 kW sous 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 149  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 76 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
1 pétrisseuse mécanique équipée d’un électromoteur pour la boulangerie du temps de guerre.
Ventilation des tourelles et de la casemate de Bourges.  

Moteur de contrepoids moteur de la tourelle de 155L.
2 monte-charges à la tourelle de 155L.
2 monte-charges à la tourelle de 75.  

Les  casernements de gorge et de troupe en maçonnerie,  avec environ 75 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie locale d’électricité.
Le magasin à poudre modèle 1874 n’est pas éclairé.
Fort de Vézélois Belfort
2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot Tony Humbert de  21 HP chacun entrainant une dynamo fournissant 10 kW sous 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 126  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 42 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
2 monte-charges à la tourelle de 75.
Ventilation des tourelles et de la casemate de Bourges.

Les  casernements de gorge et de troupe en maçonnerie,  avec environ 88 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie locale d’électricité.
En temps de paix l’électricité assure aussi le fonctionnement de la pétrisseuse de la boulangerie.
Les magasins à poudre modèle 1874 ne sont pas éclairés.  
Ouvrage de Chèvremont Belfort2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot Tony Humbert de  15 HP chacun entrainant une dynamo fournissant 8 kW sous 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 128  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 44 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
Ventilation des tourelles.
2 monte-charges à la tourelle de 75.  Les  baraquements extérieurs, 2 casemates de l’ouvrage et l’usine  avec environ 42 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie locale d’électricité.
Ouvrage de Meroux Belfort2 moteurs à pétrole de la Maison Peugeot Tony Humbert de  15 HP chacun entrainant une dynamo fournissant 6,5 kW sous 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 104  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 33 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
Ventilation des tourelles.
2 monte-charges à la tourelle de 75.Aucun de prévu car le fort ne possède pas de partie du temps de paix
Fort d’Arches Epinal3 groupes électrogènes à pétrole ou  à l’huile de Schiste de marque ASTER  de 34 HP chacun fournissant du 90 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 304  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 31 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles de la tourelle.
Installation de 5 ventilateurs électriques soufflants et de 7 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve – Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants pour les coffres.
Ventilation des tourelles.
2 pompes à eau rotatives pour le puits et les citernes.
1 pompe à eau rotative pour assécher le passage sous fossé au saillant 2.
2 monte-charges de 600 kg.
1 tourelle de projecteur de 90.
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs. Moteur de contrepoids moteur de la tourelle de 155L.
2 monte-charges à la tourelle de 155L.  
Le  casernement en maçonnerie, l’usine électrique, le magasin aux vivrse bétonné, le corps de garde intérieur avec environ 60 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort des Adelphes Epinal3 groupes électrogènes à pétrole ou  à l’huile de Schiste de marque ASTER  de  12 kW chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 184  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 100 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles des tourelles et des baraquements extérieurs.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve, les latrines et l’usine électrique.
2 pompes à eau rotatives pour le puits et les citernes.
3 pompes à eau rotatives pour assécher les passages sous fossé.  
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs. 2 monte-charges à la tourelle de 75.
Ventilation des tourelles.  
Le casernement en maçonnerie, l’usine électrique, les magasins et le corps de garde avec environ 76 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité.
Fort de Longchamp Epinal3 groupes électrogènes à pétrole ou à l’huile de Schiste de marque ASTER de  16 kW chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 320  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 57 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles de la tourelle.
Installation de 8 ventilateurs électriques soufflants et de 5 ventilateurs électriques aspirants pour les locaux à l’épreuve
1 pompe à eau rotative pour le puits et les citernes.
1 monte-charge de 450 kg.  
Moteur du contrepoids moteur de la tourelle de 155R.
8 monte-charges de tourelle
7 ventilateurs de tourelles.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
6 ventilateurs pour les galeries de contre-mines.
Moteur de rotation de la tourelle Mougin.
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Le casernement en maçonnerie, l’usine électrique, les magasins et le corps de garde, avec environ 62 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort de Dogneville Epinal3 groupes électrogènes à pétrole ou à l’huile de Schiste de marque ASTER de 12 kW chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 259 lampes de 16 bougies.
Installation de près de 26 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
1 pompe à eau rotative pour le puits et les citernes.
3 pompes à eau rotatives pour assécher les passages sous fossé.  
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs. Moteur du contrepoids moteur de la tourelle de 155R.
2 monte-charges de tourelle
8 ventilateurs pour les galeries de contre-mines.
Ventilateurs des tourelles.  

Le casernement en maçonnerie, l’usine électrique, les magasins et le corps de garde, avec environ 59 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort d’Uxegney Epinal3 groupes électrogènes à pétrole ou  à l’huile de Schiste de marque ASTER de 12 kW chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 164  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 26 lampes de 10 bougies.
Installation de 2 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Moteur du contrepoids moteur de la tourelle de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 75.
Ventilation des tourelles.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
Le  casernement en maçonnerie de gorge doit être relié au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort de Manonviller Lunéville3 groupes électrogènes Diesel d’une puissance nominale de 35 kW chacun fournissant du 100 V. Ils peuvent fonctionner de 6 à 40 kW.
Un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
Ventilation des tourelles.
Eclairage électrique des locaux avec près de 304  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 31 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles de la tourelle.
Installation de 9 ventilateurs électriques pour les casernements à l’épreuve
2 tourelles de projecteur de 90.
Eclairage électrique des fossés.
Ventilateurs des tourelles.
Moteur de contrepoids moteur des tourelles de 155L.
4 monte-charges à la tourelle de 155L.
Moteur de rotation des tourelles Mougin  
Le fort devait être équipé d’une batterie accumulatrice qui devait assurer l’éclairage de 300 lampes placées dans le fort et dans des baraquements extérieurs. Nous ignorons si ces travaux ont été réalisés avant la mobilisation.
Fort de Pont-Saint-Vincent Nancy2 groupes électrogènes à pétrole de 14 kW de marque Gnome et de 22 HP fournissant du 85 volts.
1 groupe électrogène à pétrole de marque Gnome de 30 HP.
1 groupe électrogène de 4 HP pour le fonctionnement de la lampe à Arc du poste optique.
Eclairage électrique de certains locaux et des tourelles avec près de 60  lampes de 10 bougies.
3 aérorefroidisseurs système Fouché  de 2 x 30000 calories pour le refroidissement des moteurs.
Installation de 60 lampes de 10 bougies
1 tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90 à arc.
2 projecteurs de calibre 90 à arc sous casemates.
1 projecteur ambulant de calibre 40 à arc.
4 projecteurs à arc pour l’éclairage des fossés.
Installation de l’éclairage électrique des casernements
Moteur de rotation de la tourelle Mougin.  Le fort est relié au réseau de la Compagnie Lorraine pour assurer l’éclairage de 104  lampes de 10 bougie et de 160 lampes de 16 bougies placées dans le fort et dans des baraquements extérieurs. Nous ignorons si ces travaux ont été réalisés avant la mobilisation.
Fort de Frouard Nancy3 groupes électrogènes à pétrole à commande directe de marque Gazes de 30 HP fournissant 40 kW.
Un aérorefroidisseur de 2 x 60000 frigories.
Eclairage électrique de l’intérieur des locaux et des tourelles avec près de 186  lampes de 10 bougies.
Installation de 6 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve
1 tourelle à éclipse pour projecteur de calibre 90 à arc.
1 projecteur de calibre 90 à arc sous casemate. – 4
projecteurs à arc pour l’éclairage des fossés.
Moteur de rotation de la tourelle Mougin
2 monte-charges à la tourelle de 75.  
Le fort est relié au réseau de la Compagnie Lorraine pour assurer l’éclairage de 104  lampes de 10 bougie et de 191 lampes de 16 bougies placée dans le fort et dans les baraquements extérieurs de Bellevue.
Fort du Saint-Michel Toul2 groupes électrogènes à pétrole de marque Gnome de 10 kW et de 16 HP chacun fournissant du 120 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 174  lampes de 16 bougies.
Installation de 82 lampes de 10 bougies.
Eclairage électrique des fossés.  
 Le casernement en maçonnerie, la boulangerie, les magasins et certains baraquements extérieurs, avec environ 125 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité.
Fort du Vieux Canton Toul3 groupes électrogènes à pétrole ou  à l’huile de Schiste de marque ASTER de 15 kW et de 10 HP chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 133  lampes de 16 bougies.
Installation de 44 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles des tourelles.
Installation de 2 ventilateurs électriques aspirants pour le casernement à l’épreuve.
Ventilation des tourelles.
Eclairage électrique des fossés.
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Batterie cuirassée de 2x155C en construction.
Eclairage électrique des locaux avec près de 25  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 15 lampes de 10 bougies
3 ventilateurs.
2 Monte-charges.
2 moteurs pour la tourelle de 155R.
Aucun de prévu car le fort ne possède pas de partie du temps de paix
Fort de Villey-le-Sec Toul3 groupes électrogènes à pétrole ou à l’huile de Schiste de marque ASTER de 7kW et de 10 HP chacun fournissant du 120 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 220  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 41 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.  
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Eclairage électrique des fossés.
Ventilation de la tourelle Mougin.
Installation d’un moteur pour la rotation de la tourelle Mougin.
4 ventilateurs dans les coffres   Batterie cuirassée de 2x155C en construction.
Eclairage électrique des locaux avec près de 30  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 20 lampes de 10 bougies
2  ventilateurs pour les tourelles et 1 ventilateur pour la batterie cuirassée.
4 monte-charges pour la tourelle de 155C  
2 moteurs de rotation pour la tourelle de 155C.
Le casernement en maçonnerie, l’usine électrique, la boulangerie, les magasins et la galerie principale avec environ 125 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées à la Station d’électricité de Toul.
Fort de Lucey Toul3 groupes électrogènes à pétrole de 10kW et de 15 HP chacun fournissant du 120 V.
2 groupes électrogènes d’un type inconnus placés dans une casemate du casernement de guerre (après 1914 ?).
Eclairage électrique des locaux avec près de 213  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 76 lampes de 10 bougies et éclairage des parties mobiles des tourelles.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 2 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Ventilation des tourelles.
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Moteur du contrepoids moteur de la tourelle de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 75.
Eclairage électrique des fossés.
Installation d’un moteur pour la rotation de la tourelle Mougin
4 ventilateurs dans les coffres
Le casernement en maçonnerie, l’usine électrique, la boulangerie, les magasins et la galerie principale avec environ 55 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort de Blénod Toul3 groupes électrogènes à pétrole ou  à l’huile de Schiste de marque ASTER de 7kW et de 15 HP chacun fournissant du 120 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 189  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 32 lampes de 10 bougies.
Installation de 4 ventilateurs électriques soufflants et de 3 ventilateurs électriques aspirants pour les casernements à l’épreuve.
Ventilation des tourelles.
Installation d’un aérorefroidisseur pour le refroidissement des moteurs.
Eclairage électrique des fossés.
4 ventilateurs dans les coffres Batterie cuirassée prévue pour 2x155R.
2 monte-charges à la tourelle de 155R.
Eclairage électrique des locaux avec près de 37  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 30 lampes de 10 bougies
2  ventilateurs pour les tourelles et 1 ventilateur pour la batterie cuirassée.
4 Monte-charges pour la tourelle de 155R

Les parties en maçonnerie et la galerie principale avec environ 60 lampes de 16 bougies qui doivent être reliées au réseau de la Compagnie Lorraine d’électricité
Fort du Chanot ToulConstruction du local de l’usine électrique mais le fort ne sera pas électrifié.2 groupes électrogènes à pétrole de marques Aster  de 12 kW et de 20 HP fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 114  lampes de 16 bougies et des tourelles avec près de 26 lampes de 10 bougies.
Installation de 8 ventilateurs pour les casernements et de 5 ventilateurs pour les coffres.
Aucun de prévu car le fort ne possède pas de partie du temps de paix
Fort de Vacherauville Verdun3 groupes électrogènes à pétrole de 12 kW chacun fournissant du 110 V.
Eclairage électrique des locaux avec près de 134  lampes de 16 bougies.
Installation de près de 30 lampes de 10 bougies.
Installation de 2 ventilateurs électriques soufflants et de 1 ventilateur électriques aspirant pour les casernements à l’épreuve.
Moteur du contrepoids moteur des tourelles de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 155R.
2 monte-charges à la tourelle de 75.
Ventilation des tourelles.
Eclairage des parties mobiles des tourelles.
Aucun de prévu car le fort ne possède pas de partie du temps de paix
Fort du Replaton Modane1 groupe électrogène à pétrole du type dynamo pétrole.
1 projecteur de calibre 90 à arc sous casemate.
 Aucun
Fort du Bourdiau MaubeugeUne locomobile à vapeur
Eclairage électrique des locaux souterrain.
 Aucun
Batterie de Vulmix Bourg-Saint-MauriceConstruction du local de l’usine électrique mais le fort ne sera pas électrifié.
Construction de la casemate de projecteur
3 groupes électrogènes à pétrole de marque Aster de 15 kW chacun fournissant du 85 V.
1 projecteur sous casemate de calibre 120 à arc.
1 ventilateur aspirant et un ventilateur soufflant pour le casernement.
6 ventilateurs aspirants pour les caves à canon et 2 ventilateurs pour les tourelles de mitrailleuses.
2 Monte-charges de 600 kg.
150 lampes de 16 bougies pour l’éclairage de l’ouvrage et 8 lampes de 10 bougies pour les tourelles    
Aucun de prévu car le fort ne possède pas de partie du temps de paix
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