Les dépôts de munitions bétonnés
Après la crise de l’obus torpille, les ouvrages détachés des places fortes, ne contiendront plus que des munitions confectionnées. Il y avait donc, dans ces forts, des magasins aux gargousses, aux projectiles ordinaires, aux projectiles chargés en mélinites, aux munitions d’infanterie et de petits compartiments pour les fusées et les détonateurs.
Les magasins à poudre modèle 1874 deviennent de ce fait inutiles, car ils ne sont plus à l’épreuve. On ne peut plus y stocker en temps de guerre de la poudre noire. Ces derniers seront modifiés dans certains forts en dépôts bétonnés à l’épreuve. Ces travaux seront tous réalisés avant 1900 dans quelques forts prioritaires. Ils consisteront à abaisser le sol du magasin au niveau de celui des vides sanitaires qui sont supprimés. La largeur du magasin est réduite de 6 à 5 mètres, en épaississant les piédroits de 0m50. Les galeries enveloppes sont remplies de rocailles. Enfin, une nouvelle voûte en béton de 1m20 d’épaisseur est construite sous l’ancienne, de manière à laisser au magasin une hauteur de 3m50 sous clef. Entre cette voûte et l’ancienne, on bourre de la rocaille. On profite de cette opération pour faire des baies qui, aux extrémités du magasin, font communiquer l’ancienne chambre aux poudres avec le dessus du vestibule, et des puits d’aération au-dessus de la chambre d’éclairage. Ces locaux ne sont pas renforcés au moyen d’une dalle en béton armé, car l’espace est restreint pour amener facilement les barres d’acier nécessaires.
Ce type de renforcement assez contraignant sera réalisé dans de rares forts. Dans les autres ouvrages, on construira de nouveaux dépôts de munitions, entièrement bétonnés. Ces derniers sont équipés, des différents magasins nécessaires pour l’armement de l’ouvrage. La taille du dépôt et le nombre de magasins ou d’ateliers est calculée en fonction de l’armement restant du fort. Ces magasins seront le plus souvent éloignés des casernement bétonnés ou construits à proximité des tourelles cuirassés. Jusqu’en 1897, ces dépôts seront construits en béton spécial, puis en béton armé, ils seront éclairés grâce à des lampes à huile de sûreté placées dans un créneau protégé par une vitre ou par des lanternes à applique.
Les magasins sous roc
Les magasins sous-roc servent à protéger les munitions confectionnées et les caisses à poudre et certaines munitions après la crise de l’obus torpille .Ces locaux sont généralement construits entre 1887 et 1894 dans des fortifications isolées, comme dans les forts d’arrêt ou de rideau. On les trouve aussi dans quelques ouvrages de places fortes qui ne possèdent pas de magasins extérieurs à proximité et dans de nombreuses batteries côtières.
Pour plus de sureté, ces locaux sont éloignés des casernements. Ils sont placés pour être à l’abri des bombardements au minimum à 6 mètres de profondeur pour un sol rocheux ou à une dizaine de mètres pour un sol en terre, parfois sous le glacis des ouvrages.
L’accès au magasin sous roc, s’effectue depuis une ou deux galeries, si le magasin est construit au même niveau que le reste du fort. Dans le cas où le magasin est construit en profondeur, on y accède avec un plan incliné ou par un ou deux puits verticaux équipés de monte-charges mécanique.
La taille du magasin sous roc varie en fonction du rôle et de l’armement de l’ouvrage. On y trouve, dans de gros ouvrages tels qu’au fort d’Arches près d’Épinal, plusieurs locaux comme des magasins aux gargousses, des magasins aux projectiles ordinaires, des magasins aux projectiles chargés en mélinite, des magasins aux munitions d’infanterie et des magasins pour la réserve de poudre.
VAUBOURG Julie
Ces locaux sont reliés par une galerie où sont placés de petits compartiments pour les fusées ou détonateurs, des abris appelés ateliers de chargement pour préparer certains projectiles et des ateliers d’amorçage pour amorcer les détonateurs.
La majorité de ces locaux de stockage ou de préparation seront équipés de tôles parapluies qui captaient les eaux d’infiltration.
Dans les ouvrages moins stratégiques de deuxième catégorie, le magasin est beaucoup plus petit, parfois avec une seule chambre de stockage comme au fort du Lomont ou du Mont-Bart près de Montbéliard.
Ces magasins creusés en profondeur sont très humides, contrairement aux magasins modèle 1874, ce qui oblige de stocker la poudre noire et les gargousses dans des caisses étanches et d’utiliser des éléments métalliques en bronze pour éviter la formation d’étincelles ou en acier galvanisé pour éviter la corrosion.
L’éclairage de ces magasins est assuré depuis des créneaux à lampe pour les chambres de stockage et les ateliers, grâce à des lampes à l’huile ou électriques et par des cages à applique en laiton pour les galeries et certaines chambres de stockage.
VAUBOURG Cédric