Le béton spécial
Pour pallier à la crise de l’obus torpille, il fallait adapter les fortifications en enterrant les locaux sous une épaisse couche de terre ou en les renforçant avec du béton. Celui qui a donné le meilleur résultat en 1886 est celui nommé béton spécial. Il se compose de 0,3 m³ de gravier, 0,9 m³ de cailloux et de 400 kg de ciment qui donnent 1 m³ de béton spécial mis en place et damé. La quantité de ciment est réduite à 300 kg pour les parties qui ne sont pas exposées aux coups directs des obus.
Pour une meilleure résistance, les massifs de béton, qui constituent les organes de la fortification, sont en théorie coulés sans interruption, de manière à ce qu’ils constituent des blocs monolithes.
Ce béton peut renforcer d’anciens locaux, débarrassés de leur terre, puis recouvert d’un matelas de sable d’un mètre d’épaisseur, sur lequel on coule une «carapace» en béton spécial de 2,5 m d’épaisseur comme aux forts de Longchamp, de Douaumont ou de Vaux.
Il est aussi utilisé pour créer de nouveaux locaux, placés dans une partie vierge de la fortification comme aux forts de Girancourt, de Villey le Sec ou de Domgermain, ou à la place d’anciens locaux en maçonnerie comme aux forts de la Grande Haye ou d’Uxegney.
Lors de ce type de renforcement, l’épaisseur de béton doit être au minimum de 2m50 pour un cintre de voûte de 5 mètres. Par exemple, au fort de la Grande Haye l’épaisseur du béton atteint 2m65.
A l’intérieur des locaux, les parties bétonnées sont signalées sur les murs par une ligne rouge informant les soldats qu’ils se situent dans des locaux protégés des obus à mélinite, d’un diamètre inférieur à 27 cm (le mortier de 270 est le calibre français le plus gros à l’époque).
Après 1897, le béton spécial ne sera plus utilisé pour les parties exposées, il sera remplacé par du béton armé coulé en dalles.
Le béton armé
En 1897, l’arrivée du béton armé va permettre de couler du béton en dalle et de réduire son épaisseur à 1m50 pour les galeries, 1m60 pour les coffres de contre-escarpe et 1 m75 pour les casernements, permettant ainsi de diminuer la hauteur des ouvrages pour les dissimuler plus facilement.
Ce béton possède les mêmes propriétés que le béton spécial, sauf qu’il est ferraillé avec une grande quantité de barres de fer de 1 cm de diamètre.
Ces améliorations très coûteuses paralysent l’ouvrage pendant les travaux. Elles ne seront pas installées sur tout le système. Seuls les ouvrages prioritaires de première catégorie, certains ouvrages côtiers et quelques forts dans les Alpes bénéficieront de ces renforcements.