L’Artillerie Française avant 1914
Généralités sur l’artillerie Française avant 1914
On donne le nom de « bouches à feu » aux armes, non portatives, qui sont employées à lancer de loin sur l’ennemi, à l’aide de la poudre, des projectiles chargés ou non eux-mêmes de matières explosives. Ces bouches à feu, avec l’ensemble des accessoires multiples nécessaires à leur service, constituent le matériel de l’artillerie.
De même, le personnel appelé à étudier et à mettre en œuvre ce matériel se nomme le personnel de l’artillerie.
Les bouches à feu peuvent être classées en diverses catégories, selon le service auquel elles sont plus spécialement destinées : il en est naturellement de même de leurs accessoires : on distingue donc :
- 1º L’artillerie française de campagne, destinée spécialement aux armées en campagne.
- 2º L’artillerie française de montagne, destinée spécialement à opérer en montagne.
- 3º L’artillerie française de siège, destinée spécialement à être employée dans les sièges.
- 4° L’artillerie française de place, destinée spécialement à la défense des places.
- 5º L’artillerie française de côte, destinée spécialement à la défense des côtes.
- 6º L’artillerie française de bord, destinée spécialement à l’armement des navires.
Les éléments essentiels de l’artillerie française sont :
- 1° la bouche à feu.
- 2º l’affût destiné à la supporter pendant les tirs et à la transporter éventuellement.
- 3° la poudre qui par sa déflagration dans l’intérieur de la bouche à feu lance le projectile vers le but à battre.
- 4º enfin le projectile lui-même.
L’objectif de l’artillerie étant de faire à l’ennemi, à l’aide de projectiles, le plus de mal possible, soit dans ses combattants, soit dans ses fortifications, soit dans ses navires, le problème consiste à combiner les divers éléments, canon, affût, poudre et projectile, dans les meilleures conditions au point de vue de cet effet à produire par les projectiles. Il y a, pour ce faire, des difficultés de divers ordres à surmonter, l’amélioration de l’un des éléments étant souvent peu compatible avec le bon fonctionnement des autres et un système d’artillerie n’est que le résultat d’études spéciales convenablement conciliées et compensées entre elles.
Nous examinerons rapidement chacun de ces quatre éléments, en suivant dans une certaine limite le développement historique et nous reportant de préférence au matériel français.
I. Bouche à feu.
La bouche à feu consiste essentiellement en un tube ou canon qui pendant le tir se trouve fermé à l’une de ses extrémités nommée culasse : l’autre s’appelle bouche. Le vide intérieur du tube est l’âme. Il comprend en partant de la culasse :
- 1º la chambre à poudre où se place la charge de poudre.
- 2º le logement du projectile qui se confond souvent avec la chambre à poudre.
- 3º l’âme proprement dite qui peut être lisse ou rayée.
Les rayures servent à imprimer au projectile un mouvement de rotation autour de son axe, sans lequel il se renverserait en l’air et n’aurait ni portée ni justesse convenable. La surface extérieure de la bouche à feu présente à partir de la culasse : 1º le renfort, qui correspond à peu près aux logements de la charge et du projectile et s’étend généralement jusqu’aux tourillons, pièces en saillie qui relient le canon à l’affût, et 2º la volée.
Le service d’une bouche à feu comporte trois opérations fondamentales : chargement, pointage et mise de feu.
La bouche à feu s’appelle aussi pièce. Elle est dite en batterie lorsqu’elle est placée pour tirer. Les hommes affectés à son service sont dits servants.
On entend actuellement par calibre le diamètre intérieur de l’âme proprement dite, autrefois le calibre correspondait au poids du projectile.
Au point de vue du tir, les bouches à feu se distinguent en trois types principaux, le canon, l’obusier et le mortier.
Le canon est organisé de manière à imprimer à un projectile donné le maximum de vitesse. Le tir exécuté dans ces conditions se dit tir de plein fouet, le projectile s’écarte du sol aussi peu que possible. Mais si le but est masqué derrière un obstacle, il est nécessaire que le trajet, qu’on appelle la trajectoire du projectile, soit plus infléchi. On est conduit dans ce cas à construire des bouches à feu plus courtes, dites obusiers, pour exécuter le tir courbe. Enfin, il se présente encore des cas où le projectile doit retomber presque verticalement, pour produire des effets d’écrasement. Il est alors lancé par des bouches à feu plus courtes encore, nommées mortiers, exécutant le tir vertical.
Pour apprécier les dimensions relatives des bouches à feu, on évalue souvent leur longueur par rapport à leur calibre, ou diamètre intérieur. On peut dire qu’actuellement les bouches à feu de plus de 20 calibres de longueur sont des canons, ceux d’une longueur comprise entre 10 et 20 calibres, des obusiers, ceux plus courts encore que 10 calibres, des mortiers.
Du métal à canon
Pendant bien longtemps toutes les bouches à feu furent construites en bronze, alliage de cuivre et d’étain dans des proportions convenables: on avait ainsi une enveloppe douée d’une ténacité, d’une élasticité et d’une dureté suffisantes pour résister aux pressions produites par la déflagration de la poudre, et presque toute l’artillerie à canons lisses fut constituée exclusivement en pièces de bronze, dont la construction et l’usinage étaient faciles et qui formait le métal à canons par excellence.
Le chargement s’effectuait par la bouche : la charge de poudre était introduite d’abord dans un sachet nommé gargousse, puis un boulet sphérique était placé contre la charge que l’on enflammait par un petit canal (canal de lumière), ménagé près du fond de l’âme, à l’aide d’une trainée de poudre, puis plus tard de mèches et en dernier lieu d’amorces ou étoupilles spéciales.
Les progrès réalisés dans l’industrie métallurgique permirent à une époque plus récente d’employer pour la fabrication des bouches à feu d’autres métaux que le bronze, c’est-à-dire la fonte, le fer et l’acier.
La fonte fut d’abord employée pour les pièces de marine. Elle est même encore utilisée dans certains cas en 1890, à raison de son prix de revient relativement faible. Le fer fut utilisé surtout en Angleterre, mais il est abandonné avant 1885.
C’est l’acier fondu, grâce à ses propriétés de ténacité, d’élasticité et de résistance à la compression qui, seul ou additionné de nickel, est presque exclusivement employé avant 1914.
Cependant les avantages d’économie, de durée, de sécurité que présente le bronze sont causes que l’on a cherché à en continuer l’emploi en améliorant ses qualités par des procédés spéciaux.
C’est ainsi que le bronze Uchatius obtenu par l’énergique compression qui résulte de mandrinages à froid est employé en 1885, pour la construction des canons de campagne en Autriche-Hongrie, et de certaines bouches à feu en Espagne et en Italie.
Mais il ne faut voir là qu’une solution provisoire, et l’acier sera bientôt l’unique métal à canon.
Des canons rayés
Le tir des boulets sphériques présentant de grandes irrégularités, il était naturel de chercher à augmenter leur portée et leur justesse, ainsi qu’il avait été fait pour les carabines, en imprimant au projectile un mouvement de rotation conformément aux idées énoncées par Robins. Sous l’influence de cette rotation le projectile était bien moins en prise aux actions extérieures et l’on pouvait de plus substituer à la forme sphérique une forme allongée, augmentant ainsi le poids de métal envoyé à l’ennemi.
C’est en France que parurent les premiers canons rayés. Dès 1842, le capitaine d’artillerie Treuille de Beaulieu proposait d’adopter pour les canons un système de deux rayures en saillie, le projectile étant muni de deux encoches ménagées dans la fonte . Il proposait en outre un système de chargement par la culasse avec fermeture au moyen d’une vis à filets interrompus et un obturateur à coupelles d’acier.
Les idées de Trenille de Beaulieu ne furent pas accueillies en France à cette époque : la première réalisation en fut faite quelques années après par un officier Piémontais, le Major Cavalli, pour des pièces destinées à la défense des côtes.
Le projectile allongé qu’il avait adopté portait deux saillies en fonte formant des éléments d’hélices de même inclinaison que les deux rayures en creux ménagées dans l’âme de la pièce.
Ces saillies en fonte présentaient des inconvénients sérieux et, après de nouvelles expériences faites en France, les Capitaines Tamisier et de Chanal cherchèrent à y substituer des ailettes rapportées sur le projectile et faites en un métal plus mou que la fonte, en zinc par exemple.
On remarqua, d’autre part, que le nombre des rayures devait être de trois au minimum pour qu’il y eût non seulement rotation imposée au projectile, mais centrage de ce dernier dans l’âme ce qui devait diminuer l’action perturbatrice des gaz à la sortie de la bouche à feu, en la régularisant.
C’est d’après ces idées que le Commandant Treuille de Beaulieu établit dès 1852 un gabarit explicatif et construisit en 1855, outre des pièces de 30 pour la marine, les premières pièces de 16 et de 24 destinées à opérer dans la Baltique si la guerre avec la Russie se prolongeait.
C’est enfin d’après les mêmes idées qu’il créa la première artillerie de campagne rayée qui figura sur un champ de bataille, artillerie dont la justesse et la puissance eurent une incontestable influence sur les succès de la campagne d’Italie en 1859.
Les canons portaient six rayures: le Commandant Treuille de Beaulieu avait été conduit à multiplier le nombre des rayures pour augmenter les qualités de résistance de la pièce, car alors l’extension que devait supporter le métal dans sa partie amincie était répartie sur un plus grand pourtour et en outre l’écoulement des gaz était assuré d’une manière plus régulière à la bouche de la pièce; les projectiles étaient munis de six paires d’ailettes disposées en deux couronnes et formées de zinc rapportées (figure 1).
A la suite de la campagne d’Italie, toute l’artillerie française fut dotée de bouches à feu de système analogue.
L’Autriche adopta des pièces du même genre. Enfin les Anglais, étudiant également un nouveau matériel, obtinrent avec de simples projectiles à ailettes, mais tournés avec une grande précision et permettant de réduire notablement le vent, des résultats qui firent un moment penser que l’on abandonnerait les études ou les procédés de chargement par la culasse.
Du reste, il existe encore des canons de très fort calibre en service (tels ceux de 100 tonnes en Italie) se chargeant par la bouche.
Mais les progrès de la métallurgie ont permis d’arriver à des résultats plus puissants, comme il va être dit.
Déjà l’usine Krupp avait doté l’armée prussienne de canons en acier, se chargeant par la culasse, qui lui donnèrent en 1866 une grande supériorité sur l’artillerie autrichienne : ce qui retardait en France les études analogues, c’est qu’on eût été à cette époque, tributaire de l’Allemagne ou de l’Angleterre pour les canons d’acier, et si l’on consentait à acheter quelques corps de canons à l’étranger pour les premières expériences, on ne pouvait admettre réellement l’éventualité de substituer l’acier au bronze dans notre armement que lorsque les usines françaises auraient perfectionné leur outillage et leurs procédés, de manière à produire des corps de canons en acier fondu comparables aux produits des usines d’Essen. Ce n’est qu’après la guerre de 1870 que l’on s’engagea dans cette voie avec toute sécurité.
De la fermeture de la culasse
Le problème du chargement par la culasse comporte deux questions distinctes qui paraissaient au début également difficiles à résoudre, la fermeture proprement dite et l’obturation.
Le système de fermeture doit être assez résistant pour supporter les énormes pressions produites.
Assez exactement ajusté pour empêcher les fuites de gaz qui a de si hautes pressions détériorent rapidement les pièces d’un mécanisme quelconque.
Assez fortement pressé contre les parois du canon pour éviter des chocs qui entraîneraient une destruction rapide.
On peut obtenir la fermeture par quatre procédés principaux, à savoir :
La fermeture à piston.
Si l’on suppose que l’on enfonce dans l’arrière de l’âme de la pièce un cylindre lisse du diamètre de l’âme elle-même, on a dans ce cas un véritable piston, et pour le maintenir on engage un verrou dans une mortaise pratiquée à la fois dans le cylindre et dans les parois de l’âme. C’est ce que l’on appelle le système Wahrendorf, qui se rencontre dans un certain nombre de canons en Allemagne, en Autriche et en Belgique.
La fermeture à coin.
La fermeture peut être obtenue au moyen d’un bloc métallique, dit coin, susceptible de se mouvoir dans une mortaise horizontale perpendiculaire à l’axe de la bouche à feu.
Ce bloc qui se meut dans une mortaise perpendiculaire à l’axe de la bouche à feu et qui, selon qu’il avance ou qu’il recule, dégage ou ferme l’âme de la pièce, peut avoir une section prismatique ou se composer d’une partie cylindrique et d’une partie prismatique : de là les noms de coin prismatique, coin cylindro-prismatique attribués à ces divers systèmes. La partie prismatique est quelquefois formée de deux coins susceptibles de glisser l’un sur l’autre de manière à obtenir, une fois à la position de fermeture, un serrage plus énergique. C’est ce que l’on appelle le double coin ou coin Kreiner, en usage en Allemagne. Les figures 2 et 3 représentent les fermetures dont il vient d’être question.
La fermeture cylindro-prismatique qui constitue la fermeture type de l’usine Krupp est analogue à la fermeture prismatique et n’en diffère que par des détails de construction.
Fermeture à vis concentrique.
Dans la fermeture à vis concentrique, le cylindre que l’on introduit dans l’arrière de l’âme de la pièce n’est pas lisse. Il est muni de filets de vis interrompus sur trois secteurs égaux, de 60° d’amplitude chacun, et le tube du canon dans lequel il s’engage forme écrou pour ces filets de vis, écrou interrompu également sur trois secteurs de 60º. Lorsque la culasse est fermée, les filets de vis sont engagés dans leur écrou. Si l’on fait une rotation de 60°, ces filets se trouvent dégagés et l’on peut retirer la vis en arrière. Tel est le principe de cette fermeture, presque universellement adoptée aujourd’hui.
Fermeture à vis excentrée.
Le premier type d’une telle fermeture est dû à l’américain Hubbel et le croquis ci-dessous (fig. 4) en montre suffisamment la disposition, la culasse étant ouverte.
Depuis, le principe en a été repris mais avec un autre sens de rotation par Bergman et Ternstrom et constitue ce que l’on appelle actuellement la fermeture Nordenfelt, qui semble destinée à un grand succès à raison de sa simplicité et de sa rapidité de manœuvre.
De l’obturateur
Quel que soit le mode de fermeture adopté, quel que soit le serrage que l’on emploie, il serait impossible d’obtenir par l’appareil de fermeture lui-même une obturation parfaite. Or, sans obturation assurée, les gaz s’engageant dans les interstices qui leur seraient ouverts amèneraient des dégradations rapides, et le tir de la pièce deviendrait fort dangereux.
Aussi dans les armes portatives, comme les fusils de chasse et les fusils de guerre, fait-on usage de cartouches métalliques qui précisément assurent par leur dilatation une parfaite obturation et la suppression de tous crachements.
Dans les canons à tir rapide, comme le canon de 75 modèle 1897, on a recours à cette même solution.
Mais en général on emploie des organes spéciaux connus sous le nom d’obturateurs. Les uns sont des anneaux métalliques dont les bords flexibles viennent sous la pression des gaz presser fortement contre la paroi du logement qui leur est ménagé dans l’âme de la pièce, comme l’obturateur de Broadwell (voir le croquis de la fermeture à coin) (fig. 2). Les autres comme l’obturateur de Bange (fig. 5) sont fondés sur l’expansion d’une rondelle A de matière plastique (amiante et suif de mouton) sous la pression que lui transmet une tête mobile B’ dont la tige B après avoir traversé la rondelle plastique s’engage dans le bloc de la vis culasse C où elle peut tourner librement.
Du frettage
Une dernière observation à faire relativement au corps du canon, c’est qu’en présence des énormes pressions développées lorsqu’il s’agit de pièces de gros calibres dont le projectile est forcé, on eût été conduit à donner aux parois de la bouche à feu des épaisseurs considérables, mais au-delà d’une certaine épaisseur de métal, on n’est plus certain d’une part d’obtenir des conditions d’homogénéité suffisante, et de plus, en admettant même que cette homogénéité fût suffisante, on arrive bientôt à un maximum de résistance qui correspond à la limite d’élasticité du métal.
Mais si par un moyen quelconque on parvient à comprimer normalement la masse du canon, de telle sorte que la file des molécules qui occuperait à l’état d’équilibre ordinaire une longueur A B, soit conformée de manière à n’occuper qu’une longueur A B’, la longueur AC représentant l’extension limite qu’elle pourrait supporter, il est clair que le passage de l’écartement A B’ à l’écartement A C représente un effort supérieur à celui qui eût été nécessaire pour le passage de l’écartement A B à l’écartement A C.
On peut donc augmenter sensiblement la résistance d’une bouche à feu, par rapport aux pressions intérieures qu’elle devra supporter, si au tube qui représente en quelque sorte la bouche à feu primitive on superpose un autre tube qui comprime le premier.
C’est là le principe du frettage, les frettes n’étant pas autre chose que des éléments du tube compresseur qui agissent d’abord pour retarder le travail d’extension du tube intérieur, puis dans la seconde période pour résister concurremment avec lui aux dépens de leur propre extension.
Telle fut la solution que proposa dès 1858 le Lieutenant-colonel Treuille de Beaulieu pour augmenter la résistance des bouches à feu à la suite de l’émotion causée par l’éclatement d’un canon rayé de 30 à bord du Suffren et cette solution est aujourd’hui universellement adoptée. Le principe posé par Treuille a été traduit en formules par le Général Virgile, et la construction des canons s’opère ainsi mathématiquement.
Les frettes sont généralement placées à chaud, c’est-à-dire que l’on augmente par la dilatation le rayon intérieur de la frette qu’on engage alors autour du canon, puis le rayon diminuant par le refroidissement produit un serrage dont on peut régler l’énergie. En général, ce serrage est de 1/1000 c’est-à-dire que le diamètre intérieur de la frette est inférieur au diamètre extérieur du canon de 1/1000 de ce dernier.
En remplaçant un tube unique par une série de frettes placées par anneaux successifs, on peut même placer dans des états de compression différents les divers points du canon et en même temps on rend l’opération plus facile.
On emploie d’ailleurs tantôt un seul rang tantôt plusieurs rangs de frettes en assurant leur solidarité soit comme dans les canons anglais par des gorges successives ménagées dans les frettes, soit par des couronnes engagées A, B comme dans le système allemand (fig. 6).
L’artillerie du Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences.
En France, on considère souvent que le serrage de la frette est par lui-même assez énergique pour qu’on n’ait pas à se préoccuper d’assurer par des dispositions spéciales la solidarité des frettes successives et juxtaposées.
C’est en se fondant sur le frettage que l’on peut donner à des pièces de canon dont le corps est en fonte une résistance suffisante. Mais comme il est nécessaire d’autre part que le métal qui reçoit la pression directe des gaz de la poudre soit susceptible de résister aux actions désorganisatrices, on a dû introduire dans le corps de canon en fonte un tube en acier doux, c’est ce que l’on nomme le tubage. Certaines grosses pièces ont ainsi un corps en fonte, mais sont frettées et tubées en acier.
Disons enfin quelques mots du frettage en fils d’acier, préconisé en Angleterre par M. Longridge, qui a réussi à le faire adopter actuellement dans ce pays, et en France par le Capitaine Schultz.
Ce système repose théoriquement sur le principe de la séparation des résistances, c’est-à-dire que l’on confie les résistances transversale et longitudinale du canon à deux organes distincts, soumis chacun à un seul de ces efforts et travaillant uniquement à la traction.
A cet effet, le canon est constitué d’une part par un tube sur lequel sont enroulés des fils d’acier, le renforçant comme le font les frettes, et pouvant lui communiquer une résistance encore plus considérable que le mode de frettage ordinaire.
D’autre part, ces fils d’acier sont eux-mêmes recouverts par une jaquette, pièce cylindrique en acier portant les tourillons d’une part, et à son autre extrémité un écrou pour recevoir la vis culasse sur un diamètre (et par suite sur une surface d’appui) supérieur à celui du tube. De la sorte, le tube renforcé par les fils résiste à l’éclatement et à l’éclatement seul. Il n’éprouve aucun effort longitudinal, puisque la pression sur la vis culasse est transmise à un organe, la jaquette, qui lui est complètement étranger. Cette jaquette n’éprouve d’autre part aucune action centrale. Elle assure simplement la liaison entre les tourillons et la vis culasse, en s’opposant au mouvement en arrière de celle-ci.
Il est hors de doute que les canons à fils d’acier sont appelés à remplacer après 1890, les canons frettés ordinaires, car ils sont susceptibles d’efforts beaucoup plus énergiques.
II. Affût.
Nous avons indiqué que l’affût était la machine ou voiture destinée à supporter la bouche à feu pendant les tirs et à la transporter éventuellement. Nous dirons avec plus de détails qu’il sert à disposer convenablement la pièce, à la manœuvrer, à la diriger, à la maintenir en bonne position pendant l’exécution du tir, à en faciliter le service et surtout le pointage, à en opérer dans certains cas le transport.
Ici encore, un historique sommaire permettra de se rendre compte plus facilement des conditions d’établissement de l’affût.
Dès le XVIe siècle, la bouche à feu, munie de ses deux saillies symétriques nommées tourillons, reposait par leur intermédiaire sur deux « flasques » de bois prenant d’une part appui sur l’essieu et d’autre part reposant sur le sol par leur bout postérieur ou « crosse ». Posés de champ en divergence vers la crosse, et entaillés à l’effet de recevoir les tourillons, ces flasques étaient reliés entre eux par des entretoises qui en maintenaient l’écartement. Engagée entre les flasques, la culasse reposait sur un « coin de mire » mobile dont le jeu permettait d’élever ou d’abaisser la bouche à feu, et de lui donner ainsi les inclinaisons nécessaires au tir.
Ce matériel fut amélioré à la fin du XVIII° siècle par Gribeauval. Les flasques en bois furent raccourcis, le logement ou encastrement des tourillons reçut des sous-bandes en fer, pour faciliter le roulement de ces derniers, et des sus-bandes pour les empêcher de sortir de leur encastrement sous l’action du tir. Une « vis de pointage » mobile dans un écrou situé dans une entretoise des flasques fit monter ou descendre la culasse dont elle supportait l’extrémité, etc. C’est ce type d’affût qui fit toutes les guerres de la Révolution et de l’Empire. Aujourd’hui l’affût de campagne, aussi léger que possible, se compose de deux flasques comme ci-dessus, mais en tôle d’acier au lieu d’être en bois : les deux flasques sont réunis à leur partie postérieure par d’autres tôles, formant flèche, et cette flèche peut être reliée à un avant-train pour les routes et les manœuvres.
Les pièces de siège sont portées également sur des affûts à roues, mais dont la hauteur est telle que la pièce puisse agir derrière le parapet qui la protège sans qu’il soit nécessaire de trop entailler ce dernier. Pour les obusiers ou mortiers qui tirent sous des angles considérables, l’affût à roues ne résisterait pas aux percussions verticales fort violentes du tir. Aussi est-il formé de deux flasques peu élevés, reliés par une base appelée semelle, qui repose directement sur la plate-forme et est de largeur suffisante pour que les pressions se répartissent convenablement.
Quant aux pièces de place, elles sont montées sur un affût formé de deux flasques peu élevés analogues aux précédents, mais qui reposent par l’intermédiaire de galets sur un châssis auquel on peut faire prendre des directions diverses autour d’un axe vertical.
Ainsi par le déplacement du châssis s’obtient la mise en direction de la pièce, que l’on incline d’autre part convenablement entre les flasques par les procédés habituels, coin de mire, vis de pointage, ou arc denté.
L’organisation des affûts de côte ou de bord repose sur les mêmes principes généraux.
Du recul.
Les affûts ont à résister à l’action considérable du recul et la force des diverses parties doit être calculée de manière à ne pas se disloquer dans cette action qui non seulement se traduit par un mouvement en arrière mais aussi, par suite des entraves apportées à ce déplacement, par des efforts énergiques sur les diverses parties de l’affût. Ce recul présente de grands inconvénients dans le cas des pièces de siège, et l’on y est conduit, pour ne pas allonger outre mesure les plateformes, à l’entraver en ménageant une résistance suffisante pour absorber une partie de la quantité de mouvement communiqué à la pièce au départ du coup. On sait en effet qu’alors le projectile est lancé au loin, accompagné d’une partie des gaz enflammés provenant de la poudre, tandis que le canon se porte en arrière avec le reliquat des produits de la combustion.
Ce mouvement en arrière du canon ne saurait être absolument arrêté sous peine de produire dans le matériel des percussions formidables qui le mettraient rapidement hors de service. Mais on peut chercher à le réduire en l’entravant à l’aide de freins.
A l’origine, on se contenta de placer sous la roue de l’affût un sabot en bois, mais ce procédé brutal avait l’inconvénient de faire sursauter la pièce et de fatiguer le matériel. Puis on adopta dans l’artillerie de campagne des freins à cordes (frein Lemoine) analogues à celui des omnibus. Ce frein agit automatiquement sur la jante des roues et se desserre alors qu’on ramène le canon en batterie.
Pour le matériel de place, de côte ou de bord, on essaya d’abord des freins à mâchoires, dans lequel deux pinces, se serrant à volonté, saisissaient les côtés du châssis. Puis vint le frein à lames, dérivé du précédent, dans lequel des mâchoires à vis, adaptées à la partie mobile, venaient étreindre un faisceau de lames parallèles montées sur le châssis fixe et du fait de ce serrage déterminaient un frottement énergique. Les résultats ainsi obtenus furent encore jugés insuffisants et l’on dut en venir au frein hydraulique dans lequel on utilise la résistance qu’éprouve un liquide à passer avec une grande vitesse dans des orifices étroits (fig. 7).
Ce frein se compose en principe d’un piston et d’un corps de pompe, l’un des organes étant relié au châssis et l’autre à l’affût. Des orifices de dimensions convenables sont ménagés soit dans la tête du piston soit à sa circonférence et le liquide au moment du recul de la pièce se trouve obligé de passer d’un côté à l’autre du corps du piston. Il est essentiel que le liquide soit d’une fluidité inaltérable. Aussi dans nos climats est-il fait usage de glycérine.
Cette étude des freins est trop complexe pour trouver place ici. On se contentera d’énoncer que le type de frein hydraulique à orifice variable et à pression constante passe pour donner les meilleurs résultats.
Affûts spéciaux.
Il est certains cas où les affûts doivent recevoir un tracé particulier.
Ainsi, pour permettre à une pièce de tirer dans toutes les directions, on a recours à un pivot central, par exemple pour les pièces placées à bord ou dans des tourelles. Sur les navires, pour assurer le pointage en direction, le châssis directeur est muni de roues dentées engrenant sur une crémaillère circulaire fixée sur le pont.
Citons encore l’affût à pivot avant, spécial au tir à exécuter par un sabord ou une embrasure et permettant de réduire notablement l’ouverture à pratiquer dans le parapet ou le cuirassement. L’affût de tourelle, permettant à la pièce de tourillonner autour d’un point de sa volée. L’affût à éclipse laissant, immédiatement après le tir, la bouche à feu s’abaisser au-dessous de la crète du parapet protecteur. Enfin l’affût truc, dans lequel le canon est installé sur un truc de chemin de fer, circulant sur une voie ferrée et empêchant ainsi par sa mobilité la concentration sur lui des feux de l’adversaire.
III. Poudres
Le troisième élément à considérer dans l’artillerie c’est la poudre. Pendant bien longtemps on ne put étudier les poudres que par leurs effets dans le tir, et encore les appareils dont on disposait étaient-ils assez peu précis. Mais dès l’adoption du chargement par la culasse avec projectiles à forcément, on dut se préoccuper des immenses pressions que les pièces avaient à supporter et l’on chercha les moyens de les étudier.
Des appareils fort ingénieux furent inventés dans ce but: on perça dans le corps du canon des canaux correspondant à divers points de l’âme et l’on put adapter à chacun de ces trous soit des pistons qui sous la pression des gaz produisaient l’écrasement de petits cylindres de plomb ou de cuivre, écrasement que l’on comparait à celui qu’on obtenait directement par une presse hydraulique, soit des pistons différentiels permettant d’apprécier avec une grande précision la pression supportée par l’âme de la pièce selon la position du projectile.
En même temps, d’autres appareils fournirent le moyen de suivre et d’enregistrer la succession et l’accroissement des vitesses que prenait le projectile sous l’influence de ces pressions.
L’un des premiers résultats de ces recherches fut de faire reconnaître que la poudre produisait des effets très différents selon qu’elle était composée de grains plus ou moins gros. Avec les grains fins, la surface d’inflammation est énorme, la masse de la charge est presque instantanément enflammée, on a ce qu’on appelle une poudre vive. Avec de gros grains au contraire, la combustion mettant un temps appréciable pour se propager de la surface au centre de chacun d’eux, le développement du gaz est progressif, on a donc une pression également progressive.
Si l’on représente par des courbes les pressions supportées par la bouche à feu en chaque point de l’âme, une poudre vive donnera des pressions s’élevant par exemple jusqu’à 3000 kilogrammes par centimètre carré, et figurées en chaque point par la courbe O AB (fig. 8). Une poudre plus lente donnera une courbe telle que O A’B’, et l’on démontre que dans chaque cas la puissance du projectile est mesurée par la surface comprise entre l’horizontale O OL et la courbe correspondante. On voit que la poudre lente peut donner des puissances supérieures tout en soumettant le canon à un effort maximum moins énergique.
L’artillerie du Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences de l’artillerie française.
C’est sur ce principe qu’a été basé l’emploi des poudres à gros grains qui ont été universellement adoptées jusqu’en 1889 environ et sont encore en usage provisoire dans bien des cas, en attendant leur remplacement par des poudres sans fumée convenablement choisies.
Des poudres sans fumée
Les poudres noires dont-il vient d’être parlé sont des mélanges de salpêtre, de soufre et de charbon dans des proportions et à des degrés d’agglomération variables, mais toutes ont le défaut de donner un fort nuage de fumée dont l’inconvénient est d’une part de gêner pour le pointage des coups ultérieurs, et d’autre part de déceler l’emplacement de la bouche à feu.
Des recherches étaient entreprises depuis la découverte du fulmi-coton pour utiliser dans les bouches à feu la puissance de cet explosif. Mais elles avaient longtemps échoué devant l’impossibilité où l’on se trouvait d’en ralentir la vivacité. Enfin à la fin de 1884 une méthode générale permettant de régler le mode de combustion du fulmi-coton ou des corps analogues, et de l’approprier à une arme de calibre déterminé a été trouvée en France au laboratoire central des poudres et salpêtres et s’est bientôt appliquée dans tous les pays.
Il en résulte qu’actuellement les bouches à feu sont ou vont être chargées avec de nouvelles poudres, provenant de composés organiques et qui par cela même ne donnent pas de fumée dans le tir.
Cette absence de fumée, de peu d’importance au point de vue du fonctionnement du canon considéré en lui-même, en a tout au contraire une très grande de vue tactique, puisqu’elle supprime les deux inconvénients fort graves signalés un peu plus haut. D’une part, elle permet le tir rapide en supprimant les nuages qui obscurcissaient la vue du pointeur, et d’autre part elle permet de dissimuler bien plus aisément la présence des pièces, puisque celle-ci n’est plus décelée que par l’éclair instantané de la détonation au lieu d’un nuage s’élevant lentement au-dessus de la pièce et y séjournant même longtemps si l’atmosphère est calme.
Les poudres sans fumée peuvent se classer en deux catégories principales : celles dont le fulmi-coton forme la base essentielle et celles où ce rôle est dévolu à la nitro-glycérine.
On reproche à ces dernières de donner dans le canon des températures trop élevées, et de dégrader par suite l’âme de la bouche à feu qui se trouve ainsi hors de service assez rapidement. Les partisans de ces poudres répondent qu’elles rachètent cet inconvénient en se conservant mieux, en dépit des variations de température. Quant à l’usure de la bouche à feu, elle n’est pas assez rapide pour que cette dernière ne puisse supporter un nombre de coups suffisant pendant la durée d’une campagne, et l’inconvénient en est atténué d’autre part grâce à un mode particulier de construction.
La plupart de ces poudres n’ont de la poudre que le nom, et nullement l’aspect pulvérulent. Elles sont généralement employées en lamelles minces ou en tiges cylindriques ou prismatiques également minces. Cependant les poudres sans fumée destinées au fusil sont absolument pulvérulentes.
Les charges
Après 1908, les charges de poudre sont enfermées soit dans des Gargousses soit dans des Douilles métalliques préalablement vernies.
Les gargousses
Les gargousses sont enflammées au moyen d’étoupilles. Le sachet est généralement en toile dite amiantine. Cette toile ( qui ne contient pas d’amiante) est tissée avec de la bourre de soie. Elle jouit de la propriété commune à toutes les étoffes d’origine animale, de ne pas laisser de résidus enflammés dans l’âme après le départ du coup. Cette toile amiantine, comme la serge, s’éteint dès qu’elle n’est plus au contact d’une flamme.
La marine se sert encore de la serge (tissu de laine) pour certaines pièces.
Dans quelques cas les sachets sont constitués en tissu de coton poudre. Dans le canon de 138 (matériel de Reffye) on utilise des enveloppes organisées de façon à assurer l’obturation au départ du coup (gargousses obturatrices).
Les gargousses à sachets en papier sont employées avec les mortiers lisses, elles peuvent laisser dans l’âme des résidus enflammés
Chargement intérieur
Le sachet peut contenir de la poudre noire ou de la poudre B. On y distingue le culot et la ligature. La gargousse est toujours introduite dans le canon la ligature en avant, de façon que les gaz de l’étoupille puissent facilement atteindre la poudre. Lorsque la gargousse est remplie au maximum, elle permet le tir de plein fouet avec un pointage direct.
Appoints
Lorsque le sachet est chargé en poudre B, il contient au centre du culot un appoint de poudre C, destiné à provoquer l’inflammation de la poudre B. Il peut se produire néanmoins des longs feux. On ne doit donc pas se porter trop tôt à la culasse quand un coup n’est pas parti.
Les bandes de poudre B sont généralement réunies dans l’intérieur du sachet en fagots parallèles à l’axe, superposés les uns aux autres.
Dans le canon de 120 C, les bandes sont placées à plat, perpendiculairement à l’axe. Les charges de certains canons de gros calibres (19 c/m, 24 c/m, 240 de côte) sont composées de 2 ou 3 demi ou tiers de gargousses de poids égal.
Ce fractionnement permet de mieux utiliser la capacité des caisses en cuivre, dans lesquelles sont conservées les munitions, confectionnées. Le culot de ces ½ ou 1/3 de charges est muni d’un appoint de poudre noire.
Gargousses obturatrices.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’artillerie française
Ces gargousses sont encore utilisées dans les canons du système de Reffye ( canon de 5, canon de 7 et canon de 138 De Reffye). La douille de fer blanc A, enveloppée de papier est de forme cylindrique, ses bords se rapprochent suivant une génératrice sans se superposer et le joint est muni d’un couvre-joint B.
L’extrémité de ce cylindre est refoulée dans un culot en laiton C au moyen d’une rondelle en carton-pâte fortement comprimée D.
Le centre du culot est embouti en forme de cuvette, dont le fond est- renforcé par un rivet-paillette E autour duquel sont percés des évents F F destinés à donner passage au feu de l’étoupille.
Un petit culot G est engagé à frottement dans la cuvette. Il est percé d’un trou central H appelé prise de feu et destiné à donner passage au feu de l’étoupille. Ce trou est fermé par un morceau de toile collée qui empêche la poudre de tamiser. Au moment où la charge est enflammée la pression des gaz écrase la cuvette et le rivet paillette, appliquée sur la prise du feu, empêche toute fuite de gaz en arrière. Le culot C se dilate et se moule sur la chambre et sur un godet que présente la vis-culasse. Il forme ainsi obturateur avec la douille qui s’ouvre de même.
Le coup parti, le cylindre de fer blanc reprend sa forme et la douille cesse d’adhérer. Le culot C qui s’est embouti dans les entailles en hélice du godet est entraîné quand on retire la vis-culasse
Ces gargousses contiennent généralement des rondelles de poudre MC30 très comprimées pour être rendues progressives, surmontées d’une rondelle de graisse pour diminuer l’emplombage des rayures. Un disque de carton forme fermeture.
Ce système de douille se décolle mal, constitue un poids mort considérable et coûte cher. Il exige l’emploi de l’étoupille comme si le sachet était en toile amiantine.
Douilles.
L’emploi des douilles amorcées permet un chargement et une mise de feu rapides et donne un système simple d’obturation. Cependant, il présente un certain nombre d’inconvénients. Les douilles peuvent se déformer pendant les transports et les manipulations, elles constituent un poids mort, elles nécessitent un mécanisme d’extraction. L’obturation est mauvaise en cas de rupture du culot on du corps de la douille, la poudre se conserve mal si les douilles ne sont pas suffisamment étanches. Les douilles vides encombrant les environs de la pièce, le projectile n’est pas aussi bien assuré à sa position de chargement qu’avec le refouloir.
Leur prix est élevé, elles se prêtent mal à la vérification de l’état de conservation de la poudre, dès que le calibre devient un peu élevé, la cartouche complète devient peu maniable
Néanmoins la nécessité d’un chargement rapide a fait adopter les cartouches complètes pour les canons de campagne a tir rapide.
Les douilles doivent :
- 1° bien tenir le projectile, s’il y a lieu.
- 2° bien obturer, sans rupture ni difficulté d’extraction.
- 3° être munies d’un amorçage suffisant pour bien assurer le départ du coup.
Les deux premières conditions sont remplies par le choix judicieux du métal et par des formes convenables.
Nature du métal
Le laiton convient très bien pour la fabrication des douilles. Ce métal, après avoir été travaillé, est, en effet, écroui et élastique ; il peut ainsi maintenir, avec un serrage suffisant, le culot du projectile qui peut être saisi avec forcément.
D’autre part, la douille, après s’être prêtée sans rupture à l’expansion due à la pression, qui l’applique de toutes part contre le canon dilaté lui-même, revient, comme ce dernier, à sa forme primitive et peut être extraite facilement. En outre le laiton se conserve bien dans les magasins.
Formes de la douille.
Pour faciliter l’introduction et l’extraction, la forme est généralement tronconique. La douille présente un tronc de cône très allongé, A B C D, puis un 2ème tronc de cône GBEF qui prend appui sur le cône C B M N de la chambre et, enfin, une partie cylindrique ou très légèrement évasée EFGH, destinée à recevoir le culot du projectile jusqu’à la ceinture, sur une longueur suffisante. Cette dernière partie de la douille se nomme le collet.
Son diamètre ne doit pas dépasser le diamètre extérieur de la ceinture, pour ne donner lieu à aucune difficulté d’introduction. L’arrière de la douille présente un bourrelet O V qui donne prise aux griffes de l’extracteur.
La surépaisseur du culot, K L, a pour but de reporter la pression des gaz de la poudre en avant du logement de l’extracteur ou, tout au moins de diminuer la pression à hauteur de ce logement qui crée, en cet endroit du canon, une partie moins résistante. Cette surépaisseur facilite en outre l’organisation de l’amorçage.
Mise à feu
Lorsque la charge est constituée en poudre noire, une simple amorce de fulminate de mercure, assez forte, suffit à assurer l’inflammation. Dans ce cas un logement d’amorce est produit dans le culot, avec enclume en saillie vers l’extérieur. L’amorce peut communiquer avec l’intérieur au moyen d’évents, dans le logement de l’amorce sont placés, avec forcement, l’amorce et le couvre-amorce.
La cartouche du canon-revolver Hotchkiss Mle 1879 est amorcée de cette façon.
Dans les cartouches chargées en poudre B, une amorce seule ne suffit plus à assurer l’inflammation. La douille porte, au centre du culot, un tube porte amorce contenant une charge de poudre noire destinée à assurer l’inflammation de la poudre B. Le tube porte-amorce fait saillie à l’intérieur et l’un des fagots de poudre B est disposé pour le coiffer.
Le système d’inflammation, placé a la partie postérieure, comprend :
- 1° une amorce agrafée dans un couvre-amorce qui est maintenu par forcement dans son logement.
- 2° un marteau immobilisé pendant les transports d’une part par une bague filetée, d’autre part par une goupille.
Le choc du percuteur sur le marteau fait fléchir la goupille dont les extrémités se rabattent dans les logements correspondants du marteau. La pointe de ce dernier frappe l’amorce qui détone et met le feu à la poudre noire par les évents ménagés à cet effet.
La face du marteau, sur laquelle doit se faire la percussion, est en retrait pour éviter les accidents. La charge de poudre B de la cartouche est maintenue, à la partie antérieure, par un certain nombre de rondelles de feutre interposées entre le culot de l’obus et la charge et généralement collées à la douille.
Etoupilles
Sauf en ce qui concerne les cartouches complètes, l’inflammation des charges est assurée par une étoupille
L’étoupille peut être à friction, à percussion ou électrique.
Etoupille à friction.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’artillerie française
Le type de l’étoupille à friction est l’étoupille Mle 1885 modifiée. Elle se compose d’un grand tube en cuivre fermé à une extrémité et prolongé de ce côté par une rondelle en feutre.
Ce tube contient successivement :
- 1° Un bouchon de cire et un tampon de bois maintenu par un fort étranglement autour duquel se trouve extérieurement une cravate en feutre.
- 2° Un petit tube en cuivre contenant dans son culot une composition fulminante.
- 3° Un grain de poudre comprimée, une charge de poudre de chasse et un tampon de cire.
Un rugueux traverse la 1ère partie du grand tube et le petit tube. Il présente une partie dentelée et à son extrémité inférieure une masselotte et un crochet qui vient prendre appui sur le rebord ouvert du petit tube, ce qui empêche le rugueux de remonter. L’extrémité extérieure de la tige du rugueux forme une boucle.
Le fonctionnement de cet artifice est le suivant :
On introduit l’étoupille à fond, dans son logement, en appuyant sur la rondelle de feutre de manière que la cravate vienne se forcer légèrement dans la cuvette de la tige de la tête mobile. Quand on tire très vivement sur la boucle du rugueux, le crochet se redresse et la partie dentelée vient frotter la composition fulminante qui s’enflamme. Le feu se communique au grain de poudre comprimé, à la poudre de chasse et un puissant jet de flamme jaillit pour aller enflammer la gargousse.
La masselotte se trouve arrêtée par le culot du petit tube et le rugueux retient ainsi à la fois, au bout du tire-feu, le petit et le grand tube, ce qui empêche leur projection en arrière et évite les accidents.
Dans cet artifice, l’énergie première est une friction.
Etoupille en plume de la marine. Pour les pièces à canal de lumière percé dans le renfort, la Marine fait usage d’une étoupille dont les tubes sont en plume au lieu d’être en cuivre. Cette étoupille offre l’avantage de supprimer l’adhérence accidentelle dans le canal de lumière et de ne pas donner lieu, accidentellement, à des projections dangereuses.
Les étoupilles à friction ne sont pas obturatrices et peuvent donner lieu à des ratés, si la position du servant, qui met le feu, est défectueuse.
Etoupille à percussion.
Cette étoupille est usitée dans la Marine, l’énergie première à fournir est un choc. Elle comprend une douille en laiton contenant la charge de poudre, et amorcée au culot par une cheminée en laiton percée de part et d’autre et coiffée à l’extrémité par une amorce dans une capsule de cuivre rouge.
Lorsqu’un percuteur frappe le culot, il détermine l’explosion de l’amorce et par suite de la charge. L’étoupille dilatée forme obturateur et empêche toute projection de gaz en arrière.
Dans la pratique, la percussion est plus sûrement obtenue que la friction convenable, mais ces étoupilles exigent que la bouche à feu soit munie d’un appareil spécial de mise de feu et de sûreté (verrou à ressort muni d’un percuteur et marteau).
Etoupille électrique.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’artillerie française
La mise de feu des pièces sous tourelle ou en casemate est faite au moyen d’une étoupille électrique.
Cette étoupille est organisée de manière à s’enflammer par l’effet du passage d’un courant continu de faible intensité, produit par une pile qui fait rougir un fil de platine très mince (1/30 de mm) placé dans, une petite charge de coton-poudre.
La Marine emploie une étoupille électrique obturatrice a un fil. La masse du canon est reliée à l’autre pôle de la pile.
Charges des obus de l’artillerie française en 1911
Bouche à feu | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
---|---|---|---|---|
Canon de 57 TR | ||||
obus ordianaire | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 3,2 kg | |
obus à balles | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 3,24 kg | |
obus à charges arrière 80 balles de 12 g | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 3,24 kg | |
Boite à mitraille | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 3,55 kg | |
canon de 65 de montage | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus allongé | Douille (cartouche) | 3,8 kg | 330 m/s | |
obus à balles | Douille (cartouche) | 4,45 kg | 330 m/s | |
obus à charges arrière | Douille (cartouche) | 4,45 kg | 330 m/s | |
canon 75 modèle 1897 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à charges arrière | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 7,24 kg | 530 m/s |
obus à charge mélangée | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 7,25 kg | 530 m/s |
obus explosif | BC 0,21 + F3 0.0044 kg | Douille (cartouche) | 5,31 kg | 585 m/s |
canon de 80 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 0,55 + C1 0,015 kg | Sachet toile amiantine | 6,3 kg | 465 m/s |
obus à balles Mle 1895 | BC 0,55 + C1 0,015 kg | Sachet toile amiantine | 6,3 kg | 465 m/s |
boite à mitraille | BC 0,55 + C1 0,015 kg | Sachet toile amiantine | 5,55 kg | 465 m/s |
obus explosif | BC 0,55 + C1 0,015 kg | Sachet toile amiantine | 6,1 kg | 465 m/s |
Canon de 90 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 0,72 kg | Sachet toile amiantine | 8,685 kg | 432 m/s |
boite à mitraille | BC 0,72 kg | Sachet toile amiantine | 7,48 kg | 432 m/s |
obus explosif | BC 0,72 kg | Sachet toile amiantine | 8,45 kg | 432 m/s |
Canon de 90 de côte | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BM3 | Serge | 8,65 kg | 520 m/s |
boite à mitraille | BM3 | Serge | 7,89 kg | 520 m/s |
obus explosif en fonte | BM3 | Serge | 8,3 kg | 520 m/s |
Canon de 95 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 0,77 kg | Sachet | 12,3 kg | 450 m/s |
boite à mitraille | BC 0,77 kg | Sachet | 10,97 kg | 450 m/s |
obus explosif | BC 0,77 kg | Sachet | 12,07 kg | 450 m/s |
Canon de 120 long | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 1,6 kg | Sachet | 12,3 kg | 480 m/s |
boite à mitraille | BC 1,6 kg | Sachet | 10,97 kg | 480 m/s |
obus explosif | BC 1,2 kg | Sachet | 12,07 kg | 400 m/s |
Obusier de 120 court | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 0,55 kg | Sachet | 19,2 kg | 285 m/s |
obus à charges arrière | BC NL 0,265 kg | Sachet | 20,35 kg | 285 m/s |
obus explosif | BC NL 0,165 kg | Sachet | 20,35 kg | 285 m/s |
Canon de 155 long | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 3,2 kg | Sachet | 40,8 kg | 470 m/s |
boite à mitraille | BC 3,2 kg | Sachet | 40 kg | 470 m/s |
obus explosif | BC 2,4 kg | Sachet | 43 kg | 310 m/s |
Obusier de 155 court TR Mle 1904 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BSP 3,475 kg | Douille | 40,8 kg | 290 m/s |
obus explosif | BS 0,9 kg ou 1,1 kg | Douille | 43 kg | 290 m/s |
Obusier der 155 court modèle 1881 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à mitraille | BC 1,1 kg | Sachet | 40,8 kg | 290 m/s |
obus explosif 4 cal 1/2 | BC 2,4 kg | Sachet | 43,7 kg | 290 m/s |
Canon de 240 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
Obus de rupture | BGC 23,4 kg | Sachet | 172,7 kg | 560 m/s |
Obus exposif en fonte | BGC 23,4 kg | Sachet | 157,5 kg | 500 m/s |
Obus exposif Mle 1891 | BGC 18,8 kg | Sachet | 163 kg | 500 m/s |
Obus exposif Mle 1898 | BGC 18,8 kg | Sachet | 159,5 kg | 500 m/s |
Mortier de 220 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus explosif en acier | BC 2,1 kg | Sachet | 118 kg | 250 m/s |
Mortier de 270 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus en acier Mle 1901 | BSP 5,8 kg | Sachet | 147,5 kg | 330 m/s |
obus en acier Mle 1893 | BSP 5,8 kg | Sachet | 152,2 kg | 330 m/s |
Canon de 19 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture G | BSP 5,528 kg | Sachet | 75 kg | 420 m/s |
obus explosif en acier | BSP 5,528 kg | Sachet | 86 kg | 420 m/s |
Canon de 19 M | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus explosif en fonte | BM7 13,9 kg | 78 kg | 670 m/s | |
obus de rupture | BM7 13,9 kg | 75 kg | 670 m/s | |
Canon de 24 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BGC 23,4 kg | Sachet | 173 kg | 570 m/s |
obus de rupture | BGC 24,3 kg | Sachet | 144 kg | 600 m/s |
obus explosif en acier | BGC 18,2 kg | Sachet | 163 kg | 500 m/s |
Canon de 24 mle 70/93 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM7 24,3 kg | Serge | 144 kg | 600 m/s |
obus explosif en fonte | BM7 24,3 kg | Serge | 149 kg | 600 m/s |
Canon de 27 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM7 32 kg | Serge | 216 kg | 600 m/s |
obus explosif en fonte | BM7 32 kg | Serge | 224 kg | 600 m/s |
Canon de 138 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à balles | SP 3,91 kg | Douille | 30 kg | 382 m/s |
boite à mitraille | SP 3,91 kg | Douille | 23,8 kg | 382 m/s |
Canon de 12 culasse | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus ordinaire en fonte | MC30 0,8 kg | 359 kg | 11,45 kg | 237 m/s |
boite à mitraille | MC30 0,8 kg | Toile amiantine | 12,401 kg | 237 m/s |
Canon revolver 40 mm | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
boite à balles | MC30 0,09 kg | Douille (cartouche) | 1,08 kg | |
Mortier lisse de 15 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de 15 | MC30 0,14 kg | Papier ordinaire | 7,4 kg | 50 m/s |
Appareils Moisson | MC30 0,14 kg | Papier ordinaire | 20 kg | 50 m/s |
Boite à balles | MC30 0,14 kg | Papier ordinaire | 16 kg | 50 m/s |
Mortier lisse de 22 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
Obus de 22 | MC30 1,12 kg | Papier ordinaire | 23 kg | |
appareils Moisson | MC30 1,12 kg | Papier ordinaire | 40 kg | |
boite à boulets | MC30 1,12 kg | Papier ordinaire | 30 kg | |
Mortier lisse de 27 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
Bombe | MC30 3,67 kg | Papier ordinaire | 51 kg | |
Appareils Moisson | MC30 3,67 kg | Papier ordinaire | 40 kg | |
Appareils à tige cannelée | MC30 3,67 kg | Papier ordinaire | 57 kg | |
Boite à boulets | MC30 3,67 kg | Papier ordinaire | 60 kg | |
Mortier lisse de 32 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
bombe | MC30 5,46 kg | Papier ordinaire | 75 kg | |
appareils Moisson | MC30 5,46 kg | Papier ordinaire | 80 kg | |
appareils à tige cannelée | MC30 5,46 kg | Papier ordinaire | 90 kg | |
boite à boulets | MC30 5,46 kg | Papier ordinaire | 100 kg | |
Canon revolver de 37 et canon de 37 TR | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BR 0,033 kg | Douille (cartouche) | 0,5 kg | 400 m/s |
obus en fonte explosif | BR 0,033 kg | Douille (cartouche) | 0,45 kg | 400 m/s |
Canon révolver de 47 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BR 0,078 kg | Douille (cartouche) | 1,13 kg | 450 m/s |
obus en fonte explosif | BR 0,078 kg | Douille (cartouche) | 0,08 kg | 450 m/s |
Canon de 47 TR | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM1 0,27 kg | Douille (cartouche) | 1,5 kg | 610 kg |
Obus en acier explosif | BM1 0,27 kg | Douille (cartouche) | 1,55 kg | 610 kg |
Canon de 65 de côte | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM 1,55 kg | Douille (cartouche) | 4,58 kg | 590 m/s |
Canon de 100 Mle 1897 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus à balles | BM7 3,7 kg | Douille | 14,185 kg | 760 m/s |
obus à charge arrière | BM7 3,7 kg | Douille | 14,185 kg | 760 m/s |
obus explosif en fonte | BM7 3,7 kg | Douille | 14,54 kg | 760 m/s |
Canon de 100 TR | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de 1/2 rupture | BM7 3,7 kg | Douille (cartouche) | 16 kg | 760 m/s |
Canon de 164,7 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | 52 kg | 860 m/s | ||
obus de 1/2 rupture | 52 kg | 860 m/s | ||
obus à balles | 52 kg | 860 m/s | ||
obus à charge arrière | 50 kg | 860 m/s | ||
Canon de 274 mle 96 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture coiffé | BM13 85 kg | Serge | 255 kg | 810 m/s |
obus de 1/2 rupture | BM13 85 kg | Serge | 255 kg | 810 m/s |
obus explosif en fonte | BM13 85 kg | Serge | 225 kg | 810 m/s |
Canon de 32 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM11 63,8 kg | Serge | 40 kg | 630 m/s |
obus explosif en fonte | BM11 63,8 kg | Serge | 360 kg | 630 m/s |
Canon de 305 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM13 111 kg | Serge | 340 kg | 810 m/s |
obus de 1/2 rupture | BM13 111 kg | Serge | 350 kg | 810 m/s |
obus explosif en fonte | BM13 111 kg | Serge | 300 kg | 810 m/s |
Canon de 370 Mle 79 | Charges en poudre | Récipient | Poids | Vitesse |
obus de rupture | BM13 104 kg | Serge | 560 kg | 500 m/s |
IV. – des projectiles
Musée de la Grande Guerre à Meaux. VAUBOURG Cédric
Nous avons vu que longtemps l’artillerie n’employa qu’un projectile sphérique, et pour quel motif on avait substitué à ce projectile sphérique un projectile de forme allongée auquel on pouvait communiquer, soit par des ailettes directrices, soit par une enveloppe forçante, un mouvement de rotation autour d’un axe invariable.
Bombes et obus.
Déjà à l’époque de l’artillerie lisse, on avait cherché à rendre le boulet plus meurtrier, ou à lui faire produire des effets de désorganisation plus marqués dans les milieux où il arrivait en y ménageant une chambre intérieure que l’on remplissait de poudre dont l’explosion déterminait, soit un effet de compression et de dispersion dans les maçonneries ou les terres, soit une gerbe d’éclats redoutables. On donnait à ces projectiles à charge intérieure, le nom de grenades, d’obus, de bombes, selon qu’ils étaient jetés à la main, tirés dans des canons courts à chambre spéciale ou obusiers, ou lancés par des pièces courtes massives, désignées sous le nom de mortiers.
L’adoption de la rayure permit ensuite d’allonger les projectiles.
Dès lors, il fallait, pour leur conserver un poids convenable, les évider, et il était naturel que les nouveaux engins fussent tous du type obus, c’est-à-dire renfermant une charge d’éclatement.
De nombreuses expériences montrèrent que la forme la plus avantageuse au point de vue tant du mouvement dans l’air que de l’engerbement, de la pose des ceintures, etc., était celle d’un cylindre droit terminé antérieurement par une partie ogivale.
Nous avons vu déjà qu’on avait assuré la rotation des projectiles par des ailettes directrices, pour les canons se chargeant par la bouche. Pour ceux chargés par la culasse, on employa d’abord une chemise de plomb se moulant dans les rayures, puis actuellement, une chemise mince avec des cordons en saillie en plomb ou en plomb durci, puis enfin des ceintures directrices en cuivre, dont on a cherché par une longue série d’expériences à déterminer le meilleur emplacement par rapport au culot du projectile.
Tantôt on admit des ceintures multiples comme en Autriche, les ceintures de l’arrière assurant le forcement et celles de l’avant donnant un point d’appui pour éviter le ballottement ou les battements du projectile, tantôt comme dans les obus français l’appui antérieur fut assuré par un léger renflement de l’ogive et l’on ne plaça qu’une ceinture à l’arrière.
Organisation du projectile au point de vue des effets à produire
Un ordre de considérations non moins important est relatif à l’organisation qui convient au projectile selon le but qu’on se propose d’atteindre, car il peut être destiné, soit à agir contre des troupes, soit à détruire des maçonneries, à bouleverser des parapets, soit enfin à perforer les cuirasses de navire ou les plaques de blindages qui recouvrent certaines parties de la fortification. De sorte qu’à ce point de vue les projectiles peuvent être divisés en projectiles de dispersion, en projectiles de destruction, en projectiles de rupture, et leur résistance, leur forme, leur mode de chargement intérieur doivent être en rapport avec ces destinations diverse.
1° Projectiles destinés à agir principalement contre les objectifs non animés
Obus de rupture ou obus R.
Les obus de rupture sont destinés à perforer et détruire les cuirassements et à produire ensuite le plus de dégâts possibles en arrière de la cuirasse. Les premiers projectiles de rupture étaient des boulets pleins, ogivaux ou cylindriques. Ces derniers, à tête plate ou légèrement bombée, perdaient vite leur vitesse dans l’air et leur tir n’avait guère de justesse. Par contre, ils produisaient sur les navires de dégâts locaux considérables et entamaient les cuirasses sous une incidence où les obus ogivaux ricochent.
Les obus de rupture actuellement en service en 1908 ont la forme ogivale. Les parois et principalement l’ogive ont une grande épaisseur en acier chromé.
L’angle ogival est de 45° environ pour tous les calibres. La forme ogivale convient bien à la conservation de la vitesse. De plus, à l’arrivée sur la plaque, la force vive du projectile est concentrée sur une surface très petite et ce dernier pénètre dans la cuirasse à la façon d’un coin.
L’inconvénient du projectile ogival est d’être facilement dévié quand l’obliquité du tir dépasse une certaine limite.
Pour que l’obus produise le maximum de dégâts possible, on ménage à l’intérieur une chambre à poudre de capacité forcément petite. La charge d’éclatement est constituée par de la poudre noire et l’inflammation est provoquée par l’échauffement résultant des chocs et des frottements des grains de poudre les uns contre les autres, au moment de l’arrivée sur la plaque et aussi par la chaleur absorbée par l’obus. Ce type d’obus pourra être équipés après 1894 d’une coiffe en acier doux pour augmenter sa résistance au blindage en perçant les plaques cémentées.
Obus explosifs.
On appelle ainsi les obus dont le chargement intérieur est constitué par un explosif brisant tel que la mélinite.
Les parois d’un obus explosif doivent présenter une épaisseur suffisante pour résister :
- 1° au choc au départ et aux pressions que le projectile supporte pendant son trajet dans l’âme.
- 2° au choc à l’arrivée, de manière que la rupture de l’obus ne soit déterminée que par la détonation de la charge intérieure. Si l’obus se brise avant cette détonation, les éclats n’ont pas toute la puissance destructive dont ils sont susceptibles et une partie de la charge peut être projetée sans exploser.
Dans certains cas, l’épaisseur des parois doit être telle que non seulement l’obus ne se brise pas à l’arrivée, mais encore pénètre dans des obstacles résistants tels que des plaques de blindage et n’éclate qu’après avoir traversé ou en traversant ces obstacles.
D’autre part, pour augmenter la puissance explosive de l’obus, on a intérêt à avoir une charge intérieure et par suite une capacité intérieure aussi grandes que possible.
Cette dernière condition est en contradiction avec les deux premières et suivant la nature de l’obstacle à attaquer, on sacrifie plus ou moins de la capacité intérieure à l’épaisseur des parois.
Obus de semi-rupture ou obus R/2.
Parmi les obus explosifs, on peut ranger l’obus de semi-rupture employé dans l’artillerie navale. Cet obus est destiné à perforer des blindages relativement peu épais et à produire en arrière du cuirassement d’importants effets de désorganisation.
Les obus de semi- rupture sont à paroi épaisse (1/5 a 1/7 du calibre ) quoique moins épaisse que celle des obus de rupture. Ils peuvent contenir une charge notable d’explosif, environ 6% de leur poids. Ils possèdent à la fois, quoique a une degré moindre, les propriétés des obus de rupture et celles des obus explosifs.
Comme les obus de ruptures, ils sont en acier forgé. Ils sont coiffés de la même coiffe que les obus de rupture du même calibre. Au début, ils étaient amorcés par l’ogive. Leur coiffe comportait un bouchon en acier chromé vissé sur la coiffe pour en former la pointe.
Ceux qu’on fabrique en 1908 sont amorcés par le culot, on obtient ainsi une ogive plus résistante, l’amorçage risque moins d’être brisé et de ne plus assurer la détonation du projectile.
Les obus de semi-rupture coiffés, chargés et amorcés ont le même poids que les obus ruptures coiffés et chargés du même calibre et la même longueur ( 3 calibres environ)
Obus en fonte chargés en explosifs ou obus ordinaire
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’artillerie française
Pour agir contre les maçonneries ou contre les terres, on employait en général l’obus ordinaire, c’est-à-dire un obus dans lequel les parois sont minces, de manière que la charge intérieure soit suffisamment forte car c’est surtout l’effet de cette charge qui déblaiera les débris de maçonnerie des brèches, qui soulèvera et dispersera les terres des parapets.
Depuis l’invention des nouveaux explosifs, la poudre noire a été remplacée dans ces projectiles par des matières plus puissantes, telles que la mélinite, la lyddite, le fulmi-coton et autres produits. Les obus ainsi chargés ont reçu le nom d’obus-mines ou d’obus torpilles.
La Guerre et la Marine utilisent des obus en fonte primitivement chargés en poudre et dans lesquels la mélinite a été substituée à la poudre. Ces obus sont dits obus ordinaires. L’épaisseur de leurs parois est d’environ 1/5 a 1/8 du calibre. Ils contiennent de 5 à 10% de de leur poids d’explosif.
Obus allongés ou obus à grande capacité.
VAUBOURG Julie
En dehors des obus de semi-rupture et des obus ordinaires en fonte, les obus explosifs, en service en France sont des obus allongés caractérisés par leur très grande capacité intérieure, due à leur grande longueur et à la faible épaisseur de leurs parois. L’emploi de l’acier embouti a permis de réduire au minimum l’épaisseur des parois, qui ne dopasse pas 1/10 à 1/15 du calibre.
Leur allongement n’est limité que par la nécessité de leur assurer une stabilité suffisante dans l’air. On a étudié des obus allongés de 6 calibres 1/2 de longueur, on s’est arrêté finalement à une longueur de 4 calibres environ, 4 calibres 1/2 au maximum. Le poids de l’explosif peut s’élever à 20 ou 30% du poids du projectile. Ces obus sont surtout destinés à transporter l’explosif au but.
Ils sont étamés puis vernis intérieurement et chargés en mélinite comprimée ; une précaution à prendre est de ne jamais laisser dans le chargement de vide, tel qu’une poche de retassure dans le refroidissement de la mélinite fondue. Le tassement qui se produirait au départ amènerait dans ce cas l’explosion de l’obus dans l’âme du canon.
Les obus allongés ne sont pas en général tirés à des vitesses supérieures à 500 mètres.
Au point de vue des obstacles de campagne, les obus torpilles détruisent rapidement les réseaux de fils de fer quand ils éclatent au contact du sol sous ces réseaux. Ils nettoient dans ce cas une surface de huit mètres carrés en brisant les piquets et coupant les fils dans tous les sens.
Ils rasent les taillis et hachent les branches d’arbres ou coupent les troncs d’arbres qui ont 30 centimètres au moins de diamètre, ce qui rend bientôt une lisière de bois intenable pour l’infanterie.
Ils font brèche dans les murs en machefer ou en pisé aussi facilement que dans la maçonnerie parce qu’ils en pulvérisent la matière.
Obus explosifs de l’artillerie française en 1911
Bouche à feu et projectiles | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | Rapport du poids de l’explosif au poids du projectile |
---|---|---|---|---|
canon de 65 de montage | ||||
obus allongé | 3,8 | 4,6 kg | ||
canon 75 modèle 1897 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus allongé | 3,1/2 | 5,315 kg | 0,825 kg | 16% |
canon de 80 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus allongé | 4 | 6,1 kg | 1,03 kg | 18% |
Canon de 90 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 8,2 kg | 0,4 kg | 5% |
obus allongé | 4 | 8,450 kg | 1,68 kg | 19% |
Canon de 95 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 11,2 kg | 0,5 kg | 5% |
obus allongé | 4,1/2 | 12,09 kg | 2 | 16,5% |
Canon de 120 long et 120 court | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 18,7 kg | 1,1 kg | 6% |
obus allongé | 4 | 20,35 kg | 4,21 kg | 20,6% |
Canon de 155 long, 155 court modèle 1881 et 155 court TR | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 4 | 41,3 kg | 2,4 kg | 5,8% |
obus allongé | 4 | 43 kg | 10,2 kg | 24% |
obus allongé Mle 1894 | 4,1/2 | 43,7 kg | 12 kg | 27,5% |
Mortier de 220 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 102 kg | 10 kg | 10% |
obus allongé | 4,1/2 | 118 kg | 36,4 kg | 30% |
Mortier de 270 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
Obus en acier Mle 1893 | 3 | 147,5 kg | 31 kg | 24% |
Obus en acier Mle 1901 | 3,2 | 152,2 kg | 36,8 kg | |
Canon de 240 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 157,5 kg | ||
obus allongé | 4 | 163 kg | 35 kg | 21% |
Canon de 19 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
Obus en acier | 86 kg | 17kg | 20% | |
Canon de 27 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3 | 224 kg | 24 kg | 11% |
Canon de 32 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Poids en mélinite | % de l’explosif au poids du projectile |
obus ordinaire en fonte | 3,1/2 | 359 kg | 40kg | 10% |
2º Projectiles destinés à agir contre les troupes ou de dispersion.
Les projectiles destinés à agir contre les buts animés doivent avoir une action efficace étendue et régulière. La forme irrégulière des fragments des obus explosifs les rend impropres à conserver leur vitesse dans l’air, d’autre part le poids de ces fragments est très variable. Leur action n’est donc ni étendue ni régulière.
Les 1ers obus destinés à agir contre le personnel étaient en fonte, creux et remplis de poudre. Leurs éclats étaient irréguliers comme forme et comme importance.
On prépara leur fragmentation systématique (obus en fonte à double paroi, a couronnes de balles) pour obtenir de meilleurs résultats, mais les fragments, étant polyédriques, ne conservaient pas leur vitesse dans l’air. L’action de ces obus manquait d’étendue.
Ce n’est qu’en chargeant les obus à balles de plomb (actuellement sphériques) qu’on est parvenu à assurer étendue et la régularité des effets des projectiles contre le personnel.
Les obus à balles ou shrapnels, que nous allons étudier, sont en principe destinés à être employés contre les troupes. Mais on est arrivé à assembler leurs éléments avec assez de solidité pour qu’on puisse également les utiliser contre les obstacles. Shrapnel est un officier anglais qui eut le premier, en 1803, l’idée de renfermer des balles dans des obus et de faire éclater ces obus pendant leur trajet dans l’air.
Il y a de nombreux modèles d’obus à balles. Les divers modèles différents entre eux surtout par les proportions et la position respective des divers éléments qui les constituent.
Obus à fragmentation systématique
Comme l’action la plus redoutable quand on agit contre des troupes résulte de la gerbe d’éclats produite, on cherche à en augmenter et en régulariser la production.
C’est ainsi que l’on adopta des obus à double paroi, composés de deux projectiles en fonte coulés l’un sur l’autre, l’intérieur présentant en saillie des pyramides quadrangulaires et par suite des séries de lignes de rupture. Ce projectile, d’une fabrication difficile, est abandonné après 1895.
Obus à couronnes
Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences de l’artillerie française
Vint ensuite le type d’obus à couronnes du général Uchatius, composé comme le précédent d’un obus intérieur formé de couronnes horizontales dentelées et d’une enveloppe extérieure.
Obus à couronnes de balles
Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences de l’artillerie française
Le dernier terme de cette progression est celui où les joints de rupture sont non seulement préparés, mais remplacés par des segments séparés dans chaque couronne, de sorte que la paroi intérieure est formée par des couronnes de balles qui ont la figure de sphères présentant de larges méplats. Lesquelles sont reliées ensemble par des cordons, de manière à éviter la pression qu’elles produiraient sur l’enveloppe si elles étaient isolées les unes des autres par suite du mouvement de rotation du projectile.
Organisation de l’obus à balles
Nous considérerons successivement : l’enveloppe, les balles et la charge.
L’enveloppe.
L’épaisseur des parois est réduite au strict nécessaire, afin d’augmenter, autant que possible, le nombre des balles contenues dans l’obus. L’enveloppe doit cependant pouvoir résister à la poussée des gaz de la poudre et à la pression des balles, qui, refoulées en arrière au départ du coup, ont, de plus, sous l’action de la force centrifuge, une tendance à repousser latéralement les parois de l’enveloppe. Dans certains cas, l’enveloppe doit aussi résister à l’explosion de la charge intérieure du projectile.
Les balles.
Les balles sont refoulées à l’arriéré par le, choc au départ et ont une tendance à s’écraser. Il faut donc qu’elles soient suffisamment résistantes pour s’opposer à l’effort d’écrasement. En outre, leur densité doit être grande afin de bien conserver leur vitesse dans l’air.
La fonte et le fer forgé ont été successivement employés pour la confection des balles. On emploie maintenant le plomb durci par l’addition d’antimoine (9/10 de P b, 1/10 de Sb).
La forme sphérique est celle qui convient le mieux au mouvement dans l’air, car les balles sont lancées dans une direction quelconque et peuvent être soumises à la résistance de l’air en tous les points de leur surface.
Les balles sont immobilisées dans le projectile, soit par des dispositifs résultant de la construction même de l’obus, soit par une matière coulée dans leurs interstices (colophane, résine, soufre ).
Cette précaution a pour but d’empêcher la déformation des balles, la rupture de l’enveloppe-qui en serait la conséquence et en outre le déplacement du centre de gravité.
La force vive des balles doit être suffisante pour produire des effets meurtriers sur le personnel, et mettre hors de combat un soldat revêtu de son habillement d’hiver.
La charge explosive.
La charge explosive peut être placée dans un tube central (obus à charge centrale), ou dans une chambre ménagée dans l’ogive (obus a charge avant), ou dans une chambre ménagée au culot (obus à charge arrière). La charge peut aussi être mélangée aux balles.
La charge explosive est toujours constituée par de la poudre à grains fins (poudre F3 ), dont les grains sont moins susceptibles de s’agglomérer que ceux des autres poudres au départ du coup. Cette agglomération des grains porte le nom d’enrochement.
Obus à charge centrale.
La charge centrale a pour effet d’augmenter la dispersion des balles. Cette disposition ne se trouve plus que dans l’obus à mitraille de 155, où elle est d’ailleurs combinée avec la charge avant.
L’emploi des charges centrales nécessite certaines précautions pour assurer la régularisation de leur inflammation sur toute leur longueur et, en particulier, dans les parties enrochées au fond du tube. La charge est renfermée dans un tube d’acier fixé par un sertissage à la grenade et aboutissant au culot.
Dans l’obus de 155, la précaution prise consiste à placer dans l’axe du tube, une planchette de chargement ABCD qui se compose d’un bâtonnet A B et d’une bande de recouvrement C D réunis par une ligature en ficelle. Le bâtonnet A B porte sur la face recouverte par la bande de recouvrement C D des sillons qui se croisent en losange en débouchant sur les faces latérales. Ils sont destinés simplement à ménager un passage aux gaz enflammés au moment où la fusée fonctionne.
Obus à charge avant
Dans ce cas, la vitesse due à l’explosion tend évidemment, à diminuer la vitesse que les balles possèdent au moment de l’explosion.
Pour ne pas trop diminuer cette vitesse on est conduit à employer des charges explosives très faibles. Mais cela entraîne une diminution de la visibilité du point d’éclatement.
En revanche, cette disposition de la charge présente certains avantages. La fusée étant voisine de la charge, les chances de raté par non-transmission du feu sont faibles et l’influence de la variation du mode d’inflammation d’un coup à l’autre est, aussi réduite que possible.
Dans les premiers obus à balles de ce type (canons de 5 et de 7, matériel de Reffye), l’enveloppe en fonte était épaisse constituant un poids mort considérable, les balles du poids de 20gr en petit nombre, la fragmentation mauvaise. Quelquefois même cette enveloppe restait presque entière après l’explosion avec son chargement de balles plus ou moins agglomérées.
Obus à mitraille
Un grand progrès fut réalisé lors de l’adoption de l’obus à mitraille encore en service pour les calibres de 80 – 90 – 95 –120 L – 155 L – 155 C. Dans ces obus l’enveloppe, réduite à une tôle d’acier emboutie de faible épaisseur ( 2,3 pour le 90 ), n’est qu’un véhicule de balles. Le chargement est organisé de manière à obtenir un bloc assez solide pour le tir contre les obstacles.
L’obus à mitraille de 90 comprend 7 galettes en fonte, bien dressées, empilées sur un culot en acier, et une grenade en fonte destinée à recevoir la charge explosive. La face inférieure de la grenade, les deux faces de chaque galette et la face supérieure du culot présentent des alvéoles demi-sphériques où sont logées les balles (de 15gr pour obus a mitraille de campagne, de 20 gr pour le 95 et le 120, 25 gr pour le 155).
Des vides pratiqués dans les galettes assurent la fragmentation en morceaux de formes irrégulières, mais voisins de la forme sphérique.
Du charbon de bois en poudre fine remplit tous les vides du chargement. Il donne au moment de l’explosion un nuage susceptible de renforcer celui que produit la charge explosive.
L’enveloppe en tôle mince qui recouvre le tout vient se sertir dans la gorge du culot. La réunion de ces deux parties est assurée par la ceinture qui est sertie dans cette gorge. (Le projectile de 155 a une partie de sa charge dans un tube central, comme il a été dit ).
Le choc au départ suffit pour achever la fragmentation des galettes en fonte, et la charge d’éclatement n’a plus qu’à ouvrir l’enveloppe au moment voulu. La fragmentation est bonne, le poids mort (enveloppe et culot) est réduit au minimum et le chargement est bien compact.
L’obus à mitraille a été pendant longtemps le projectile unique de l’artillerie de campagne. Les inconvénients de cet obus résultent de la position défectueuse de la charge, et de son poids trop faible (le nuage de fumée est peu visible) et aussi du trop petit nombre de balles qu’il renferme.
Obus à charge arrière
L’idée d’organiser ainsi les projectiles est ancienne et parait avoir pris naissance en Angleterre par Schrapnel Boxer, grâce à une ogive en bois. Dans ce mode d’organisation, la vitesse due à l’explosion est dirigée comme celle de l’obus au point d’éclatement et s’y ajoute. Mais il faut que l’enveloppe soit suffisamment résistante pour ne pas se rompre avant la projection des balles.
L’obus peut être considéré comme une sorte de petite bouche à feu qui, transportée à quelques mètres de l’ennemi, y projette une gerbe de mitraille. Les obus à balles à charge arrière présentent cependant quelques défauts dûs aux causes suivantes :
- 1° Pour mettre la charge d’éclatement à l’abri de l’échauffement que produiraient les fortes compressions que subit l’arrière de l’obus au départ, il a fallu placer au-dessus d’elle un diaphragme épais, sans lequel les éclatements prématurés seraient à redouter. Ce diaphragme constitue un poids mort.
- 2° Le corps d’obus, qui doit soutenir ce diaphragme, doit être renforcé à cet effet et, de plus, ne doit pas se fragmenter pour constituer une petite bouche à feu, d’où, augmentation du poids mort.
- 3° La crainte de ne pouvoir bien assurer l’étanchéité des joints au culot et d’avoir par suite des éclatements prématurés a empêché jusqu’à présent l’emploi des fusées au culot. La fusée est vissée dans l’ogive et un dispositif est nécessaire pour transmettre le feu à la charge arrière. De là un léger poids mort et un espace perdu pour les balles.
Quoiqu’il en soit, les obus à charge arrière existants se sont montres franchement supérieurs aux obus à mitraille de même calibre. Ils sont très en faveur à l’étranger et dans l’artillerie navale en France.
Comme type d’obus à charge arrière, nous prendrons l’obus a balle de 120 modèle 1891, destiné au canon de 120 court.
Le corps d’obus est en acier embouti, le tube de prise de feu, en acier doux étiré est muni à sa partie supérieure d’une tulipe en laiton qui reçoit la queue de la fusée. Les balles au nombre de 630 pèsent 12 grammes. Les interstices des balles sont remplis avec un mélange de résine et de cire jaune qui assure une bonne fixité du chargement.
Le chargement des balles s’appuie à la partie inférieure sur un diaphragme qui sépare la chambre à balles de la chambre à poudre. Un autre diaphragme, en forme de cuvette, dont les parois latérales s’appuient sur le joint du corps d’obus et de l’ogive, surmonte le chargement en balles. L’ogive reste vide.
Le canon de 75 tire un obus analogue, mais l’ogive contient des balles.
Les obus de ce type, en service dans la Marine, n’ont pas de diaphragme supérieur. Leurs balles sont de 26 grammes (calibres de 100 – 138,6 – 164,7). La charge d’éclatement est également plus forte que dans l’artillerie de terre. Les balles ont ainsi une plus grande force vive et peuvent percer les tôles de faible épaisseur des masques derrière lesquels s’abritent sur les navires les servants de la petite artillerie.
La charge d’éclatement des obus de l’artillerie de terre est relativement faible parce qu’on n’a pas voulu trop réduire le nombre de balles. La fumée produite par l’explosion est cependant plus visible que pour l’obus à mitraille.
Ce fait doit être attribué à ce que, l’obus fonctionnant comme une petite bouche à feu, le nuage de fumée est chassé sur une certaine longueur suivant la direction de l’axe de l’obus.
Obus à charge mélangée aux balles.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’Artillerie française
La poudre est suffisamment comprimée pour maintenir les balles. Le mélange poudre-balles est soumis, au moyen d’une presse, a des pressions comparables à celles subies pendant le tir (10 kg par millimètre carré). Pour assurer la combustion de la totalité de la poudre, il faut assurer l’inflammation de la charge en commençant par le bas, bien que la fusée soit vissée dans l’ogive. La mise de feu est obtenue par un tube central percé de trous à la partie inférieure, dans lequel on place une planchette d’inflammation munie de 4 brins de mâche à étoupille.
La partie supérieure du mélange balles-obus est recouverte d’une couche de salpêtre comprimé. Les premiers obus à charge mélangée ne contenaient que de la poudre, ce qui déterminait l’éclatement de leur corps au tir Quand il fut reconnu que le fait de faire canon est avantageux pour un obus au point de vue de la vitesse supplémentaire qu’il imprime aux balles, on diminua la charge intérieure de poudre des obus à charge mélangée. L’enveloppe est en acier, susceptible de résister à l’explosion de la charge intérieure, laquelle est relativement forte. L’ogive, en acier, est vissé à la partie supérieure.
- L’obus Robin à balles de 80 modèle 1895 A, employé à l’Ecole centrale de Pyrotechnie de Bourges contient 180 balles agglomérées, l’ogive est vide.
- L’obus de 75 modèle 1897 M contient 290 balles, l’ogive en contient 23.
Les balles sont de 12 grammes et la charge intérieure donne un surcroit de vitesse de 90m environ.
La vitesse de combustion de la charge est diminuée par la compression de la poudre. L’obus mettant plus de temps à se vider que l’obus à charge arrière, l’angle sous-tendu par le contour apparent du nuage de fumée produit par l’explosion est supérieur à celui du nuage de l’obus à charge arrière. La quantité de poudre contenue dans l » obus à charge mélangée est d’ailleurs notablement supérieure à celle contenue dans l’obus à charge arrière (440gr au lieu de 110).
Boîte à mitraille.
Les boîtes à mitraille sont destinées à la défense rapprochée où l’on veut agir à courte distance sur des fantassins ou des cavaliers s’avançant à découvert et rapidement. Elles sont employées dans tous les canons de campagne et de siège autres que les canons récents ( 75 et 65 ).
Leur action est assez étendue en profondeur pour que leur emploi dispense de tout réglage de tir et permette même de se contenter d’un pointage approximatif.
Cependant, la portée de ces engins est faible (5 à 600 mètres au maximum), car la boîte se brisant dans l’âme, il existe de grands vents et en outre de simples balles sphériques perdent assez vite leur vitesse.
La boîte à mitraille se compose d’un corps de boîte cylindrique en zinc muni aux deux extrémités de franges rabattues dans les entailles d’un culot et d’un couvercle également en zinc. Sur le culot est maintenue, par des vis, la rondelle arrêtoir en bois portant une anse de fer.
Elle contient des balles en plomb durci reliées par du soufre fondu. Le poids des balles est de 44 grammes pour les calibres 80, 90, 95 et 120 ; 66 grammes pour le 155.
Il est nécessaire de donner un poids relativement fort aux balles des boîtes à mitraille afin qu’elles conservent le mieux possible leur vitesse.
L’adoption de la poudre BC a fait munir les boites à mitraille d’une ceinture en cuivre, qui peut tourner dans son logement et n’a d’autre but que d’assurer un forcement suffisant nécessaire à l’explosion des nouvelles poudres.
La vitesse des balles est d’environ les 9/10 de celle de l’obus. La gerbe des boîtes à mitraille est comparable à celle des obus à balles a gerbe étroite. L’ouverture totale est de 6°.
Projectiles à balle de l’artillerie française en 1911
Bouche à feu et projectiles | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
---|---|---|---|---|
canon de 57 TR | ||||
à balles charge arrière | 2,240 kg | 80 balles de 12 g | 0,17 kg de F3 | |
canon de 65 de montagne | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à balles charge arrière | 3,6 | 7,25 kg | 138 balles de 12 gr | 0,11 kg de F3 |
canon 75 modèle 1897 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à balles charge arrière | 3,5 | 7,25 kg | 260 balles de 12 g | 0,11 kg |
à balles charge mélengée | 3,7 | 7,24 kg | 290 balles de 12 g | 0,44 kg |
canon de 80 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à mitraille | 2,8 | 6,3 kg | 122 balles de 15 g et 42 frags de 26 g | 0,08 kg |
à balles charge arrière | 2,8 | 6,315 kg | 290 balles de 12 g | 0,35 kg |
boites à mitraille | 5,55 kg | 85 balles de 44 g | ||
Canon de 90 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à mitraille | 3,3 | 8,685 kg | 160 balles de 15 g et 77 frags de 25 g | 0,13 kg |
boites à mitraille | 7,48 kg | 123 balles de 44 g | ||
Canon de 95 | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à mitraille | 3,6 | 12,3 kg | 160 balles de 22 g et 90 frags de 32 g | 0,175 kg |
boites à mitraille | 10,97 kg | 123 balles de 44 g | ||
Canon de 120 long et 120 court | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | Charge d’éclatement |
à mitraille | 3,3 | 19,2 kg | 280 balles de 20 g et 135 frag de 35 g | 0,21 kg |
à balles charge arrière | 20,35 kg | 640 balles de 12 g | 0,28 kg | |
boites à mitraille | 18,55 kg | 282 balles de 44 g | ||
Canon de 155 long, 155 court Mle 1881 et 155 TR | Longueur en calibre | Poids de l’obus chargé | Nombre et poids de balles | |
à mitraille | 3,3 | 40,8 kg | 416 balles de 25 g et 288 frag de 43 g | 0,56 kg MC30 |
boites à mitraille | 40 kg | 282 balles de 65 g |
Pouvoir incendiaire ou obus incendiaire.
Tous les obus contenant une charge de poudre noire sont incendiaires. Les obus à charge mélangée ont un pouvoir incendiaire supérieur à celui des autres obus.
Couleurs distinctives des obus.
Pour conserver les obus et aussi pour éviter toute confusion, les divers genres d’obus sont peints, extérieurement, de couleurs différentes.
Fusées
Conditions auxquelles doivent satisfaire les fusées.
Les fusses doivent satisfaire aux conditions suivantes :
- 1° Fonctionner avec certitude et jamais accidentellement, c’est à dire ne pas donner des éclatements prématurés, ce qui serait dangereux pour les troupes amies et même, dans le cas du tir à obus allongés, pour le personnel servant les canons. L’éclatement d’un obus allongé dans une bouche à feu, en acier à canon ordinairement employé, provoque l’éclatement de la pièce.
- 2° Fonctionner avec précision pour qu’on puisse faire éclater le projectile au point voulu.
- 3° Présenter toute sécurité dans les manipulations, les transports et les manœuvres, en particulier, pouvoir se fixer sur l’obus ou s’enlever sans difficulté ni danger. Ne s’armer ni fonctionner soit par efforts successifs, sans quoi les trépidations violentes des coffres en terrain varié amèneraient des accidents, soit si l’obus tombe accidentellement sur la pointe ou le culot.
- 4° Se conserver pendant plusieurs années sans détériorations, même dans les magasins les plus humides.
- 5° Enfin fonctionner aux diverses charges tirées dans le canon et être d’un réglage facile et rapide.
Les fusées sont les artifices qui servent à enflammer la charge intérieure des projectiles creux. On distingue deux classes de fusées :
- 1º Les fusées percutantes qui fonctionnent au choc de l’arrivée, c’est-à-dire au moment où le projectile est arrêté par un obstacle.
- 2º les fusées mixtes ou à double effet, qui peuvent fonctionner comme fusantes ou comme percutantes en faisant éclater l’obus en un point quelconque de sa trajectoire dans l’air, convenablement choisi.
Fusées percutantes – fusées fusantes.
Les fusées se divisent en deux grandes classes : les fusées percutantes et les fusées fusantes.
Les fusées simplement percutantes sont généralement employées avec les obus charges en explosif.
Les fusée à double effet. Les projectiles destinés à agir contre le personnel sont armés de fusées fonctionnant soit comme fusantes, soit comme percutantes, ces fusées sont dites à double effet.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification de l’Artillerie française
Les fusées sont généralement désignées par deux nombres dont le premier représente en millimètres le diamètre extérieur du filet de vis du corps de fusée et le second le plus grand diamètre du tronc de cône formant la tête de la fusée. Exemple : fusée de 22/31.
A – Fusées percutantes.
Les mécanismes des fusées percutantes de l’artillerie française peuvent se rapporter à deux principes :
- 1° Le principe de l’écrasement ou de refoulement.
- 2° Le principe de l’inertie.
Système à refoulement – fusée Desmaret
Le principe du refoulement n’est appliqué que dans la fusée Desmaret, modèle 1866, encore en service dans le canon de 12 culasse en 1914.
Lorsque le projectile rencontre un obstacle, le tampon est refoulé, par le choc, dans l’intérieur du corps de fusée. Son rugueux traverse la composition fulminante, l’enflamme, et le feu passe par la lumière dans l’intérieur de la fusée.
Pour que la fusée fonctionne, il est nécessaire que le projectile frappe le but par la pointe.
Principe de l’inertie.
Le principe de l’inertie est appliqué, de la façon suivante :
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Le mécanisme est contenu dans une boîte A B CD qui peut communiquer par un canal avec la charge d’éclatement. Ce mécanisme consiste en un rugueux fixe et un porte-amorce mobile dans le bâti. A l’arrêt brusque du projectile contre l’obstacle, le porte-amorce se porte en avant en vertu de l’inertie, frappe contre le rugueux. L’amorce enflamme la petite charge de poudre intérieure et le feu pénètre par le canal à l’intérieur de l’obus.
Le principe de l’inertie n’exige pas, comme dans le refoulement, que le projectile frappe exactement par la pointe, mais encore faut-il que la pointe se présente la première.
Il faut assurer l’immobilité du porte-amorce pendant les transports et les opérations du chargement au moyen d’une liaison susceptible d’être rompue, soit par la force d’inertie due au choc produit par le départ du coup, soit par la force centrifuge développée par la rotation du projectile, soit par la combustion d’un grain de poudre, comme dans les fusées allemandes. Les fusées actuelles différent surtout par ce mode de liaison.
Dans toutes les fusées françaises, le porte-amorce est libéré par inertie, au moment du départ du coup.
Dans ce cas un appareil de sûreté est nécessaire pour l’empêcher de se porter vers le rugueux pendant le trajet du projectile dans l’air : cet appareil est en général un ressort a boudin appelé ressort de sûreté.
Nécessité du ressort de sureté.
Si la résistance de l’air n’existait pas, le centre de gravité du projectile et celui du porte-amorce conserveraient la même position relative. Mais la résistance de l’air agit sur le projectile et non pas sur le porte-amorce qui tend à conserver sa vitesse horizontale comme dans le vide.
Si donc le porte-amorce n’était pas maintenu par un ressort de sûreté, il serait animé, par rapport au corps de la fusée d’un mouvement relatif lent qui pourrait amener peu à peu l’amorce au contact du rugueux. Il en résulterait soit des éclatements prématurés, soit des ratés au point de chute.
Le ressort de sûreté peut de plus, être utilisé a rendre la fusée plus ou moins dure, si l’on veut, par exemple, que l’obus puisse rencontrer sans éclater, de légers obstacles (branches d’arbre, etc.).
Fusée Budin modèle 1875-79.
Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences Artillerie française
Le corps de fusée en bronze, se visse dans l’œil de l’obus. Il est percé ‘un canal central, ferme à la partie inférieure par une rondelle en laiton où à la partie supérieure par un bouchon fileté, qui porte le rugueux et dans lequel est pratiquée une gorge de rupture. La fusée peut ainsi être décapitée par le choc contre un obstacle, sans que le rugueux soit dévié.
Le système percutant comprend : une masselotte en bronze, de forme tronconique. La grande base en haut, un porte-amorce en laiton, dont la chambre supérieure reçoit une amorce fulminante et la chambre inférieure de la poudre de chasse tassée. Un ressort d’armement à pinces, lame de laiton coiffant le porte-amorce est ployée en arrondi à chacune de ses extrémités, un ressort de sûreté à boudin, interposé entre le bouchon et la masselotte.
Au départ du coup, la masselotte écrase par inertie les oreilles du ressort à pinces et emboîte-le porte-amorce auquel elle se trouve alors réunie. La fusée est dite armée.
Une rondelle en carton empêche le rebondissement du percuteur (macelotte et porte-amorce réunis)
Lorsque le projectile rencontre un obstacle le percuteur se porte en avant en comprimant le ressort de sûreté et fait détoner la capsule au contact du rugueux.
Pendant le parcours dans l’air, deux causes empêchent le percuteur de se porter en avant :
1° le ressort de sûreté. 2° la forme tronconique de la masselotte qui, par suite du mouvement de rotation de l’obus, tend à pousser la masselotte vers l’arrière.
La fusée Budin fonctionne bien, mais exige pour s’armer que le projectile subisse une accélération initiale assez forte. Elle ne convient pas aux tirs à charges réduites. En outre le ressort à pinces manque l’élasticité et pourrait finir par s’aplatir à la suite de chocs répétés.
Elle est employée pour les obus ordinaires des canons de 80, de 90 et de 95.
Fusée percutante de Siège et Montagne modèle 1878-92 ou fusée SM
La liaison de la masselotte et du porte-amorce s’obtient de la façon suivante ; la masselotte présente une partie supérieure cylindrique percée de fenêtres par lesquelles passent de petites agrafes qui partent d’une couronne circulaire plate sertie extérieurement sur l’épaulement de la masselotte et nommé rondelle-agrafe ; de plus l’extrémité inférieure de la masselotte est striée intérieurement.
De son côté, le porte-amorce présente des stries a l’extérieur de sa partie supérieure, et porte à sa partie inférieure une embase en plomb. Enfin un ressort a boudin, nommé ressort d’armement, est compris entre l’embase en plomb du porte-amorce et l’épaulement de la masselotte, il empêche la fusée de s’armer pendant les transports.
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Au départ du coup, ce ressort est comprimé par, la masselotte, suivant la force de la charge, les agrafes franchissent un plus ou moins grand nombre de de stries et la fusée est toujours armée. Si la charge est plus forte, la masselotte recule jusqu’au fond et ce sont les stries de son extrémité inférieure qui la relient au porte-amorce en s’incrustant dans l’embase en plomb de ce dernier.
Cette fusée s’arme à toutes les vitesses et par suite ses qualités de sécurité sont faibles. Un projectile qui tomberait sur la pointe de 3 à 4 mètres de hauteur sur un corps dur, pourrait éclater.
En outre le mécanisme, occupe une grande longueur, ce qui peut gêner dans l’organisation intérieure des projectiles.
La fusée percutante SM arme les obus ordinaires de 120, 155, 220, 19 c/m et 24 c/m.
Mécanisme percutant système S modèle 1887.
Ce système, employé comme mécanisme percutant dans un certain nombre de fusées à double effet, qui arment les obus a mitraille des divers calibres, est un perfectionnement de la fusée de siège et montagne ci-dessus décrite, le porte-amorce a été allégé, l’ensemble a été rendu moins volumineux.
Les agrafes, au lieu d’être fixées à la masselotte, sont fixées au porte-amorce qui est coiffé a cet effet d’un dé-agrafe ; le porte-amorce est en outre muni d’un manchon strié en tain.
La masselotte présente à l’extérieur un renflement vers sa partie supérieure, un ressort a boudin d’armement prend appui d’une part sur l’embase du porte-amorce et d’autre part sous le renflement de la masselotte.
Au départ du coup, selon que la charge est plus ou moins forte, les branches du dé franchissent un plus ou moins grand nombre de stries de la masselotte et l’étain peut se trouver plus ou moins refoulé dans ces stries.
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Fusée de 22 /31 système R modèle 1888 ou fusée Robin.
Cette fusée de l’artillerie française, peu volumineuse, a été adoptée pour les obus allongés de moyens et petits calibres. Elle présente un dispositif de sûreté destiné à la préserver d’un fonctionnement accidentel, résultat qui n’a pas été atteint d’une manière absolue.
Elle comprend :
- 1° Un bouchon rugueux R vissé dans la tête de fusée et contenant 3 chambres à poudre destinée à augmenter le jet de flame lors du fonctionnement, de la fusée.
- 2° Une masselotte dans laquelle sont découpées trois fenêtres avec languettes repliées à l’intérieur (agrafes d’armement).
- 3° Un porte-amorce, présentant deux épaulements et contenant, un brin de mèche a étoupille pour favoriser la propagation rapide du feu.
- 4° Un ressort d’armement interposé entre le porte-amorce et la masselotte.
- 5° Un ressort de sûreté, vissé dans le porte-amorce et dans le bouchon de queue. Il agit par extension et empêche le rebondissement du porte-amorce au choc d’armement.
- 6° Un cylindre agrafe occupant toute la hauteur du vide intérieur du corps de fusée. Il porte à la partie inférieure, comme la masselotte, 3 fenêtres présentant chacune une languette appelée agrafe de sûreté. (Les agrafes, reposent sur l’épaulement inférieur circulaire du porte-amorce).
- 7° Un bouchon de queue fileté intérieurement, le filetage intérieur servant à maintenir le ressort de sûreté.
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Fonctionnement
Quand la fusée n’est pas armée, 3 causes empêchent le porte-amorce d’aller frapper le rugueux :
- 1° le ressort d’armement.
- 2° le ressort de sûreté.
- 3° les agrafes de sûreté.
Au départ du coup la masselotte comprime le ressort d’armement, sec agrafes viennent s’arc-bouter sous l’épaulement supérieur circulaire du porte-amorce en même temps que la partie inférieure de la masselotte redresse les agrafes de sûreté qui cessent alors de s’appuyer sur le porte-amorce. Le ressort de sûreté remplit le même rôle que dans les fusées précédentes, mais, ici, il agit par extension. A l’arrêt brusque, il cède sous la poussée du percuteur qui vient frapper contre le rugueux.
Ce qui rend la sécurité un peu douteuse avec cette fusée, c’est que les agrafes de sûreté ont une tendance au redressement. Les fusées Mle R ne sont plus fabriquées depuis 1895.
Fusée de culot pour petits calibres
Ainsi les obus des canons-revolver de 37,47 et 53 mm et des pièces de petits calibres à tir rapide sont armés d’une fusée de culot.
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Dans cette fusée le percuteur est maintenu au fond du corps de fusée par deux freins en plomb. A l’arrivée les freins sont cisaillés par le marteau qui continue son chemin par l’inertie et l’amorce portée par lui est projetée sur le rugueux.
Le cisaillement des freins donne naissance à un retard d’inflammation qui est suffisant pour que le projectile ait le temps de pénétrer dans l’obstacle avant d’éclater. Le fonctionnement de cette fusée est dur et peut donner lieu à des ratés nombreux, si le choc à l’arrivée est insuffisant.
Mécanismes à friction
Le percuteur ou marteau est soutenu au milieu de la longueur de la cavité du corps de fusée par 2 freins en plomb, en forme de tronc de cône, opposés par la petite base. Au départ du coup les freins sont cisaillés, le marteau est précipité en arrière et va prendre appui contre deux fortes goupilles d’arrêt.
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Le choc est d’ailleurs amorti par une rondelle en plomb durci placée au-dessus des goupilles. On a pratiqué dans le corps du mécanisme, en regard des freins, deux entailles inclinées. On ménage aussi entre le corps du mécanisme et l’œil de l’obus un espace libre dans lequel la partie cisaillée extérieure du frein peut s’échapper facilement en raison de sa forme tronconique et du mouvement de rotation du projectile. Elle ne peut gêner, de cette façon, le mouvement en avant du marteau à l’arrivée.
Cette fusée est munie d’un ressort de sûreté qui joue le même rôle que dans les fusées de l’artillerie de terre.
Ces fusées ou mécanismes arment les obus explosifs de la Marine.
Fusées-de-culot
Les fusées de culot actuelles fonctionnent par double réaction, comme les fusées percutantes d’ogive. Le percuteur est libéré au départ du coup, puis l’amorce vient frapper le rugueux, lorsque le projectile rencontre un obstacle.
Elles sont utilisées dans les obus de semi-rupture charges en explosif, en France, comme à l’étranger et aussi dans certains obus en fonte chargés en poudre noire (Marines Anglaises et Allemande). Après 1908, Les nouveaux obus de rupture chargés en explosif seront munis d’une fusée de culot.
On étudie également leur emploi pour les obus allongés chargés en explosif. Les fusées d’ogive se brisent en effet assez souvent, dans le tir contre les cuirassements et le projectile peut ne pas détoner.
Cependant l’amorçage du culot est assez difficile à organiser en raison du choc auquel il est soumis au départ du coup et des dangers de passage des gaz dans l’obus, ce qui amènerait l’explosion du projectile dans l’âme.
Amorçage des obus explosifs.
Lorsque la fusée doit faire détoner un projectile charge en explosif, elle est accompagnée d’un système d’amorçage spécial pour assurer la détonation. L’amorçage consiste à introduire dans une gaine en acier doux qui se visse dans l’œil de l’obus, un détonateur, puis une fusée.
Le détonateur comprend une charge de mélinite pulvérulente, une amorce et un bouchon porte-retard qui contient un massif de poudre comprimée avec âme centrale. Il est calé par une rondelle en feutre.
A l’arrivée du projectile, la fusée enflamme la composition porte-retard, celle-ci fait détoner l’amorce qui agit sur la mélinite pulvérulente et l’obus éclate.
En France les obus allonges sont, en général, conservés chargés, mais non amorcés, la gaine métallique étant fermée par un bouchon.
La détonation d’une charge d’explosif brisant détermine la détonation par influence des charges analogues voisines. La distance minimum à laquelle s’exerce cette influence varie avec l’importance de la charge-amorce. La détonation d’un obus explosif détermine donc celle de tout obus également charge en explosif qui se trouve à distance suffisamment rapprochée.
B – Fusées fusantes à double effet.
Les systèmes fusants de l’artillerie française sont basés sur la propriété du pulvérin comprimé de brûler lentement et régulièrement. En France la compression du pulvérin se fait par étirage d’un tube en plomb qui le renferme. Elle doit être réglée de façon à obtenir une grande régularité et une grande lenteur de combustion, de telle sorte que la longueur du tube qui correspond à une seconde de durée soit assez grande pour pouvoir être subdivisée dans la pratique.
Dans les fusées à cadran la compression se fait à la presse. La vitesse de combustion de nos tubes fusants est d’un centimètre environ par seconde.
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Cet appareil est contenu dans la tête de la fusée. Un tube fusant est enroulé en hélice sur un tronc de cône creux en métal mou (Plomb, étain et antimoine) appelé barillet. Ce barillet est coiffé par un chapeau de même forme, sur lequel sont tracées les graduations en durée le long d’une rainure hélicoïdale, qui diminue l’épaisseur du chapeau dans les parties qui correspondent au tube fusant. L’extrémité de ce dernier, du côté de l’origine des graduations communique, par l’intermédiaire d’une chambre a poudre, avec l’appareil percutant placé à la partie inférieure de la fusée et par conséquent avec la charge d’éclatement du projectile.
La tige creuse centrale contient l’appareil concutant qui fonctionne par inertie. Au départ du coup, le concuteur comprime un ressort à boudin et vient frapper l’amorce fulminante qui, allume la rondelle de poudre M grâce aux évents.
L’espace compris entre le tube central et le barillet est envahi par les gaz qui enflamment la composition fusante, au point où le barillet a été percé. Le tube fusant communique le feu à la charge d’éclatement, en passant par la chambre à poudre du plateau et par l’appareil percutant.
Si on n’a pas débouché d’évent ou si celui qui a été débouché correspond à une durée « supérieure à celle du trajet, l’appareil percutant fonctionne comme s’il était seul.
L’appareil concutant fonctionne toujours au départ, dans le cas où aucun évent n’a été débouche. Un trou d’échappement est pratiqué à travers le barillet et le chapeau pour livrer passage aux gaz provenant de la combustion de la rondelle de poudre. La rupture du barillet causerait l’explosion immédiate du projectile.
Il est également indispensable, pour la même raison, de fermer hermétiquement le joint du barillet et du plateau au moyen d’une coupelle obturatrice.
Les derniers modèles de fusées à double effet adoptés ne présentent plus ce joint dangereux. Le barillet en laiton fait partie du corps de fusée. La tige de l’appareil concutant est vissée sur le barillet et a son embase maintenue par une cavité du corps de fusée (Fusée Modèle 1897 et Fusses modèle 1899 de la Marine).
Remarque.
Le système fusant actuel est sûr et précis, il se conserve bien et fonctionne à toutes les charges. Il ne serait dangereux, dans les manipulations, que si un évent était débouché. Il suffit en effet de laisser tomber sur le culot, d’une hauteur de 1m30, un projectile armé de la fusée de 30/38, pour que le système concutant fonctionne. De là la nécessité de ne jamais conserver des obus ayant des évents débouchés.
Coiffes.
La tête des fusées à double effet reçoit une coiffe en étain, doublée intérieurement de papier goudron, destinée à la préserver de l’humidité. La fusée Mle 1897 a tous ses éléments étamés extérieurement et l’étanchéité est obtenue au moyen de soudures. Elle est en outre munie d’une gaine protectrice.
Anciennes fusées fusantes.
Les bombes des mortiers lisses sont tirées avec des vitesses initiales inférieures à la vitesse nécessaire à l’armement des fusées : 125 m. Elles sont armées avec l’ancienne fusée fusante en bois. La coupe ci-dessous, avec la légende suffisent à leur description.
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Fonctionnement
On perce un trou à l’endroit convenable avant de mettre la fusée en place sur le projectile.
Quand le coup part, les gaz de la charge enflamment la mèche à l’étoupille qu’on à mise à nu en enlevant la toile goudronnée destinée à protéger la fusée de l’humidité. Le feu se communique à l’amorce, puis à la composition fusante et lorsqu’il arrive à hauteur du trou percé, il enflamme la charge d’éclatement. La fusée porte une graduation formée par des traits et des trous amorcés à l’extérieur du corps de la fusée. Ces trous numérotés de 2 en 2 indiquent les durées en secondes. Le système d’artillerie de 1859 comportait des fusées en bronze à 2, 4 et 6 durées.
Qualités nécessaires aux diverses artilleries
Maintenant que nous connaissons les éléments fondamentaux du matériel d’artillerie, nous pouvons revenir en connaissance de cause à l’étude des diverses catégories de ce matériel et indiquer d’une manière générale les conditions essentielles qu’elles doivent remplir.
Artillerie française de campagne.
Le rôle de l’artillerie française de campagne, destinée à agir sur les champs de bataille est multiple, par suite, les qualités qu’elle doit posséder sont diverses, quelquefois contradictoires et difficiles à concilier.
L’artillerie de campagne française doit en effet :
- 1º Engager le combat.
- 2º Couvrir le déploiement des troupes des autres armes.
- 3º Contenir et occuper l’ennemi par son feu en entretenant l’action aux distances où n’atteignent pas les armes portatives.
- 4º Combattre l’artillerie ennemie.
- 5º Préparer l’attaque décisive par des feux rapprochés.
- 6º Concourir d’une manière spéciale à certains détails du combat, tels que : attaque et défense des villages, des postes retranchés, passage des défilés, des cours d’eau, etc.
- 7º Aider à la poursuite de l’ennemi battu ; opérer seule au besoin cette poursuite par ses feux, si les obstacles du terrain contrarient l’action des autres armes.
- 8º Protéger les retraites.
Pour remplir convenablement les 1º, 2º, 5º, 6º et 7º parties de ce programme, l’artillerie de campagne doit pouvoir accompagner et même parfois précéder les autres troupes. Il est donc indispensable qu’elle ait une grande mobilité. Cela conduit à exclure de son service les pièces de gros calibre, à cause de leur pesanteur et du difficile transport de leurs munitions et de leurs armements.
D’autre part, pour satisfaire aux conditions indiquées dans les paragraphes 3, 4, 7 et 8 ci-dessus, l’artillerie de campagne doit avoir une puissance et une portée considérables. Cette nouvelle considération tend à faire exclure à leur tour du matériel de campagne les pièces de faible calibre.
Les 3º, 4°, 7°, 8º et 5º paragraphes, ce dernier surtout, exigent en outre que l’artillerie française de campagne puisse produire des effets très meurtriers et irrésistibles sur un point et à un moment donné. Une grande justesse et une grande rapidité dans le tir deviennent alors nécessaires.
Du reste, une artillerie de campagne parfaite par ailleurs mais insuffisamment résistante, insuffisamment rustique, serait au bout de peu de temps hors de service et par suite plus embarrassante qu’utile. Une bonne artillerie de campagne doit donc allier dans de sages proportions la mobilité, la puissance et la solidité.
Cela revient à dire que son matériel doit être à la fois léger, résistant, meurtrier, doué d’une grande portée et d’une grande justesse, et susceptible d’exécuter des feux rapides. Il doit en outre ne comprendre qu’un nombre très restreint de calibres. La diversité des pièces entraine en effet la diversité des munitions. Elle introduit dans la question toujours difficile du réapprovisionnement des batteries une complication qui peut entrainer les plus graves conséquences.
On voit que le problème ne peut recevoir de solution absolument satisfaisante à tous les points de vue.
Artillerie française de montagne.
L’artillerie française de montagne est, comme son nom l’indique, destinée à la guerre en pays de montagne. Elle doit par conséquent pouvoir passer par les chemins escarpés, difficiles et étroits, c’est-à-dire être légère et peu embarrassante. A ces qualités, sans lesquelles elle ne saurait exister, on est donc obligé de sacrifier en partie les propriétés indiquées précédemment comme désirables pour l’artillerie de campagne.
Le mulet, dont le pied sûr gravit aisément les sentiers difficiles des montagnes, est la bête de somme employée de préférence pour son transport. Le matériel d’artillerie de montagne est par suite disposé de manière à pouvoir être chargé à dos de mulets marchant isolés.
Un matériel d’un emploi aussi particulier ne saurait être compliqué, aussi chaque puissance n’a-t-elle en général qu’une seule espèce de bouche à feu normalement en service. Le facile transport de cette pièce la rend également propre à la guerre des rues. Enfin, les petites colonnes expéditionnaires, engagées dans les régions désertes de l’Afrique ou sur les terrains sauvages de certains pays tels que le Tonkin ou les régions mal peuplées de l’Amérique du Sud, trouvent dans l’artillerie de montagne un auxiliaire qui les suit partout, ce que ne pourrait faire l’artillerie attelée de campagne même la plus mobile. On sait que l’artillerie de montagne ainsi amenée devant Tananarive par la colonne légère du général Duchesne décida par son feu la soumission de la reine et mit ainsi fin à la résistance des Hovas.
Artillerie française de siège.
En tenant compte de la différence considérable qui existe entre le rôle de l’une et de l’autre, on doit comprendre aisément que les qualités à rechercher pour une bonne artillerie de siège ne sauraient être les mêmes que celles indiquées pour l’artillerie de campagne.
Combattre et réduire au silence la puissante artillerie de la place assiégée, qui comprend généralement des pièces du plus fort calibre, rendre inhabitables les abords de la fortification, disloquer les abris qui y sont établis, ruiner toutes les défenses de la place, ouvrir de loin, si cela est possible, les remparts à l’armée assiégeante, en détruisant les escarpes de la fortification et en renversant les parapets dans le fossé, de manière à former des rampes praticables aux colonnes d’assaut, tel est d’une façon générale le rôle de l’artillerie de siège.
Pour le remplir convenablement, il faut des pièces puissantes, possédant aux grandes distances une précision suffisante, non seulement dans le tir de plein fouet, mais encore dans le tir plongeant dont on est obligé de faire usage pour atteindre le matériel de la défense derrière les parapets ou les traverses de la fortification.
C’est pourquoi l’artillerie de siège française doit être essentiellement composée de bouches à feu de gros calibre qui possèdent à un plus haut degré ces propriétés. La question de mobilité, qui s’imposait pour l’artillerie de campagne, n’est plus ici que secondaire. Les longues opérations d’un siège régulier ne peuvent guère en effet être entreprises aujourd’hui sans la possession d’une voie ferrée en arrière, et les difficultés de transport inhérentes aux gros calibres sont ainsi en partie aplanies. Cette facilité s’étendra non seulement au transport jusqu’aux parcs de siège, mais même jusqu’à la mise en place des pièces dans les batteries, grâce à l’emploi de chemins de fer à voie étroite, genre Decauville, adoptés maintenant pour ce service.
On voit donc que, grâce à ces facilités, les bouches à feu d’un poids tout à fait exceptionnel, supérieur à 6 tonnes par exemple, sont les seules à écarter des équipages de siège.
En second lieu, les affûts et voitures disposés pour l’artillerie de campagne, de manière à permettre les fréquents mouvements des pièces, leur tir sous des angles relativement restreints et leurs approvisionnements en munitions préparées à l’avance avec uniformité, doivent être organisés différemment pour l’artillerie de siège. Les avant-trains de siège ne sont plus en effet qu’un complément destiné à faciliter les mouvements peu considérables du matériel entre les quais de débarquement et les parcs, entre les dépôts et les batteries fixes. Il n’y a, par conséquent, plus lieu d’en affecter un à chaque pièce. Les affûts doivent être disposés de manière à permettre le tir sous de grands angles et à recevoir au besoin plusieurs bouches à feu différentes. Les munitions variant suivant le tir à exécuter, il n’est plus nécessaire, comme dans l’artillerie de campagne, qu’elles soient préparées de toutes pièces à l’avance. Les coffres à munitions ne sont plus, par suite, indispensables, et les caissons servant à leur transport dans les batteries de campagne n’ont plus de raison d’exister.
Enfin, l’inconvénient que présentait la diversité des calibres, pour l’artillerie de campagne, n’a plus la même importance pour l’artillerie de siège. En tenant compte de la complication qui en résulterait pour l’approvisionnement en projectiles, il faut éviter sans doute une trop grande multiplicité. Mais, dans des limites raisonnables, il n’y a pas lieu de se priver de telle ou telle bouche à feu particulièrement susceptible de produire certains effets qu’on ne peut attendre des autres. D’où l’introduction logique, dans un bon matériel de siège, d’une variété inadmissible dans le matériel de campagne.
Artillerie de place de l’artillerie française.
Pour combattre avec efficacité la puissante artillerie de siège, pour éloigner et retarder l’établissement de ses batteries et pour les détruire, pour entraver les progrès de toute sorte de l’assiégeant, pour tirer, en un mot, tout le parti possible des fortifications élevées à grands frais pendant la paix, les places doivent être pourvues :
1º de bouches à feu puissantes, possédant une précision suffisante aux plus longues distances et susceptibles de grands effets de destruction.
2° d’affûts capables de supporter dans le tir ces lourdes pièces, tirant, en général, avec des charges considérables.
La qualité essentielle, pour l’artillerie de place proprement dite, est donc la puissance. Les mouvements que l’on peut avoir à lui faire exécuter sont, dans tous les cas, relativement fort restreints. On dispose, en général, pour cela de moyens puissants. Par suite, la mobilité est ici une qualité tout à fait secondaire.
Mais la défense d’une place de guerre ne saurait se borner à la lutte sur le rempart même. Pour remplir convenablement sa difficile mission, l’assiégé doit au contraire disputer pied à pied à l’ennemi, et le terrain en avant des ouvrages les plus avancés, et ultérieurement la zone comprise entre ces ouvrages et ceux qui forment la 2º ligne. Les diverses circonstances d’une défense active de cette espèce offrent évidemment l’occasion d’employer tour à tour les bouches à feu les plus diverses, et celles-là même qui sont le moins susceptibles d’un bon service général deviennent parfois de précieux auxiliaires, lorsqu’on les met en œuvre avec discernement et bien à propos.
C’est pourquoi, au fur et à mesure de leur remplacement dans leur service spécial par des éléments plus perfectionnés, les bouches à feu, affûts et projectiles de campagne sont versées dans le matériel d’artillerie de place, qui présente ainsi une grande diversité. Mais cette diversité n’a pas les mêmes inconvénients que pour les autres matériels, puisque les bouches à feu, avec leurs accessoires et munitions, sont à demeure pendant la guerre dans la place ou le camp retranché qu’elles protègent.
Artillerie de côte de l’artillerie française.
Lorsqu’il s’agit d’interdire l’accès des côtes, des rades et des ports, aux navires cuirassés actuels dont l’artillerie de bord comprend des bouches à feu des plus forts calibres (l’excès du poids de la pièce n’offrant plus, en pareille circonstance, que de faibles inconvénients), il faut avoir recours à un matériel plus puissant encore que les précédents.
La qualité essentielle du matériel d’artillerie de côte, auquel les places font au besoin des emprunts pour la défense de leurs points importants, est donc la puissance.
Établis à poste fixe, dans de solides ouvrages permanents (batteries de côte du littoral, casemates ou tourelles cuirassées de la fortification), les divers éléments de ce matériel peuvent sans inconvénient atteindre des poids considérables. C’est pourquoi le matériel de côte ne comprend que des bouches à feu des plus forts calibres, organisées pour le tir à très fortes charges. Il se compose de pièces établies spécialement pour cette défense, sans considération de poids comme nous venons de le dire, et dans lesquelles par suite la raison d’économie a souvent fait construire le corps du canon en fonte.
Il se compose aussi des bouches à feu de bord, débarquées des navires de guerre à mesure que ceux-ci reçoivent un armement plus perfectionné.
Artillerie française de bord.
Avant d’étudier les conditions d’établissement des bouches à feu de bord, il est indispensable de dire quelques mots des cuirassés.
C’est en 1854 que pour la première fois la rapide destruction de la flotte turque dans le port de Sinope fit songer à protéger par des plaques de fer les batteries flottantes que l’on destinait à forcer les passes de Kronstadt. La Dévastation, la Tonnante, etc., reçurent donc un revêtement extérieur formé d’une plaque de 8 centimètres et supportèrent avec succès le tir des batteries russes.
On poursuivait en même temps l’idée de cuirasser les frégates à grande vitesse et en novembre 1859, était lancé le premier cuirassé, la Gloire, construit par Dupuy de Lome. Sa muraille était constituée par une plaque de 12 centimètres appliquée au moyen de vis sur un matelas de bois de chêne de 50 centimètres. Il était muni à sa partie antérieure d’un éperon destiné à éventrer son adversaire. L’éperon en bronze ou en acier pèse à lui seul plus de 20 tonnes sur les cuirassés actuels.
C’est ainsi qu’en 1866, le Re d’Italia pris de travers fut coulé à la bataille de Lissa, c’est le seul exemple avant 1895, d’un duel entre cuirassés aboutissant à la destruction de l’un d’eux.
Les Anglais construisirent de leur côté des navires du même type dans lesquels la muraille de bois était com- prise entre les plaques de cuirassement de 14 centimètres d’épaisseur et une épaisse tôle intérieure («Warrier »), mais en même temps ils établirent un canon de 17 centimètres capable de percer de semblables murailles.
C’était ce qu’on a appelé le commencement de la lutte de la cuirasse et du canon ; aux plaques de 12 centimètres et de 14 succédèrent bientôt les plaques de 15 centimètres, puis de 23 centimètres comme dans l’Hercule, dont la muraille comprenait en outre deux épaisseurs de bois avec interposition de plaques de tôle de 3 centimètres.
Bientôt ces murailles jugées insuffisantes furent rem- placées dans certains navires garde-côtes, du type bélier, comme le Taureau, le Cerbère, etc., par des plaques de 25 centimètres.
Ces épaisseurs furent dépassées à leur tour et l’on arrive à des plaques de 55 centimètres sur les grands cuirassés italiens, le Dandolo, le Duilio et, dans le navire anglais l’Inflexible, à une épaisseur de 61 centimètres en deux plaques superposées.
Ensuite les progrès de la métallurgie conduisirent à remplacer le fer par l’acier doux et à supprimer presque entièrement, de crainte d’incendie, le bois dans la constitution des murailles des bâtiments. L’acier doux lui-même fut remplacé par de l’acier au nickel plus résistant encore.
Les progrès de l’artillerie lui conservèrent néanmoins la supériorité. Les canons qui ne réalisaient d’abord que des vitesses de 400 à 500 mètres furent transformés : de nouvelles bouches à feu plus longues tirèrent avec de nouvelles poudres des obus de rupture en acier chromé, lesquels, animés de vitesses s’élevant jusqu’à 600 et 800 mètres, traversèrent sans se briser des plaques d’une épaisseur de plus de 50 centimètres.
Dans ces derniers temps cependant, une découverte de l’américain Harvey vint au secours du cuirassement. Traitées par un procédé spécial dû à cet ingénieur, les plaques d’acier acquièrent une dureté superficielle excessive et les projectiles du meilleur acier se brisent fréquemment au choc contre de pareilles murailles. L’avantage leur reste cependant s’ils sont animés d’une vitesse suffisante et constitués en acier de qualité spéciale.
On remarquera du reste que la puissance des bouches à feu semble pouvoir s’accroître indéfiniment.
La force de perforation des obus croit dans le même sens que leur vitesse et celle-ci s’accroît de jour en jour. Des vitesses de mille mètres par seconde ont déjà été réalisées, dans des conditions qui permettent de penser que ce résultat entrera bientôt dans la pratique.
Au contraire, il y a inévitablement une limite au cuirassement à cause de la surcharge énorme que représente toute surépaisseur admise pour les plaques de cuirassement, surcharge qui force à augmenter le déplacement d’eau, c’est-à-dire le tonnage. Il n’est cependant pas possible de l’augmenter indéfiniment, et la nécessité de donner au cuirassé une vitesse suffisante a forcé de l’alléger considérablement. C’est ainsi que dès qu’on a voulu dépasser 15 centimètres dans les épaisseurs de cuirasses, on a été obligé de limiter le cuirassement de la coque à une ceinture ne protégeant plus que sur une faible hauteur au-dessus et au-dessous de la ligne de
Flottaison. En dehors de cette ceinture ou ne protégea plus qu’un réduit central dans lequel se trouvent réunies les pièces les plus puissantes : c’est ce qu’on appelle les navires à réduit. Plus tard même, le réduit de l’artillerie ayant semblé trop pesant, on l’a remplacé par deux tourelles cuirassées qui portent chacune un ou deux gros canons : ce sont alors des navires à tourelles. Le reste de l’artillerie est également abrité dans de petits réduits moins puissants.
En outre, la mise en mouvement de pareilles masses exige une puissance de vapeur énorme et des consommations de charbon en conséquence. La capacité des soutes du navire étant limitée, son rayon d’action, c’est- à-dire la distance qu’il peut parcourir sans se ravitailler en est forcément de plus en plus amoindrie : si surtout l’on veut lui faire développer une grande vitesse, car la consommation des chaudières devient alors excessive.
Cet alourdissement des navires par leur cuirassement est tellement notable qu’ils sont forcés pour s’assurer cette protection de sacrifier leurs autres qualités nautiques à un tel point que la théorie du décuirassement compte aujourd’hui de nombreux partisans.
Sans aller jusqu’au décuirassement absolu, beaucoup pensent qu’il conviendrait d’alléger les bâtiments de la plus grande partie de cette lourde ceinture, de leur restituer ainsi vitesse et rayon d’action, de renoncer en un mot au type des cuirassés d’escadre pour constituer des cuirassés légers, voire des croiseurs protégés seulement au-dessous de leur ligne de flottaison par des ponts blindés et pourvus par contre d’une nombreuse et puissante artillerie. On estime que de tels bâtiments possédant une grande vitesse, des approvisionnements en charbon considérables, libres ainsi d’éviter les lourds cuirassés, de ne les combattre qu’à leur volonté, constitueront des flottes formidables. L’artillerie contribuera surtout à leur puissance par des canons à tir rapide lançant avec de la poudre sans fumée non seulement des obus de rupture, mais des obus à mitraille contre le personnel, et des obus à grande capacité chargés d’explosifs contre les superstructures.
On voit que multiples sont les conditions auxquelles doit satisfaire l’artillerie navale.
En premier lieu elle doit contrebattre les bâtiments adverses, triompher de la protection qu’ils retirent de leurs cuirasses de flottaison, et des tourelles qui abritent leurs bouches à feu et leurs combattants. Dans ce but, on devra faire usage de canons puissants, d’une grande longueur, et lançant des projectiles de rupture en acier susceptibles de traverser les plaques d’acier dont on vient de parler.
En deuxième lieu, elle doit pouvoir défendre le navire contre l’attaque des torpilleurs. Ces petits bâtiments fort peu visibles sur l’eau et doués d’une très grande vitesse, peuvent par le lancement d’une seule torpille bien dirigée couler à fond le plus puissant navire de guerre. Pour les arrêter, il est indispensable de disposer d’une artillerie à tir très rapide et de petit calibre, car le maniement de gros projectiles ralentira nécessairement les opérations de chargement, et ce n’est que par l’envoi d’un très grand nombre d’obus dans un temps très court que l’on peut espérer atteindre le torpilleur et l’arrêter.
Entre ces deux types de bouches à feu, les unes très puissantes pour perforer les cuirasses, les autres à tir très rapide pour atteindre les torpilleurs, se place naturellement un type intermédiaire, celui des pièces de moyen calibre, à tir accéléré, qui constituent la partie la plus efficace de l’armement.
Ces dernières seront destinées à lancer surtout des projectiles explosifs dans le combat naval contre les hunes et les superstructures des bâtiments ennemis, tandis que dans les départements elles appuieront de leurs shrapnels les troupes exposées au feu des batteries et de l’infanterie adverse.
Les projectiles explosifs des pièces de moyen calibre seront encore employés dans l’attaque des batteries de côte.
La question de poids pour les bouches à feu de bord, sans être un élément négligeable, puisque la charge d’un navire est forcement limitée , ne vient cependant qu’en seconde ligne, et les grands cuirassés transportent d’habitude, indépendamment trois ou quatre canons de 27 ou 30 centimètres de diamètre intérieur, ce qui représente pour chacun d’eux un poids de 80 tonnes au moins, sans compter celui des affûts et des munitions.
Extrait d’après l’artillerie française du Commandant Vallier Bibliothèque de la revue générale des Sciences.