
L’éclairage des fortifications et la lampisterie
L’éclairage naturel des fortifications
En temps de paix, la garnison des forts est réduite. Les tâches dans les ouvrages se font principalement de jour. Les besoins en éclairage des fortifications sont relativement faibles et réservés à certaines parties. Dans les forts construits avant 1885, l’éclairage s’effectue par les différentes fenêtres du casernement. Les galeries sont éclairées grâce à des puits de lumière équipés de faillances placées en bas du puits et qui renvoient la lumière du soleil. Ils permettent aussi d’assurer une ventilation naturelle, empêchant l’humidité de rentrer dans l’ouvrage. Ces puits sont installés dans les forts avant la crise de l’obus torpille. Dans les forts modernisés entièrement bétonnés, cet éclairage naturel est plus restreint, il se contente seulement dans certains ouvrages à quelques petites ouvertures aménagées sur les façades des casernements bétonnés ou sous roc.

Dès la mobilisation, la garnison complète arrive pour occuper tous les locaux et se consacrer aux travaux de mise en état de défense. Si l’ennemi se rapproche de la place ou du fort pour préparer son siège, le service devient continu et requiert un éclairage de jour comme de nuit.
Dans le cas où il y aurait un bombardement, il est primordial de prendre quelques précautions. En effet, si les façades sont généralement disposées de manière à ne pas craindre de coups directs, elles peuvent recevoir des éclats. Toutes les ouvertures reçoivent des pare-éclats en madriers ou en rails, glissés dans des systèmes de blindage appropriés. Les puits de lumière sont condamnés, avec des tronçons de rails disposés sur un rétrécissement prévu à cet effet. Le puits est ensuite comblé de pierres et de terre pour éviter qu’un éclat d’obus ou un débris du fort ne tombe dans les galeries.

Ces différents travaux plongent l’intérieur des fortifications dans le noir et oblige d’avoir un éclairage artificiel permanant.
DISPOSITIONS CONCERNANT L’ECLAIRAGE DES FORTIFICATIONS EN TEMPS DE SIÈGE (Service du Génie)

En temps de guerre, l’Etat pourvoit à tout le service d’éclairage des forts et ouvrages.
Le service de l’intendance assure :
- 1° La fourniture et l’entretien des appareils.
- 2° La fourniture de l’huile végétale puis minérale, des mèches, des bougies, des allumettes.
- 3° La surveillance des opérations journalières de nettoyage et d’allumage, exécutées par un certain nombre de lampistes désignés par le Commandant du fort.
Le passage du temps de paix au temps de guerre consiste dans la mise en place des appareils entretenus en temps de paix, pour le temps de guerre, et dans la cessation du remboursement ou de l’achat, par les corps de troupes, du combustible et des mèches.
Dotation en appareils d’éclairage des forts
Fixation et réalisation des approvisionnements en matériel d’eclairage.
Lorsqu’il y a lieu de pourvoir un ouvrage neuf de ses approvisionnements d’éclairage, ou de modifier une dotation déjà constituée, une conférence est ouverte entre les services locaux du génie et de l’intendance, à la diligence de ce dernier, pour déterminer la nature et le nombre des appareils indispensables, ainsi que l’approvisionnement d’huile, de mèches, de bougies et d’allumettes nécessaires, en tenant compte de la durée fixée pour la défense du fort ou de l’ouvrage.
Les fixations d’après lesquelles les approvisionnements doivent être calculés pour la durée probable du siège, d’après le nombre des appareils en service, sont les suivantes :
Nombre d’heures d’éclairage par jour :
- Eclairage extérieur ou des locaux éclairés par la lumière du jour : 10 h par jour
- Eclairage des communications souterraines : 24 h par jour
- Eclairage des casemates logements : 16 h par jour
- Eclairage des lanternes portatives : 4h par jour
- Eclairage des magasins : 2 h par jour
Les appareils à huile du type Génie militaire (huile végétale)

VAUBOURG Cédric
Par mesure de sécurité, on n’emploie que des appareils d’’éclairage alimentés avec des huiles de colza pour l’éclairage extérieur et pour celui des gaines et des couloirs. Tous ces appareils sont munis d’un même système de bec, dont le calibre varie de 7, 9 ou 11 lignes et le mode d’installation change suivant l’usage auquel l’appareil est destiné.
Conformément à l’avis du comité des fortifications, avis basé sur les nombreuses expériences faites au fort de Cormeilles, au laboratoire de l’essayage du gaz à Paris et au comité même, on adopte en principe l’emploi des becs Faucon à double courant d’air et à mèche ronde cirée. La consommation par heure moyenne en huile végétale par bec est de 16 gr pour un calibre de 7 lignes et 27 gr pour un calibre de 11 lignes.
L’éclairage en Watts des becs Faucon correspond à une ampoule incandescence de 7 à 8 Watts pour les becs de 7 lignes, 10 à 15 Watts pour les becs de 9 lignes et 20 Watts pour les becs de 11 lignes.

VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
En temps de siège, les locaux d’habitation sont éclairés à l’aide de la bougie. Le matériel d’éclairage comprend donc des chandeliers pour les casemates de la troupe et pour les chambres d’officiers.
Eclairage à la bougie
Les bougies sont utilisées avant 1901 dans les fortifications uniquement en période de bombardement pour éclairer les abris logement et les accessoires du casernement. Après cette date, certains petits ouvrages qui ne possèdent pas de magasin au pétrole seront éclairés exclusivement à la bougie.
Dans les abris logement et les accessoires du casernement, on fait usage de chandeliers ordinaires en cuivre ou de chandeliers à ressort en fer blanc avec suspension à réflecteur parabolique.
Dans certains cas, on emploie également des lanternes de voiture à trois glaces disposées sur des supports à collier à charnières scellés dans la maçonnerie. La cage de la lanterne est maintenue dans le collier-support de façon qu’elle ne puisse être enlevée pendant qu’on change la bougie en dévissant la queue de la lanterne. Les lanternes portatives à bougie sont suffisamment hautes pour pouvoir brûler les mêmes bougies que celles employées dans les chandeliers à ressort ou les lanternes de voiture.
Consommations des appareils d’éclairage à bougie :
- Lanterne à bougie ou chandelier : 1/6 de bougie, soit environ 10 gr par heure.
L’éclairage en Watts des bougies correspond à une ampoule incandescence de 3 à 4 Watts.
Eclairage au pétrole après 1898-1901 (huile minérale)

Après 1898, on utilise désormais le pétrole (huile minérale) qui se conserve mieux que l’huile végétale. Cela évite d’avoir une huile végétale inutilisable à la mobilisation qui se serait détériorée. Les appareils d’éclairage sont modifiés. Ils sont équipés d’une lampe à pétrole d’un calibre de 10 lignes qui remplace les becs Faucon. Elle éclaire un peu mieux que le bec de 11 lignes à huile végétale.
La lampe à pétrole employée est d’un modèle unique, elle possède une mèche ronde. Son récipient en laiton, ayant une capacité de 50 centilitres, assure son fonctionnement pendant seize heures au moins. Elle se place à volonté dans une cage-applique avec serrure ou sans serrure, ou dans une suspension à réflecteur parabolique avec tuyau d’évacuation de fumée. Dans les cages-appliques, elle repose sur un support en fer étamé, qui porte en même temps le réflecteur sidéral. Le support s’accroche aux deux crochets disposés sur la paroi du fond de la cage.
La lanterne portative à pétrole comprend la cage de la lanterne et la lampe. Cette lampe, à mèche plate de trois lignes, est munie d’un réservoir en laiton à double enveloppe d’une contenance de 25 centilitres, qui permet de l’alimenter pendant seize heures au moins. Elle se fixe dans le fond de la cage de la lanterne par un mouvement à baïonnette.
Consommation des appareils d’éclairage au pétrole :
- Lampe à pétrole de 10 lignes 25 gr par heure.
- Lanterne à pétrole portative 12 gr par heure.
L’éclairage en Watts pour une lampe à pétrole de 10 lignes correspond à une ampoule incandescence de 21 Watts.
Eclairage des gaines Cage applique type Génie militaire avec serrure

Les communications souterraines, caponnières, coffres, casemates, etc. sont éclairés jusqu’en 1901 au moyen des becs de 11 lignes munis de réflecteurs sidéraux et placés dans des cages-appliques à serrure. Après 1901, les cages-appliques avec serrure seront progressivement modifiées pour fonctionner avec une lampe à pétrole de 10 lignes.
Il est important, en effet, que personne ne puisse ouvrir ces cages sur place, en raison des transports de poudre et de munitions effectués dans les gaines, et que les lampistes eux-mêmes soient contraints à transporter les cages fermées à la lampisterie pour y remplir les lampes, les nettoyer et les allumer.
Dans ce but, la cage s’ouvre à charnière par sa paroi postérieure, à l’aide d’une serrure à loquet, dont l’entrée est sur cette paroi. La clef sans panneton a son canon foré à section triangulaire. Il est donc nécessaire, pour ouvrir la cage, de commencer par la décrocher du mur, où elle est fixée, et, si l’on exige des lampistes qu’ils laissent à la lampisterie la clef de ces serrures, ils seront obligés d’y porter les cages pour les ouvrir.
La cage se fixe au mur par le mécanisme suivant : une planchette en chêne est scellée dans le mur à hauteur convenable. Elle porte deux petits boutons qui pénètrent dans deux trous aménagés sur la paroi postérieure de la cage.

VAUBOURG Julie
Une gâche est installée dans la planchette et doit recevoir un loquet à crochet porté par une patte qui est fixée à la paroi postérieure de la cage. La clef sans panneton a son canon foré à section carrée.
Après avoir suspendu la cage aux boutons, on introduit le loquet dans la gâche et l’on donne un tour de clef. On décroche la cage par les opérations inverses.
La cheminée de la cage est fermée par un grillage métallique destiné à éviter toute projection de flammèches dans les galeries. Les appareils sont installés le long des galeries contre les parois, à 25 ou 30 mètres l’un de l’autre, et à une hauteur telle qu’ils ne puissent gêner la circulation, ce qui nécessite parfois une légère entaille dans la voûte, si la naissance de celle-ci est trop basse. On a, d’ailleurs, soin de les placer, autant que possible, aux intersections des galeries et en face des magasins où monte-charges.





VAUBOURG Julie

VAUBOURG Julie
Eclairage extérieur Cage applique type Génie militaire sans serrure

L’éclairage des cours, passages à ciel ouvert, des fossés, des chemins couverts, etc. est assuré jusqu’en 1901 au moyen des becs de 11 lignes renfermés dans des cages vitrées et grillées, analogues aux précédentes et qui n’en différeront que par leur mode de fermeture et de fixation. Il y a peu d’inconvénients, en effet, à ce que les hommes puissent ouvrir ces cages sur place, et l’on peut, dès lors, adopter un dispositif de fermeture moins compliqué. Elles s’ouvriront simplement à charnière par leur paroi intérieure, et elles se fermeront à l’aide d’un petit verrou vertical. Leur paroi postérieure sera simplement munie d’une bandelette en tôle par laquelle on les suspendra à des pitons à crochets fixés aux murs. Cette cage applique sera en fonction des chefferies, cadenacées ou boulonnées aux murs afin d’éviter les manipulations par des personnes non qualifiées. Après 1901, les cages appliques sans serrure seront progressivement modifiées pour fonctionner avec une lampe à pétrole de 10 lignes.
Exceptionnellement et dans les ouvrages où l’on s’éclaire uniquement à la bougie, on pourra employer quelques lanternes de voiture pour l’éclairage extérieur, dans le but d’éviter de constituer un approvisionnement de pétrole spécial pour quelques lampes. Mais les lampes à pétrole, donnant un éclairage beaucoup plus puissant, devront toujours leur être préférées quand on le pourra.




Jean-Philippe GUICHARD

Jean-Philippe GUICHARD
Eclairage des couloirs Cage applique type Génie militaire sans serrure

VAUBOURG Cédric
Les couloirs du casernement, des pavillons d’officiers et des principaux accessoires du casernement, ainsi que les latrines de la troupe, sont éclairés jusqu’en 1901 à l’aide des becs de 7 lignes munis de réflecteurs sidéraux et disposés dans des cages-appliques sans serrure, car il y a peu d’inconvénients à les ouvrir sur place. Ces dernières sont verrouillées aux murs, comme les cages qui éclairent les extérieurs. Après 1901, les cages appliques sans serrure seront progressivement modifiées pour fonctionner avec une lampe à pétrole de 10 lignes.

Dans quelques cas spéciaux, on pourra, comme pour l’éclairage extérieur, employer des lanternes de voiture à bougie.
Eclairage des chambres de la troupe Quinquet à suspension type Génie militaire

En temps de paix, chaque chambre de troupe est éclairée par un ou deux becs de 7 lignes suspendus au plafond, tout comme les principaux accessoires du casernement, cuisines, infirmerie, etc. Le bec Faucon est fixé sous un réflecteur parabolique en maillechort, surmonté du réservoir amovible contenant 300 à 400 gr d’huile, soit près de 24h d’éclairage. Sous le bec est vissé un petit godet destiné à recevoir les gouttes s’écoulant accidentellement ; ce godet doit être vidé à chaque allumage, pour éviter une accumulation d’huile qui obturerait le passage d’air intérieur.
En temps de guerre, ces locaux sont éclairés au moyen de bougies. On place deux bougies dans les chambres de plus de dix mètres de long. Les chandeliers à ressort en fer-blanc sont susceptibles d’être placés sur une table, ou un support quelconque comme les chandeliers ordinaires. Ils peuvent aussi être installés au-dessous de réflecteurs paraboliques suspendus au plafond des casemates. Le ressort dont ils sont munis ayant pour effet de toujours maintenir la flamme au foyer du réflecteur. On peut estimer qu’une bougie de 21 mm de diamètre et 180 mm de longueur durera six heures environ, ce qui nécessitera un approvisionnement de 3 à 4 bougies par chambre et par jour.
Dans les abris qui n’ont pas une hauteur suffisante pour permettre l’installation des suspensions à réflecteur et dans lesquels on a à redouter des mouvements d’air qui ne permettraient pas de brûler les bougies à l’air libre dans les chandeliers ordinaires, on fera usage de lanternes de voiture à bougie installées sur des supports scellés dans les parois.

Dans les casemates logements bétonnées ou souterraines, difficiles à ventiler, où l’accumulation des produits de la combustion pourrait devenir nuisible, on emploiera des lampes à pétrole avec suspension à réflecteur parabolique ou avec cage-applique sans serrure, lorsque la hauteur du plafond sera insuffisante. Mais la suspension ou la cage-applique est, alors, munie d’un tuyau en zinc conduisant à l’extérieur les gaz de la combustion. Le tuyau d’évacuation, appelé fumivor, de 5,5 cm de diamètre intérieur, part de l’éjecteur en tôle, galvanisé, destiné à empêcher les eaux de condensation de tomber sur le verre de la lampe et de le casser. Il monte verticalement jusqu’à la voûte et se retourne horizontalement par un coude arrondi de manière à suivre le sommet de l’intrados. Il débouche ensuite à l’extérieur, soit sur la façade, soit en traversant la voûte en béton de ciment, soit en aboutissant aux conduits d’aération aménagés au droit des gaines des abris sous roc. De plus, le nombre des tuyaux débouchant au dehors devra être égal à celui des appareils, de manière à maintenir les lampes complètement indépendantes les unes des autres.

L’extrémité du tuyau d’évacuation débouchant à l’extérieur devra être disposé de manière à empêcher le vent de s’engouffrer dans le tuyau et de refouler l’air vicié à l’intérieur de la casemate. On emploiera à cet effet des appareils analogues à ceux qui sont en usage pour les têtes de cheminées. Une lampe à pétrole suffit pour une casemate de 15 mètres de longueur.
Eclairage des bureaux et des chambres d’officiers Lanterne et chandelier
Les bureaux et les chambres d’officiers seront éclairés, au moyen de lampes à pétrole, ou de bougies. Dans ce dernier cas, on fera usage d’un chandelier en cuivre ordinaire.
Dans le cas où ces locaux seraient difficiles à ventiler, on pourrait employer après 1901, comme dans les chambres de troupe, des lampes à pétrole avec suspension à réflecteur parabolique et tuyau d’évacuation des gaz de la combustion.
Lanterne portative

Avant 1901, pour l’éclairage momentané de certains magasins ou accessoires, ainsi que pour les rondes à effectuer dans l’ouvrage ou aux abords de l’ouvrage, on emploiera les petites lanternes carrées à main en usage dans les compagnies de chemins de fer.
Le réservoir est inférieur au bec, et la mèche du calibre de 7 lignes est une mèche plate ordinaire qui plonge dans l’huile végétale, dont le niveau n’est plus constant. Ces petites lanternes seront également employées à l’éclairage des latrines.
Après 1901, on emploie des lanternes à pétrole ou des lanternes à bougie, suivant la nature des approvisionnements destinés aux autres appareils d’éclairage.
Matériel d’éclairage.
Après 1901, le matériel d’éclairage des forts comprend les objets suivants :
- Bidon de 20 litres avec bouchon à vis et robinet.
- Brillant Bühler.
- Burette de 1 kg.
- Cage-applique, avec ou sans serrure et avec planchette support.
- Chandelier à ressort en fer-blanc.
- Chandelier en cuivre ordinaire.
- Ciseau droit.
- Clef pour serrure de fixation de cage-applique.
- Clef pour serrure de cage-applique.
- Ejecteur pour suspension de lampe à réflecteur parabolique.
- Goupillon.
- Lampe à pétrole.
- Lanterne à bougie.
- Lanterne à pétrole.
- Lanterne de voiture avec support à scellement.
- Monture de cage en verre (5 verres).
- Monture de lanterne portative (4 verres).
- Monture de lanterne de voiture (3 verres).
- Panier de lampiste avec boite de 100 grammes pour brillant Bûhler.
- Poignée porte-cages.
- Ressort à boudin pour chandelier ou lanterne de voiture.
- Suspension de chandelier à réflecteur parabolique.
- Suspension de lampe à réflecteur parabolique.
- Verres de lampes.

Nature des combustibles employés après 1901
L’éclairage des forts et ouvrages est assuré au moyen d’appareils alimentés par des huiles minérales et des bougies.
Le pétrole
Le pétrole est suffisamment rectifié pour qu’il n’émette des vapeurs susceptibles de prendre feu au contact d’une allumette enflammée qu’à une température supérieure à 40 degrés. Les approvisionnements de pétrole sont conservés dans des fûts métalliques en tôle galvanisée de 50 litres modèle 1901 placés dans un local nommé magasin aux pétroles. Les distributions se font par fût complet. Le fût est transporté sans être ouvert à la lampisterie, où l’on y adapte le robinet en cuivre dont il est muni et on le dispose de façon qu’on puisse remplir directement les burettes ou même les lampes. Quand, par exception, le pétrole est renfermé dans des récipients autres que les fûts métalliques du modèle réglementaire ou du modèle des raffineries, la distribution se fait au moyen d’un grand bidon de 20 litres et autant que possible en dehors du magasin.

Les bougies
Les bougies utilisées sont pleines et elles ont les dimensions suivantes : longueur 180mm et diamètre 21mm. Leur nombre au kilogramme est de 16. La durée de combustion d’une bougie est d’environ six heures.
Les mèches
Les mèches pour lampes à pétrole (mèches de 10 lignes) sont en coton blanc tressé de qualité supérieure. Le tissu est doux au toucher, ni trop dur ni trop mou. Elles ont à plat 50mm de largeur et doivent avoir au moins 120mm de longueur pour plonger suffisamment dans le pétrole. Les mèches neuves sont coupées à 200mm de longueur environ. Dans ces conditions, elles peuvent brûler quatre mois environ, si on prend soin de ne pas les laisser charbonner.
Les mèches plates pour lanternes portatives au pétrole (mèches de 3 lignes) sont en coton blanc tressé de qualité supérieure de 8mm de largeur. Les mèches neuves ont environ 200mm de longueur et peuvent servir pendant un mois environ.
Une mèche est hors d’usage quand elle devient dure au point qu’on ne peut plus la faire mouvoir facilement dans le bec. Toutes les mèches doivent être conservées dans des boîtes étanches.
Les allumettes
Les allumettes sont du type « Suédoises » en boîtes de 250 et de 60 allumettes. En principe, les approvisionnements à entretenir en temps de paix sont constitués en boîtes de 250 allumettes, mais une partie de l’approvisionnement (la moitié au plus) peut être constituée en boîtes de 60 allumettes, en vue notamment des cessions à faire pour les besoins personnels des militaires de tous grades. Bien que les allumettes dites « Suédoises» doivent seules être admises dans les approvisionnements à entretenir en temps de paix, il doit être entendu qu’en cas de mobilisation, l’usage de toutes les sortes d’allumettes est admis, en réservant la préférence, dans la mesure du possible, aux allumettes amorphes soufrées en boîtes ou portefeuilles de 50 du prix commercial de 5 centimes de francs pour l’époque.
La lampisterie

Toutes les fois qu’il est possible, la lampisterie est installée dans un local éclairé par la lumière du jour. Quand cette condition ne sera pas remplie, elle sera éclairée par une lampe à pétrole installée dans une cage-applique sans serrure placée de telle sorte que le remplissage des lampes puisse s’opérer commodément à une distance suffisante de la flamme.
Ce local, bien ventilé, comporte :
- Un emplacement pour le fût de pétrole, muni d’un robinet, qui doit servir de bidon.
- Une table de manipulation.
- Un casier pour les verres de lampe, les montures et autres rechanges
- Un certain nombre d’étagères pour déposer les lampes et de supports pour accrocher les suspensions.
Il est pourvu, en outre, d’un ou plusieurs jeux d’accessoires comprenant chacun :
- Deux burettes de 1 litre.
- Un ciseau droit pour recouper les mèches.
- Douze poignées porte-cages.
- Un panier de lampiste avec botte contenant 100 grammes de brillant Bühler.
- Un bidon de 20 litres avec bouchon à vis et robinet (au cas où le pétrole serait conservé dans des fûts autres que ceux du modèle réglementaire ou du modèle des raffineries)
- Deux clefs pour serrure de fixation de cage-applique.
- Deux clefs pour serrure de cage-applique.
- Un jeu d’accessoires suffit quand le nombre des lampes en service ne dépasse pas 50. De 50 à 100 lampes, on emploie deux jeux et trois jeux de 100 à 150 lampes.
La lampisterie est pourvue en outre de goupillons pour le nettoyage des verres de lampe, un pour cinq lampes en service, et de brillant Buhler pour l’entretien des réflecteurs, un kilogramme pour dix réflecteurs. Ces quantités suffisent pour un siège de six mois.
Service spécial des lampistes
Le service de l’éclairage en temps de guerre est confié à des lampistes spéciaux, qui doivent nettoyer les lampes, polir les réflecteurs, exécuter les petites réparations nécessaires, en un mot, entretenir tous les appareils en parfait état.
Dans le choix des appareils adoptés, on a recherché avant tout la simplicité des formes pour éviter l’encrassement et faciliter leur nettoyage et leur entretien. Mais il convient néanmoins de ne les confier qu’à des hommes exercés, pour en assurer le bon fonctionnement et en tirer le meilleur parti possible.
Les lampistes doivent toujours allumer les lampes destinées à l’éclairage des gaines à la lampisterie, hors des locaux à éclairer.
A cet effet, ils transportent, à l’aide de poignées porte cages, les cages mêmes de ces lampes, et ils n’ouvrent ces cages qu’à la lampisterie pour remplir les lampes et les nettoyer. Ils peuvent, au contraire, allumer sur place les lampes destinées à l’éclairage extérieur et à l’éclairage des couloirs.
Toutefois, les lampes ne sont nettoyées et remplies qu’à la lampisterie. Le combustible et les mèches sont délivrés aux lampistes par quantités et aux époques fixées par le Commandant du fort.
Remplissage des lampes.
Le remplissage des lampes doit se faire, quand on le pourra, à la lumière du jour. Dans tous les cas, la flamme de la lampe de la lampisterie sera au moins à 1 mètre de la lampe qu’on remplit.
Le bec se visse sur le réservoir sans qu’il soit nécessaire d’exercer aucun effort. Pour ne pas user prématurément les filets de la vis, on prendra soin de les engager convenablement et de ne pas forcer si l’on rencontre une résistance.
Nettoyage et entretien des appareils.
On entretient le poli des réflecteurs en maillechort en les frottant au moyen d’un chiffon et d’une poudre impalpable dite brillant Bûhler très supérieure au tripoli ou à la terre pourrie qui ont l’inconvénient de rayer les surfaces.

Après le remplissage du réservoir, la lampe sera convenablement essuyée avec un chiffon. Quand on place une mèche neuve, on la coupe très régulièrement, et une fois pour toutes, avec les ciseaux. Le moindre fil en saillie suffit pour faire filer la lampe. Dans la suite, il suffit de passer un chiffon à l’extrémité de la mèche baissée pour enlever les parcelles charbonneuses.
Le point essentiel pour le bon fonctionnement des appareils est que les arrivées d’air soient complètement libres. On devra donc principalement apporter le plus grand soin à tenir très propres à l’intérieur et l’extérieur du bec, les arrivées d’air des cages.
Le pétrole monte à l’extrémité de la mèche uniquement par capillarité. Il monte moins bien dans une vieille mèche que dans une neuve.
Les lampes doivent être réglées de telle sorte que la flamme n’ait pas une longueur supérieure à 50mm. L’étranglement du verre se trouve ainsi à peu près au milieu de la longueur de la flamme. Comme la flamme n’atteint sa longueur définitive qu’après un certain temps, il est nécessaire que les lampes placées dans les cages-appliques à serrure, qui ne peuvent être réglées qu’à la lampisterie soient allumées au moins un quart d’heure avant leur mise en place.
Dans les lanternes à pétrole l’extrémité de la mèche sort d’environ 5mm, de façon à se trouver à mi-distance entre l’extrémité de sa gaine et la partie supérieure de la capsule en cuivre qui épanouit la flamme. Si la mèche est bien coupée et le bec bien propre, la flamme épanouie présente des bords réguliers sans dentelure et elle a à peu près les dimensions d’une pièce de 10 centimes.
Pour éteindre une lampe, on doit baisser la flamme avant de la souffler.
Les appareils du type artillerie du service de l’Artillerie (huile végétale et bougie)

Le service de l’artillerie disposera de ses propres appareils d’éclairage pour ses locaux. Ces locaux étaient fermés, d’accès restreint, et les lanternes obéissent à des critères particuliers de protection contre l’incendie et de résistance au souffle des déflagrations. Ces lanternes sont de qualité supérieures à celle du Génie, elle fonctionnent à l’huile pour plus de sécurité avec le même type de bec faucon que les appareils du Génie.
Les galeries et certains magasins de l’artillerie sont éclairés avec des cages appliques en laiton équipées de bec faucon de 11 lignes ayant une consommation similaire au cages appliques du Génie. Ces locaux n’étant pas accessibles facilement, on n’oblige pas de verrouiller les cages au mur.


VAUBOURG Julie

VAUBOURG Julie
Les magasins à poudre modèle 1874 et les différents ateliers de chargement et de préparation construits avant 1885 sont éclairés grâce à des lanternes de sureté ou à disque, à un ou deux feux, à l’huile, équipées de bec faucon. Elles sont placées dans une baie d’éclairage en maçonnerie, derrière une vitre en verre de plus d’un centimètre d’épaisseur, placée dans un châssis en bronze ou en cuivre.

Jean-Philippe GUICHARD

Jean-Philippe GUICHARD

Les dépôts de munitions ou les magasins sous roc construits après 1885, sont équipés de diagrammes fixes ou ouvrants dans lesquels sont placés des lanternes de sureté ou à disque. Les fumées de la lampe sont évacuées depuis la cheminée de la lampe vers l’extérieur du dépôt grâce à des tuyaux en Galva appelé fumivores. Ces magasins seront parfois éclairés par des lanternes à disque de compagnies diverses type chemin de fer fonctionnant au pétrole.



D’ après un cours de fortification



Les bureaux et les chambres d’officiers sont éclairés au moyen de lampes à pétrole ou de bougies. Dans ce dernier cas, on fera usage d’une lanterne à tirage à bougie type artillerie.


VAUBOURG Julie

VAUBOURG Cédric
Les tourelles Mougin sont éclairées grâce à des lanternes à huile du type Artillerie.


Les cuirassements en particuliers ceux construits après 1890 sont éclairés grâce à des lanternes en laiton à bougies, du type artillerie à réflecteur bi angulaire pour l’éclairage ou à réflecteur parabolique pour le pointage.



L’éclairage électrique à partir de 1889
Ce type d’éclairage sera surtout installé dans les forts les plus modernes des 4 places de l’est ou sur certains ouvrages côtiers entre 1907 et 1915. L’éclairage est assuré grâce à l’usine électrique qui alimente en temps de guerre en électricité des lampes à incandescence à filament de carbone. Elles servent à éclairer la totalité du fort, les différents magasins et les tourelles cuirassées.
En temps de paix, ces ouvrages sont souvent reliés au réseau civil qui assure un éclairage électrique de certaines parties uniquement.
L’éclairage avec des lampes à pétrole ou à bougie est conservé dans ces ouvrages en cas de défaillance du réseau électrique.

VAUBOURG Julie