Avant 1885, toutes les manipulations du service de l’Artillerie se faisaient dans les forts. Il fallait donc des magasins à munitions qui permettent de stocker ou de préparer tous les types de munitions utilisés dans les ouvrages. Ces magasins font partie des abris-passifs des fortifications.
Magasin à poudre modèle 1874
Le magasin à poudre est la pièce la plus importante du fort c’est là que l’on stocke la poudre noire qui est l’explosif principal pour l’artillerie à cette époque. La taille du magasin est calculée en fonction du type et du nombre de pièces d’artillerie qu’il y a dans l’ouvrage.
La chambre aux poudres ou chambre de stockage mesure généralement 6m de largeur, elle est voûtée en plein cintre. La voûte, de 1m d’épaisseur, repose sur des piédroits de 1m60 d’épaisseur et de 2m10 de hauteur. La hauteur sous clef de l’abri était donc de 5m10.
A cette époque, les poudres étaient renfermées dans des récipients incomplètement étanches (caisses en peuplier recouvertes de zinc et enveloppées dans une chape); il était donc nécessaire de prendre, pour l’assainissement du magasin, des dispositions spéciales, qui étaient les suivantes :
1° – Le sol de la chambre aux poudres est formé d’un double plancher en chêne placé sur des gîtes transversaux reposant eux-mêmes sur des semelles longitudinales, l’air peut ainsi circuler sous ce plancher. Les différents éléments métalliques du plancher comme les clous sont en cuivre ou en bronze.
2°- L’ensemble du plancher est établi sur un vide sanitaire formé de deux voûtes surbaissées dont l’extrados, recouvert d’un enduit en asphalte, porte les semelles.
3° – La chambre aux poudres est isolée latéralement des terres au moyen de deux couloirs d’assainissement de 1m de largeur appelé galeries enveloppes. Chaque couloir est couvert par une voûte en plein cintre, de 0m60 d’épaisseur qui s’appuie d’une part, sur un piédroit commun avec la chambre aux poudres, d’autre part sur un piédroit extérieur de 0m80 d’épaisseur. Un remplissage en maçonnerie occupait l’espace entre les trois voûtes et s’arrêtait à deux plans inclinés, tangents aux extrados de chaque côté de l’axe du magasin. L’ensemble est recouvert d’une chape en ciment ou en mastic bitumineux, d’un drainage en pierres sèches pour l’écoulement des eaux et d’un massif protecteur de terre, dont l’épaisseur doit être d’au moins 3m normalement aux chapes et d’au moins 3m50 verticalement. Lorsque ce terrassement est visible de loin, l’épaisseur devait en être portée à 5m, comptés perpendiculairement aux chapes, du côté des coups dangereux.
On entrait dans la chambre aux poudres par une de ses extrémités, qui était précédée d’un vestibule de 2m50 sur 4m, communiquant avec une cour ou avec une communication à l’épreuve. La porte séparant le vestibule de la chambre aux poudres possède des gonds, une serrure ou des pièces métallique en bronze ou en cuivre, pour éviter toute étincelle qui pourrait être fatale dans ce lieu remplit d’explosif. L’entrée du magasin est protégée par deux portes blindées, la première porte possède trois serrures. Ces clés sont confiées au Commandant du fort, au Chef d’artillerie et au Comptable aux munitions. L’accès au magasin s’effectue obligatoirement en présence de ces personnes et les soldats sont tenus de quitter leurs chaussures à clous pour renter dans la chambre de stockage.
A l’extrémité du magasin opposée au vestibule se trouve une chambre d’éclairage, dont le sol est plus élevé que celui de ce magasin. Le mur qui les sépare est percé de trois baies destinées à recevoir des lampes. Ces lampes, analogues à celles des locomotives, sont isolées de l’intérieur du magasin par des glaces sans tain. Les vitres mesurent plus d’un cm d’épaisseur, elles sont soigneusement placées dans des châssis en cuivre s’adaptant eux-mêmes dans des cadres dormants de même métal fermant les trois baies. Pour favoriser la diffusion de la lumière, les parois du magasin sont blanchies à la chaux.
A la chambre d’éclairage correspondent généralement trois cheminées carrées de 1m de côté, l’une au milieu, les deux autres dans l’axe des galeries enveloppes.
Par la cheminée centrale, la lumière du jour pouvait dans certains ouvrages pénétrer dans le magasin en se réfléchissant sur un volet mobile, avec réflecteur en tôle émaillée, et en passant par une fenêtre pratiquée dans le mur de fond. Dans ce même mur sont ménagées deux gaines rectangulaires à faible section, qui débouchent par l’une de leurs extrémités dans la cheminée centrale et par l’autre dans la chambre aux poudres un peu au-dessus du plancher et qui assurent l’aération et la ventilation du magasin.
Les cheminées latérales servent à l’éclairage et à la ventilation des galeries enveloppes.
Ces trois cheminées traversent le terrassement et sont couvertes; la cheminée centrale par un petit auvent vitré à châssis en bois, les autres par un verre double dépoli. Ces dispositifs ménageaient latéralement des ouvertures pour la ventilation. Toutes ces cheminées doivent être blindées lors de la mise en défense de l’ouvrage.
Les magasins à poudre sont surmontés de paratonnerres, dont les tiges sont enlevées à la mobilisation, pour qu’elles n’attirent pas l’attention de l’ennemi.
Les caisses à poudres de 50 kg étaient disposées suivant deux files longitudinales de 1m60 de largeur, laissant entre elles une allée centrale de 1m10 et de chaque côté, contre les piédroits, un passage de 0m85. Une fois entamées, les caisses à poudre étaient sorties de la chambre de stockage pour être stockées dans un petit magasin à poudre de consommation.
La contenance maximum d’un magasin était de 100 000Kg, correspondant à une chambre aux poudres de 25 mètres de long. Les forts qui devaient contenir un approvisionnement plus important avaient deux magasins.
Après le choc de 1885, ces magasins sont vidés à la mobilisation car ils sont devenus très vulnérables. Les munitions seront placées dans la majorité des cas dans des locaux aménagés du type magasin sous roc, magasin de secteur, magasin à poudre bétonné et bien d’autre encore.
Calibre des pièces | Nb de kg de poudre par pièce stockée dans le magasin |
Canon de 155 « obus lourd » | 8100 kg |
Canon de 155 « obus léger » | 6800 Kg |
Canon de 120 | 4840 Kg |
Canon de 138 | 1930 Kg |
Canon de 95 | 1930 Kg |
Canon de 90 | Env. 1500 Kg |
Canon de 80 | Env. 1200 Kg |
Canon de 7 | 1150 Kg |
Canon de 5 | 840 Kg |
Canon de 4 | 640 Kg |
Mortier lisse de 32 | 1500 Kg |
Mortier lisse de 27 | 1500 Kg |
Mortier lisse de 22 | 480 Kg |
Mortier lisse de 15 | 200 Kg |
Mortier de 220 | 6700 Kg |
Canon de marine de 24 | 10800 Kg pour 300 coups |
Magasins aux munitions d’infanterie
Les cartouches, contenues dans des caisses, étaient renfermées dans des magasins voûtés, recouverts d’au moins 4m de terre, précédés d’un vestibule et aérés par une cheminée.
Dépôts de projectiles vides
Les projectiles vides étaient empilés dans des abris sous traverse, ou dans les cours, et alors disposés sur des chantiers en bois et recouverts de bâches ou de toitures en voliges goudronnées.
Ateliers de chargement
Les ateliers de chargement sont distincts pour la préparation des gargousses et des projectiles. Ils sont éloignés l’un de l’autre, ainsi que des magasins à poudre et des autres locaux. Ils sont placés sous des voûtes à l’épreuve : ils comprennent un atelier proprement dit, précédé d’un vestibule où l’on trouvait les caisses à poudre et une chambre d’éclairage, à entrée distincte, où la lampe était placée dans une baie analogue à celles des magasins à poudre.
Dépôts de projectiles chargés et de gargousses confectionnées
Les projectiles chargés et les gargousses sont engerbés dans des abris distincts, voisins du rempart. Parfois aussi, pour emmagasiner les gargousses, on aménage un magasin à poudre, complètement ou partiellement, en établissant un plancher intermédiaire à 2m50 du sol.
VAUBOURG Cédric
VAUBOURG Julie
Ateliers de réparation et magasins au matériel
Les ateliers des ouvriers en bois, la forge, les magasins au matériel sont installés dans des casemates du casernement ouvrant au dehors par de larges portes, pour faciliter les mouvements.