Les pont-levis et ponts roulants sont des ponts mobiles défensifs qui ont pour but de permettre ou d’interrompre une communication, selon qu’ils recouvrent ou découvrent l’obstacle à franchir (fossé ou fosse haha). Ces ponts se trouvent toujours à l’entrée des ouvrages pour y contrôler l’accès. On les trouve parfois, de taille réduite pour protéger des poternes qui débouchent dans le fossé, comme au niveau des caponnières ou des coffres. Dans ce cas, l’obstacle est souvent obtenu grâce à un fossé diamant.
Ce sont les divers modes d’enlèvement du tablier qui différencient les ponts levis et les ponts roulants.
Dans les premiers, le tablier est enlevé par rotation autour d’un axe, généralement horizontal, et dans les seconds le tablier est transporté parallèlement à lui-même, soit en arrière, soit sur le côté de l’obstacle à franchir.
Les uns et les autres comprennent un tablier constitué par une travure en bois ou en fer sur laquelle repose un plancher ou un platelage en madriers.
Les pont-levis
Le principe des pont-levis consiste à donner au tablier un mouvement de rotation autour d’un axe placé vers l’extrémité intérieure du pont, c’est-à-dire près du seuil de l’entrée de la communication dont on veut interrompre la circulation. Ce mouvement de rotation doit être donné par un mécanisme aussi simple que possible, faisant constamment équilibre au tablier et rendant le maniement de ce dernier facile sous un faible effort.
Avant 1885, le relèvement du tablier autour d’un axe horizontal, avait en plus pour but, de constituer ainsi une porte fermant le passage en arrière de l’obstacle. Mais, après la crise de l’obus torpille, les pont-levis sont rarement employés dans les nouvelles constructions. Ils sont en effet trop exposés à être démolis et leur constitution forcément légère, pour rendre le maniement facile, ne permet pas d’assurer en général une protection efficace.
Dans les fortifications Séré de Rivières, il existe deux types de pont-levis d’après le cours de fortification de pont mobile de 1900 :
- Le premier modèle possède un équilibre indifférent sous l’action d’un contrepoids variable agissant à l’extrémité d’un bras de levier constant.
- Le deuxième modèle a un équilibre indifférent sous l’action d’un contrepoids constant agissant à l’extrémité d’un bras de levier variable.
1 – Les pont-levis à contrepoids variable et à bras de levier constant
Le pont-levis système Poncelet
Ce système de pont-levis à chaine est conçu vers 1820, par le Général mathématicien Jean Victor Poncelet. On le trouve dans la plupart des fortifications construites vers 1840, un certain nombre de forts Séré de Rivières en seront équipés.
Les chaînes agissant sur le tablier sont soutenues par un chapelet de lourds maillons qui descend dans une fosse au fur et à mesure que le tablier se relève. Les maillons inférieurs se déposent les uns après les autres sur le sol de celle-ci, réduisant graduellement la masse du contrepoids. La manipulation est ainsi facilitée dans un espace limité.
Avant 1870, près de 90 pont-levis système Poncelet seront installés en France, dans la très grande majorité des cas, pour remplacer les ponts à flèche des enceintes de villes ou des citadelles. Les places de Paris, Strasbourg, Sedan, Langres, Metz, Thionville, Belfort, Cherbourg, etc., en seront équipées.
Fortifications équipées d’un pont-levis système Poncelet après 1874 :
- Porte Saint-Paul de l’enceinte de Verdun (2 ponts).
- Fort du Rozelier à Verdun
- Porte de Metz de l’enceinte de Toul
- Fort de Trondes à Toul
- Fort de Domgermain à Toul
- Redoute de Dommartin à Toul
- Fort de Beauregard à Dijon
- Fort de Sennecey à Dijon
- Fort Benoit à Besançon
Lionel PRACHT
Lionel PRACHT
Les autres modèles de pont-levis
Dans cette catégorie de pont levis à contrepoids variable et à bras de levier constant, on retrouve différents systèmes d’amélioration du pont levis à la Poncelet. Les systèmes Deffeux, Lacoste, Guèze et Mangin seront réalisés et baptisés par des capitaines du Génie du même nom à partir de 1830. Ces différentes améliorations ne seront pas installées dans les fortifications après 1874.
2 – Les pont-levis à contrepoids constant et à bras de levier variable
a) Les pont-levis à chaines
Le pont-levis système Derché
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Ce genre de pont mis au point en 1808, par le Capitaine Derché rentre lui aussi dans la catégorie des pont-levis à chaines. La chaine vient s’enrouler sur un tambour monté sur l’axe de la poulie de manœuvre. Sur ce même axe est calée une spirale sur laquelle s’enroule la chaine à contrepoids, de manière que, quand le tablier s’élève le point d’application de l’effort du contrepoids se rapproche de l’axe du tambour, c’est-à-dire que le bras de levier, par lequel il agit diminue. On se sert aussi pour actionner le système d’une chaine sans fin avec poulie de manœuvre.
VAUBOURG Julie
Ce système sera installé uniquement dans des fortifications antérieures à 1874, mais son principe de fonctionnement sera amélioré par le capitaine Devèze.
Fortifications équipées d’un pont-levis système Derché :
- Fort de l’Ecluse
- Fort de Queyras
- Fort Moyen de Tournoux
- Porte Bierne à Bergues
Le pont-levis système Devèze
Ce pont-levis à chaines, mis au point en 1846, par le Colonel Devèze possède un principe de fonctionnement identique au système de pont Derché. Les chaines s’enroulent sur des spirales faisant corps avec le contrepoids lui-même. Le centre des spirales coïncide avec le centre de gravité des contrepoids qui se trouve porté par la chaine de traction et par deux autres chaines dont les extrémités supérieures sont attachées à des points fixes.
Le système est combiné de telle manière que les chaines restent toujours parallèles entre elles, la distance étant égale à la somme des rayons vecteurs P + P’ des points de contact.
Dans le mouvement, le contrepoids montera ou descendra et son centre de gravité se rapprochera ou s’éloignera de la chaine de traction ou inversement de la chaine de suspension.
Fortifications équipées d’un pont-levis système Devèze :
- Fort de Bourlémont Trouée de Charmes.
- Fort de Blénod à Toul.
- Batterie de Sanchey à Epinal.
- Réduit du Thiéha à Epinal.
- Fort du Roulon à Epinal
- Fort de Girancourt à Epinal.
- Fort du Bambois à Epinal.
- Fort de Troyon Hauts de Meuse.
- Fort de Vaujours à Paris.
- Fort de Cerfontaine à Maubeuge.
- Fort d’Hautmont à Maubeuge.
- Fort des Sarts à Maubeuge.
Lionel PRACHT
Lionel PRACHT
Le pont-levis système Delile
Dans ce système mis au point en 1812, par le Capitaine Delile, les chaines sont remplacées par des tiges rigides à l’extrémité desquelles sont les contrepoids de forme cylindrique roulant sur une courbe directrice en fer. Le mouvement est donné comme au système précèdent, au moyen de poulie de manœuvre.
Les contrepoids placés de chaque côté du passage qui font équilibre avec le tablier sont réunis par une même barre de fer leur servant d’essieu. La condition que cette barre ne gêne pas la circulation déterminera le point le plus haut de la courbe directrice.
Ce système qui équipe certaines portes d’enceinte comme à Bitche ou à Bonifacio ne sera pas installés après 1870, mais il sera amélioré par le capitaine Devèze.
Le pont système Delile amélioré par Devèze
L’amélioration réalisée par le Capitaine Devèze en 1843, fait disparaitre l’inconvénient de la barre transversale des contrepoids, laquelle dans le cas précédent vient s’abaisser pour la manœuvre. Le contrepoids qui est fixé à l’extrémité d’une tige articulée vient se déplacer sur un chemin de roulement horizontal suivit d’un arc de cercle convexe centré sur les tourillons du tablier. Ce système sera installé dans quelques ouvrages vers 1845 comme au fort de la Croix Faron à Toulon.
Après 1898, il sera installé au fort Saint Michel à Verdun pour remplacer un ancien pont-levis à treuil.
Le pont-levis système Pilter ou Ardagt-Pilter
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Ce système de pont-levis où le tablier est utilisé comme contrepoids est mis au point en 1869, par le Lieutenant anglais Ardagt. Il fut introduit et installé en France vers 1877, par l’entreprise Pilter.
Pour relever le pont, il suffit de débloquer l’arrière du tablier. Ce dernier muni de deux galets descend par son propre poids sur deux rails courbés le long de l’escarpe, relevant ainsi l’avant maintenu en permanence au mur de passage grâce à deux tiges articulées.
Ce système ne permet pas d’obturer complètement la baie de porte d’entrée, car la partie avant du tablier, une fois relevée ne ferme le passage que sur une hauteur de 1 m à 1m50 de haut. De plus, il est nécessaire quand le tablier est baissé, de soutenir son extrémité arrière au moyen de verrous ou de consoles tournantes, pour éviter le mouvement de bascule lors du passage de charges.
VAUBOURG Cédric
Dans les ouvrages de Paris, ce système de pont est installé dans la galerie de communication de l’entrée. Il sera souvent couplé avec une porte à transmission verticale, afin d’obturer complètement le passage d’entrée.
Fortifications équipées d’un pont-levis système Pilter :
- Réduit du fort de Villey le Sec à Toul (2 ponts supprimés lors de la modernisation en 1912).
- Batterie Nord du fort de Villey le Sec à Toul.
- Fort Saint-Michel à Toul (2 ponts).
- Fort de Lucey à Toul.
- Fort de Sucy en Brie à Paris.
- Fort de Villiers à Paris. Le pont est couplé avec une porte à transmission verticale.
- Fort de Champigny à Paris. Le pont est couplé avec une porte à transmission verticale.
- Fort de Montlignon à Paris. Le pont est couplé avec une porte à transmission verticale.
- Fort de Montmorency à Paris. Le pont est couplé avec une porte à transmission verticale.
Lionel PRACHT
Le pont-levis système Ardagt amélioré
En 1890, une version améliorée couvrant mieux la galerie de communication d’entrée et étant munie de treuils mécaniques sera installée au fort du Mont-Chauve de Tourette à Nice.
Les pont-levis à chaines divers
Certaines fortifications, comme des batteries intermédiaires, recevront des pont-levis à chaînes de type inconnu ou de construction locale. C’est le cas de la batterie de Pagny-la-Blanche-Côte dans la trouée de Charmes ou de la batterie de Sermenaz à Lyon.
b) Les ponts à bascule
Les ponts à bascule sont de deux sortes :
- Les ponts à bascule au-dessus ou à flèche que l’on retrouve principalement dans les fortifications de la période VAUBAN, et peu installée après 1800. Pourtant, deux variantes de pont-levis à bascule au-dessus seront installés dans les fortifications Séré de Rivières, le pont-levis Zigzag et le pont à bielles pendantes.
- Les ponts à bascule en-dessous qui seront installés dans un très grands nombres de fortifications après 1874.
Le pont-levis à Zigzag ou à fléaux
Ce type de pont présente une grande originalité dans le système de coordination des mouvements. Le tablier et le contrepoids sont disposés comme dans un pont à flèches ordinaire, mais les flèches sont fixées à mi-hauteur et le pivot est placé au milieu de leur longueur. On a ainsi trois systèmes parallèles disposés sur trois niveaux dans un même plan vertical. Les extrémités des flèches sont liées par de fortes tringles de fer au milieu des côtés du tablier et du contrepoids. On conçoit aisément que si l’on tire sur la chaîne qui pend à l’arrière de la bascule supérieure, son mouvement descendant pousse la partie postérieure des flèches dont l’avant se relève d’autant en entraînant le tablier.
Ce modèle de pont sera installé avant 1870 dans les fortifications de Givet, Sisteron et de Briançon (fort du Randouillet, du Château et à la redoute des Salettes).
Dans les fortifications Séré de Rivières, ce pont-levis sera installé à un exemplaire, au fort de Jouy sous les Côtes, en 1882 dans les Hauts de Meuse, pour protéger une poterne qui débouche dans le fossé, afin permettre à l’infanterie du fort d’accéder à un ouvrage d’infanterie annexe extérieur.
Le pont-levis à bielles pendantes
Michel TRUTTMANN
L’ingénieur Frézier construisit en mars 1733 à la porte de France de Landau un pont-levis en bois d’un mécanisme nouveau appelé « à bielles pendantes ». Le pont présente une bascule arrière assez courte et un contrepoids placé au-dessus du passage, l’un et l’autre étant joints par deux poutres légèrement coudées appelées bielles pendantes. Si l’on tire la chaîne qui pend à l’arrière du contrepoids celui-ci en descendant pousse par l’intermédiaire des bielles la bascule arrière du pont dont le tablier se relève d’autant. Un exemplaire métallique d’un principe amélioré sera installé en 1878, au fort d’Hauteville à Dijon.
Le pont-levis à bascule en-dessous
Ce système comparable à une balance, se compose de deux parties : le tablier qui se relève et les poutres de rives, chargées en poids suffisants pour amener le centre de gravité du système sur l’axe de rotation lui-même. Ces extrémités ainsi constituées s’appellent les culasses. On fait descendre ses culasses dans des rainures étroite pratiquées de chaque côté du passage sous les trottoirs.
Pour manœuvrer le pont, il suffit d’enlever les plaques de trottoirs, qui recouvrent les extrémités des bascules et peser sur celles-ci au moyen de barres. Plus généralement, on accède à une chambre souterraine contenant ces bascules pour agir directement sur elles. La manœuvre du pont est parfois assistée grâce à des leviers implantés directement sur le tablier, dans des gâches fixées aux poutres à 1m50 en avant de l’essieu et de tirer sur la tête de ceux-ci au moyen de chaines, puis à la main pour finir son inclinaison.
Pour abaisser, il suffit de pousser en appuyant directement sur le tablier, puis pour achever la descente de s’élancer dessus dès qu’il aura pris une certaine inclinaison. Lorsque le pont-levis est baissé, les extrémités de la bascule sont soutenues par des potences en fer, mobiles autour d’un axe vertical, ou par des supports avec roulettes à gorges mobiles autour d’un axe horizontal. Pour manœuvrer, il faut dans un premier temps replié ces potences ou ces supports grâce à un levier.
Fortifications équipées d’un pont-levis à bascule en-dessous :
Presque la totalité des ouvrages, ayant un pont-levis et qui ne sont pas listés dans cette rubrique des ponts mobiles, sont équipées d’un pont-levis à bascule en dessous. Ces pont-levis à bascule en-dessous sont toujours montés pour fermer la baie d’entrée. L’exception se trouve dans certains forts parisiens, comme au fort de Saint-Cyr, au fort du Haut Buc ou au réduit du Trou d’Enfer où les pont-levis sont installés dans la galerie de communication de l’entrée, dans le sens du passage, derrière la grille.
VAUBOURG Cedric
VAUBOURG Julie
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Le pont-levis à bascule en-dessous à mouvement assisté
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Ce type de pont-levis est analogue au précèdent, il possède une bielle qui l’assiste.
Cette bielle pourvue d’un maneton est montée sur l’axe de déverrouillage. Lorsque l’on déverrouille le pont avec le levier, on poursuit le mouvement qui vient faire tourner un maneton et par l’intermédiaire de la bielle faire monter le pont. Deux versions seront mises au point avec levier ou avec roue d’engrenage.
Fortifications équipées d’un pont-levis à bascule en-dessous assisté :
- Fort de la Tête de Chien à Nice.
- Fort de la Revère à Nice.
- Fort de la Drette à Nice
- Fort du Mont-Chauve d’Aspremont à Nice.
- Fort de Lestal à Albertville.
- Fort du Mont à Albertville.
- Fort de Tamié à Albertville.
- Fort du Truc à Bourg à Saint-Maurice (bascule en dessous à mouvement assisté avec roue d’engrenage).
- Batterie de Vulmix à Bourg Saint Maurice (bascule en dessous à mouvement assisté avec roue d’engrenage).
- Fort de Bois l’Abbé à Epinal.
VAUBOURG Julie
VAUBOURG Cédric
Le pont-levis à double bascule en-dessous transversale
Un seul fort sera équipé de ce type de pont à bascule vers 1879, le fort de Villeneuve-Saint-Georges à Paris. Le tablier se situe dans la galerie de communication de l’entrée. Il se compose de deux parties symétriques qui pivotent latéralement pour ouvrir un haha. Chacune des parties fonctionnent séparément comme un petit pont à bascule qui s’ouvre dans le sens perpendiculaire au passage. La manœuvre de chacun des ponts s’effectue grâce à une manivelle verticale et une vis sans fin qui vient entrainer un secteur denté solidaire du tablier.
Le pont-levis à bascule en-dessous transversale
VAUBOURG Julie
Ce type de pont-levis possède le même principe que les ponts à bascule en dessous, mais, il a la particularité de basculer sur un axe médian perpendiculaire au passage. Il est installé entre 1902 et 1906, dans certains ouvrages de la chefferie de Verdun, à l’intérieur de la galerie de communication de l’entrée.
Fortifications équipées d’un pont-levis à bascule en-dessous transversale :
- Fort de Dugny à Verdun.
- Fort de Regret à Verdun.
- Ouvrage du Chana à Verdun.
- Ouvrage de Déramé à Verdun.
VAUBOURG Cédric
Les ponts roulants
Les ponts roulants sont des ponts mobiles possédant un tablier enlevé par roulement sur deux rails constitués par des fers carrés ou par des fers en I. L’avantage essentiel de ces ponts est de pouvoir se déplacer sous les voutes des passages et d’être manœuvrés la plupart du temps par un ou deux hommes.
Pour interrompre la circulation, on fait rouler le pont dans une chambre adjacente au haha. Le tablier est plus ou moins robuste et la manœuvre se fait soit par traction directe de la main, soit par l’intermédiaire de manivelles et de roues dentées.
1 – Les ponts à effacement longitudinaux
Le pont roulant longitudinalement
On a imaginé dans un certain nombre d’ouvrages, des ponts roulants dont le mouvement s’effectuait longitudinalement dans le sens même de l’axe du passage et qui se présentaient en surplomb au-dessus de la coupure, à la façon des pont-levis ordinaires. On estimait que le maintien de cette coupure, en dehors des locaux eux-mêmes, à l’extrémité du pont dormant, offrait plus de sécurité et qu’il dispensait de prévoir des locaux spéciaux tant pour les manœuvres du pont que pour la surveillance du haha.
Pour compenser le porte-à-faux du tablier, on est conduit à doubler sa longueur utile, en sorte que la moitié restée à l’intérieur du passage vouté, équilibre la moitié en surplomb. En outre, on double ainsi le poids à mettre en mouvement. Une grosse difficulté réside dans le raccordement du tablier avec le sol du passage, entre lesquels existe un ressaut de 25 à 30 cm de hauteur qui oblige à installer une rampe.
VAUBOURG Julie
Fortifications équipées d’un pont roulant longitudinalement :
Ce système, installé à la batterie de Limeil à Paris, aux forts de Feyzin, de Vancia à Lyon et au fort de Gondreville à Toul avant 1885, a donné de médiocres résultats, car le temps pour rentrer le pont est d’une dizaine de minutes.
Pourtant après la crise de l’obus torpille, ce type de pont sera installé au niveau des entrées de guerre ou des poternes. Un des exemplaires sera installé après 1907, à l’entrée de guerre du fort de Frouard dans la Trouée de Charmes pour sécuriser des poternes comme à la caponnière double de gorge renforcée du fort d’Uxegney à Epinal.
Le pont roulant longitudinalement démontable du fort d’Arches
En 1902, le fort modernisé d’Arches qui ne possède pas d’entrée de guerre recevra un pont roulant longitudinal démontable, pour faire rentrer des troupes isolées dans le cas où le pont du fort serait rendu inutilisable par les bombardements.
En cas de rupture complète du pont existant, le montage du pont roulant pourrait être fait à l’abri dans la galerie en capitale, en moins d’une demi-heure, par 20 hommes exercés. Le lancement et le repliement s’opéreraient ensuite en quelques minutes chaque fois que la situation le demanderait pour franchir le fossé de gorge à la place du pont dormant.
Ce nouveau pont, se compose essentiellement de deux longrines supportant un tablier formé de madriers et portant chacune deux armatures par lesquelles elles reposent, pendant la manœuvre sur des essieux de voie Decauville de 60 cm.
Au contraire, lorsque le pont est en place, ces longrines reposent, d’une part, sur une traverse placée sur le couronnement du mur de contrescarpe, d’autre part sur des systèmes de coins jumelés, afin de soulager les essieux.
Des chevilles fixées à l’arrière des longrines permettent de disposer sur chacune d’elles un contrepoids de lancement constitués par 12 plaques de fonte pesant chacune 24 kg. Le matériel nécessaire était stocké en temps de paix près du débouché dans la galerie en capitale.
Matériel nécessaire :
- 6 jeux de coins jumelés.
- 2 longrines en sapin de 25/25cm et de 15 mètres de longueur.
- 68 madriers de 150cm de longueur, 22cm de largeur et 4cm d’épaisseur.
- 1 traverse en sapin de 20/25cm et de 150cm de longueur.
- 30 mètres de voie Decauville de 60.
- 2 essieux renforcés pour voie de 60.
- 24 plaques de fonte.
- 4 rouleaux de manœuvre.
2 – Les ponts roulants transversalement ou ponts à effacement latéral
Dans cette disposition, la plus employée, le logement du pont est mis en communication avec le passage par une ouverture, qui est juste suffisante pour le mouvement du tablier. Le mur qui surmonte cette ouverture peut être soutenu soit par un poitrail métallique, soit par une voûte très surbaissée.
La chambre de manœuvre où viendra se remiser le pont sera placée latéralement au passage, et il est nécessaire que de cette chambre on puisse accéder au-dessous du tablier pour le graissage et le nettoyage du mécanisme et pour exécuter toutes les réparations.
Dans certains cas, on s’est contenté de laisser le pont rouler au niveau du sol de la pièce, ce qui la rend inhabitable et seulement utilisable pour la défense du haha au moyen de créneaux convenablement disposés. Il est préférable de remiser le pont sous le plancher d’une pièce établie sur une cave. La pièce sera ainsi utilisable comme corps de gade, la cave permettra de visiter par en-dessous tous les organes du pont roulant alors que le platelage sera visité ou réparé quand le pont est en place.
Quoiqu’il en soit il faut que l’ouverture par laquelle le pont est remisé soit fermée par un rideau en tôle d’acier. Ce rideau à contrepoids est actionné comme le pont, de l’intérieur du corps de garde grâce à un mécanisme prévu à cet effet. Le rideau baissé, on a ainsi un créneau de pied donnant sur le haha.
Les ponts roulants peuvent être constitués de deux façons différentes, les ponts roulants à chariot et les ponts roulants sur trains de galets.
Le pont roulant transversalement à chariot ou pont roulant type « truck » ou wagonnet à tablier
Le tablier est monté sur essieux, à la façon d’un simple véhicule. L’effort de traction est produit sur la charpente métallique et se transmet aux quatre roues par les essieux. Le travail est le même que dans une traction sur voie ferrée. Cette configuration exige d’avoir recours à un treuil ou un mécanisme de roues dentées pour déplacer le pont dont le poids est relativement important. Le mouvement de repliement est en conséquence lent et aura l’inconvénient d’exiger un grand effort, donc plusieurs hommes, dans le cas où le mécanisme viendrait à cesser de fonctionner pour une cause quelconque.
VAUBOURG Cédric
Fortifications équipées d’un pont roulant à chariot :
Dans certains ouvrages, les ponts à chariot sont manœuvrés par un treuil à double chaines, fixé sur le mur du fond de la chambre de manœuvre que l’on actionne grâce à deux manivelles. Cette configuration se retrouve aux Chuises de Bauma-Négra et de Saint-Jean-de-la-Rivière et au fort du Barbonnet dans l’avancée de Nice.
Dans d’autres ouvrages, la manœuvre s’effectue grâce à un système similaire de treuils à chaine fabriqués par la société Pilter :
- Fort de Cormeilles-en-Parisis à Paris
- Fort d’Ecouan à Paris.
- Fort de Stains à Paris.
- Fort de Domont à Paris.
- Batterie sud du fort de Villey le sec à Toul.
D’autres forts en France seront équipés de ce type de pont à chariot manœuvrable avec différents treuils de manœuvre :
- Fort de Troyon Hauts de Meuse
- Fort de Liouville Hauts de Meuse
- Fort du Camp de Romains Hauts de Meuse
- Fort de Génicourt à Verdun
- Fort du Rozelier à Verdun (Entrée de guerre)
- Fort du Boussois à Maubeuge
- Réduit du bois d’Arches à Epinal
- Réduit du Mont du Mont Agel à Nice (2ponts)
Le pont mobile roulant transversalement à chariot automoteur
En 1874, un pont roulant transversalement analogue au présent est mis au point, sa particularité, c’est qu’il possède un chariot automoteur. Ce système de traction se compose de deux roues dentées couplées à un volant de manœuvre, installé sur le tablier du côté de la chambre de retrait. Lorsque l’on tourne le volant de manœuvre, le chariot qui se trouve au-dessus du haha se déplace sur des rails, vers la chambre de retrait grâce à un seul homme. Il suffit de tourner le volant dans l’autre sens pour remettre le tablier au-dessus du haha. Des verrous placés près des volants permettent de bloquer le chariot, pour éviter son déplacement lors du passage de charges lourdes sur le tablier. Ce type de pont sera installé à 7 exemplaires dans les forts de la chefferie d’Epinal.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Fortifications équipées d’un pont roulant à chariot automoteur :
- Fort de Rupt Haute Moselle
- Fort du Parmont Haute Moselle
- Fort d’Arches à Epinal
- Fort de la Mouche à Epinal
- Fort de Razimont à Epinal
- Fort de Lonchamp à Epinal
- Fort de Dogneville à Epinal
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Le pont moibles roulant transversalement à train de galets indépendants
C’est afin de pallier aux inconvénients des ponts roulants à chariot que l’on a imaginé de monter le tablier du pont sur deux trains de galets indépendants l’un de l’autre. L’effet de traction produit directement sur la charpente métallique se transmet tangentiellement à la partie inférieure des roues ou galets. C’est l’application du principe de l’emploi de rouleaux pour le transport de grosses charges.
Ce type de pont se déplace à la main en agissant sur le tablier grâce à des barres de manœuvre qui se termine par des poignées. Elles sont placées sur le côté du tablier de la chambre de retrait. On détermine le mouvement dans un sens ou dans l’autre en tirant ou en poussant sur les barres. Afin d’empêcher le retrait accidentel du pont, les poignées se verrouillent dans des arrêts aménagés placés sur le sol de la chambre ou sur les parois.
Fortifications équipées d’un pont roulant à galets indépendants :
Plusieurs ouvrages en France seront équipés de ce type de pont comme les forts de Bron et de Montverdun à Lyon, à la batterie des Caurres à Tournoux ou au fort de la Platte à Bourg Saint-Maurice. Après 1885, ce pont maniable sera installé dans les nouveaux ouvrages pour protéger l’entrée de guerre de certains ouvrages modernisés comme aux forts de Meyzieux, de Saint-Priest, de Genas à Lyon et aux forts du Mont-Vaudois et du Bois d’Oye à Belfort.