L’entrée des forts avant 1885

L’entrée des forts

L’entrée des forts est située sur le front de gorge, où elle est le mieux couverte des vues de l’ennemi par le massif même de l’ouvrage, au milieu de la courtine s’il s’agit d’un tracé bastionné, près de la caponnière dans le cas d’un tracé polygonal. Quelquefois même, elle traverse cette caponnière munie de casemates crénelées surveillant les abords. Le bâtiment d’entrée est souvent isolé comme au fort de la Drette à Nice ou de Longchamp à Épinal. Il peut aussi être intégré dans le casernement de gorge comme au fort de la Revère à Nice ou d’Uxegney à Épinal.

Le passage ou galerie de communication de l’entrée mesurant au minimum 3 mètres de large par 3 mètres de haut traverse le parapet sous une voûte. Mais, dans certains ouvrages de seconde ou de moyenne importance, l’entrée est moins protégée, car elle s’effectue sur un passage à l’air libre entre des piliers sur le mur d’escarpe qui débouche directement dans la cour. C’est le cas pour le fort de la Grande Haye ou des Adelphes à Épinal, de Vaux ou de Bois Bourrus à Verdun et d’un très grand nombre d’ouvrages côtiers ou de montagne.

L'entrée à ciel ouvert et son pont démontable au fort de la Croix de Bretagne à Briançon. 
VAUBOURG Cédric
L’entrée à ciel ouvert et son pont démontable au fort de la Croix de Bretagne à Briançon.
VAUBOURG Cédric

La continuité de l’obstacle est conservée, dans la quasi-totalité des ouvrages, par l’intercalation dans le passage d’un pont mobile défensif du type pont levis ou pont roulant. Dans certains ouvrages de montagne pour des raisons d’enneigement, les forts ne seront pas équipés d’un pont mobile à l’entrée, mais d’un simple pont démontable. Cette configuration se retrouve à Briançon, aux forts de l’Infernet, de la Croix de Bretagne et de l’Olive et à Tournoux, à la batterie du Vallon Claus, à la redoute de Roche la Croix et à la batterie de Viraysse.

Dans la première disposition, le pont-levis est souvent placé en avant de l’entrée qu’il ferme en se relevant.

L'entrée du fort Leveau à Maubeuge est équipée d'une partie métallique fixe et d'un pont levis à bascule. VAUBOURG Cédric
L’entrée du fort Leveau à Maubeuge est équipée d’une partie métallique fixe et d’un pont levis à bascule. VAUBOURG Cédric

Dans la deuxième disposition, le pont roulant couve un haha creusé sous la voute d’entrée, qu’il démasque en roulant horizontalement dans le sens perpendiculaire à l’axe du passage, pour aller se loger dans une chambre spéciale disposée latéralement au passage.

L'entrée du fort du Parmont Haute Moselle est pourvue d'un pont roulant à l'intérieur de la galerie d'entrée. VAUBOURG Julie
L’entrée du fort du Parmont Haute Moselle est pourvue d’un pont roulant à l’intérieur de la galerie d’entrée. VAUBOURG Julie

Dans les deux cas, le passage est en outre intercepté par une grille métallique et une porte blindée dans l’intervalle desquelles on pouvait donner des feux partant du corps de garde crénelés.

La porte blindée de l'entrée du fort de Jouy Hauts de Meuse. VAUBOURG Lucas
La porte blindée de l’entrée du fort de Jouy Hauts de Meuse. VAUBOURG Lucas

Le sol de l’entrée des forts est soit au niveau du sol naturel, soit au niveau du fond du fossé.

Dans le premier cas, on traversait le fossé sur un pont dormant dont les piliers étaient généralement métalliques, afin de réduire les angles morts du flanquement du fossé au minimum.

Plan de l'entrée au niveau des cours du fort de Sennecey à Dijon. 
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Plan de l’entrée au niveau des cours du fort de Sennecey à Dijon.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
L'entrée du fort d'Asnières à Dijon en 1940 au niveau du terrain naturel. Elle était similaire à celle de Sennecey. Lionel PRACHT
L’entrée du fort d’Asnières à Dijon en 1940 au niveau du terrain naturel. Elle était similaire à celle de Sennecey. Lionel PRACHT

Dans le deuxième cas, on descendait au niveau du fond de fossé au moyen d’une rampe traversant la contrescarpe sous une voûte fermée par une grille et battue depuis un corps de garde latéral crénelé.  Il fallait ensuite regagner la cour du fort au moyen d’une rampe. On reprochait à la dernière solution la raideur de la rampe nécessaire pour atteindre, dans l’intérieur du fort, le niveau de la ou des cours. Ce défaut n’était pas sans importance à une époque où l’on avait fréquemment à introduire dans les ouvrages de lourds chargements (poudre, projectiles, armement, etc.).

Plan de l'entrée en fond de fossé du fort de Cormeilles en Parisis. 
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
Plan de l’entrée en fond de fossé du fort de Cormeilles en Parisis.
VAUBOURG Cédric d’après un cours de fortification
L'entrée en fond de fossé au fort de Cormeilles en Parisis à Paris est protégée par une caponnière. VAUBOURG Cédric
L’entrée en fond de fossé au fort de Cormeilles en Parisis à Paris est protégée par une caponnière. VAUBOURG Cédric

Avant 1886, en dehors de quelques exceptions comme au fort du Mont-Vaudois près de Belfort ou de Tamié près d’Albertville, chaque fortification possède une seule entrée, il n’y a pas de sortie de secours de prévue. Mais, après cette date, on aménagera dans un grand nombre d’ouvrages modernisés une deuxième entrée appelée entrée de guerre placée en fond de fossé et construite en béton pour mieux résister aux bombardements.

Le dehors

Le corps de garde extérieur de l'entrée du fort de Lonchamp à Epinal. VAUBOURG Cédric
Le corps de garde extérieur de l’entrée du fort de Lonchamp à Epinal. VAUBOURG Cédric

Parmi les nombreux dehors qui couvraient l’entrée des anciennes fortifications, deux seulement étaient employés après 1870, la tenaille et le ravelin.

La tenaille se rencontrait parfois devant la courtine des fronts bastionnés et comme le tracé bastionné ne s’appliquait dans les forts qu’à la gorge, elle ne servait qu’à diminuer les déblais.

Le ravelin, ouvrage en terre en forme de redan sans fossé, couvrait l’entrée des ouvrages. La route d’accès traversait le ravelin : elle était quelquefois enfilée par les feux d’un corps de garde casematé et crénelé placé à l’intérieur de celui-ci.

Comment les fortifications sont-elles renommées?

Le cartouche du fort du Cognelot à Langres avec les deux noms. VAUBOURG Julie
Le cartouche du fort du Cognelot à Langres avec les deux noms. VAUBOURG Julie

Les fortifications Séré de Rivières possèdent très souvent le nom de la commune ou du lieu-dit où elles ont été construites en dehors de quelques exceptions. Ces noms seront souvent rebaptisés par le Général Boulanger après janvier 1887 par des noms de militaires ou de personnalités glorieuses pour l’époque. C’est à cette date que le fort du Cognelot sera rebaptisé fort Vercingétorix.

Les noms des ouvrages sont souvent inscrits à l’entrée des forts sur un cartouche et ils sont parfois complétés avec les dates de construction. Dans certaines fortifications de Nice, Belfort et de Langres, le nom Boulanger sera aussi inscrit sur le cartouche.