Les fossés et les abords des forts

Vue aérienne du fort d’Uxegney place d’Epinal. VAUBOURG Cédric

Les fossés ou obstacle

Le fort Séré de Rivières de forme polygonale est protégé des assauts de l’infanterie ennemie par un obstacle qui est toujours en un fossé sec. Il se compose d’une excavation comprise entre une contrescarpe (mur extérieur du fossé), un fond de fossé et une escarpe (mur intérieur) Sa forme dépendent de la nature du terrain. Le tour du fossé est souvent entouré d’un parapet pour l’infanterie destiner à rajouter une protection supplémentaire. La défense des fossés est assurée depuis des casemates d’artillerie basses (caponnières, coffres d’escarpe et coffre de contrescarpe) placées dans angles de l’ouvrage appelés saillants. Mais, dans quelques ouvrages, se trouvant sur une place forte où l’on juge difficile une attaque d’infanterie ennemie sur l’entrée, le fossé de gorge est dépourvu de casemates d’artillerie basses. Dans ce cas la défense du fossé est assurée depuis la crête d’artillerie.

Presque tous les forts possèdent des fossés, sauf certains ouvrages de montagne jugés difficiles aux assauts de l’infanterie à cause de la configuration du terrain.

Le mur de contrescarpe mesure, d’après le Rapport de 1874, 7 mètres de hauteur. L’épaisseur du mur est calculée pour résister à la poussée des terres. Il peut être constitué d’un mur plein ou d’un mur en arceaux de décharges qui s’adapte mieux à la configuration du terrain.

Le fond de fossé doit avoir une largeur d’un minimum de 12 mètres, elle sera réduite pour des raisons budgétaire dans certaines fortifications juger à l’abri des assauts de l’infanterie à 10 ou 8 mètres. Mais cette dernière largeur n’assurait pas une sécurité absolue contre le franchissement au moyen de ponts volants.

Les murs d’escarpes peuvent être de différents type détachées, demi-détachées ou attachées. Ils doivent être au maximum défiler aux coups de l’ennemi afin d’éviter sa destruction. Cette protection, pouvait être assurée

  • En augmentant la profondeur du fossé.
  • En accroissant le relief du glacis
  • En réduisant la hauteur de l’escarpe
  • En diminuant la largeur du fossé
  • En rapprochant la crête du glacis du sommet de la contrescarpe.

Tous ces moyens étaient souvent employés simultanément, mais pour des raisons d’ordre militaire ou économique, on a dû imposer des limites à ces dispositions.

Les différents types d’escarpes :

  • L’escarpe détachée est un mur de 5 mètres de hauteur, de 1 mètre d’épaisseur au sommet. Elle est généralement adossée aux terres sur une hauteur de 1m50, et en arrière se trouve un chemin de ronde permettant d’accéder à des créneaux percés dans le mur ou peuvent défendre aux fusils les soldats. Ce système est économique, car le mur est moins épais que s’il avait eu des terres à soutenir. L’escarpe ainsi constituée offre, tant qu’elle est debout, le double obstacle de la montée et de la descente, on peut la défiler facilement en la rapprochant de la contrescarpe. En revanche elle est moins résistante, du fait de sa faible épaisseur et de l’absence de masse de terre pour amortir les vibrations produites par les bombardements. Enfin l’assaillant, après avoir franchi la brèche, peut se répandre à couvert au pied du talus et escalader le rempart.
  • L’escarpe demi-détachée comprend un revêtement d’environ 4 mètres de hauteur surmonté, soit d’un leur crénelé, soit d’un mur à bahut avec gradins pour le tir. Ce système est principalement appliqué en terrain rocheux, la partie attachée du mur n’étant alors qu’un simple placage. Quand la partie détachée n’existe pas, on avait une escarpe à demi-revêtement. On aménageait à son sommet une large berme plantée d’une haie vive formant obstacle à l’escalade.
  • L’escarpe attachée, c’est-à-dire adossés aux terres sur toute sa hauteur, est de 6 mètres. Elle est constituée par un mur plein ou à arceaux de décharge, surmonte d’un couronnement ou d’une tablette servant à écarter les eaux de pluie du parement. L’épaisseur du mur est calculée pour résister à la poussée des terres.
  • L’escarpe en terre coulante est relativement rare avant 1885, on la retrouve au fort de Longchamp et Dogneville à Epinal, au fort de Douaumont à Verdun et de de rares ouvrages. Cette escarpe est la plus économique, car elle n’a jamais été construite. Dans ces trois ouvrages on y place à en guise de mur une grille défensives. C’était aussi le cas du fort d’Arches à Epinal qui recevra son mur d’escarpe vers 1882. La crise de l’obus torpille, montera que ce type de configuration limite les débris dans les fossés après un lourd bombardement, ce qui assure une meilleure défense depuis les casemates d’artillerie basses. Après 1885, les fossés des nouveaux ouvrages ne seront plus équipés systématiquement d’un mur d’escarpe ou de contrescarpe en maçonnerie ou en béton

Les grilles défensives

Les grilles défensives se généralise après la crise de l’obus torpille pour ralentir l’infanterie ennemie. Elles sont étudiées pour être infranchissables et pour résister le plus longtemps possible aux bombardements. Ces grilles sont souvent placées pour protéger l’entrée du fort, le dessus des casemates d’artillerie des fossés (caponnières ou coffres de contre-escarpe) ou pour remplacer le mur d’escarpe ou de contrescarpe.

Les servitudes militaires

Elles comprennent, les abords de la fortification, jusqu’à la limite de bonne portée des armes. Elles sont, en principe, débarrassés de tout éléments pouvant gêner les feux du défenseur ou cacher l’arrivée de l’assaillant. C’est dans ce but qu’ont été établies les prescriptions relatives aux servitudes militaires.

Les glacis

Coupe d’un glacis d’ouvrage avant 1885. Cour de fortif

Afin de  de faire disparaître l’angle mort qui existe généralement quand l’escarpe est maçonnée (revêtue), aux approches même du fossé, et qui résulte de ce que les coups partant suivant la pente de la plongée ne rencontrent le sol naturel qu’à une certaine distance au-delà de la contrescarpe, on établit un glacis battu par les feux du parapet.

Dans les ouvrages, le glacis s’avance très près de la contrescarpe. Le parapet d’infanterie ou chemin couvert qui entoure le fossé est rétréci ou même supprimé en vue de la protection de l’escarpe.

Avant-chemin couvert et avant-glacis

En revanche, on place souvent un avant-chemin couvert, pour completer à l’absence de parapet d’infanterie bordant le fossé ou pour donner des feux sur des pentes raides qui échappent aux vues des crêtes du fort.  A cet effet, le glacis ordinaire qui prenait le nom de glacis intérieur, est établi partie en de remblai. Sa création n’a d’ailleurs eu quelquefois pour objet que de fournir des terres pour les parapets. Il est généralement occupé par un réseau de fil de fer, à piquets en bois, défilé par la crête de l’avant-chemin couvert.

Le glacis extérieur, ou avant-glacis, qui précède ce dernier, est réglé, quand la pente du terrain le permet, de façon à être battu par la crête du parapet du fort.

Le réseau de fil de fer et de queues de cochons

Après 1900 et la crise de l’obus torpille, le réseau de fil de fer à piquets en bois, destiné ralentir les assauts de l’infanterie ennemie est remplacé par réseau de fil de fer entièrement métallique, dans les ouvrages du Nord Est de la France. Ce réseau placé sur les glacis du fort est plus épais que le précèdent, il possède une largeur minimum de 30 m. Sa composition comprend de grands piquets (queues de cochon), de petits piquets (ardillons) reliés entre eux par des fils d’acier doux et de la ronce artificielle. Il est conçu, pour mieux résisté aux bombardements et il est établit de manière que les balles du défenseur ne soient pas obligées de le traverser, pour éviter qu’elles perdent de la vitesse ou qu’elles dévient de leurs cibles.

Plugin WordPress Cookie par Real Cookie Banner