L’entrée des forts

L’entrée du fort du Mont Agel place forte de Nice. VAUBOURG Julie

L’entrée des fortifications est souvent placée du côté le moins exposé aux invasions ennemies, vers le milieu de la gorge, soit au niveau du fond de fossé, soit au niveau du sol extérieur. On reprochait à la première solution la raideur de la rampe nécessaire pour atteindre, dans l’intérieur du fort, le niveau de la ou des cours. Ce défaut n’était pas sans importance à une époque où l’on avait fréquemment à introduire dans les ouvrages de lourds chargements (poudre, projectiles, etc). Aussi, on adopta le plus souvent l’entrée à un niveau supérieur, bien que les piliers du pont alors nécessaires pour franchir le fossé ont l’inconvénient de gêner leur flanquement. On protégeait alors très souvent l’entrée des coups directs et des assauts avec un ravelin.

Le bâtiment d’entrée est souvent isolé comme au fort de la Drette à Nice ou de Longchamp à Épinal. Il peut aussi être intégré dans le casernement de gorge comme au fort de la Révère à Nice ou d’Uxegney à Épinal ou dans une caponnière comme à la batterie de Sanchey à Épinal. Il possède des locaux servant de corps de garde avec créneaux de fusillade, porte blindée, grille et pont métallique qui franchit le fossé. Ce pont se compose dans un grand nombre d’ouvrages de deux parties, la partie fixe avec un pont dormant et la partie mobile, qui peut être un pont à effacement ou un pont-levis. Cette dernière se manœuvre en cas d’attaque pour couper l’accès au passage d’entrée.

Dans certains ouvrages de seconde ou de moyenne importance, l’entrée est moins protégée, car elle s’effectue sur un passage à l’air libre entre des piliers sur le mur d’escarpe qui débouche directement dans la cour. C’est le cas pour le fort de la Grande Haye ou des Adelphes à Épinal, de Vaux ou de Bois-Bourrus à Verdun et d’un très grand nombre d’ouvrages côtiers ou de montagne.

Avant 1886, en dehors de quelques exceptions comme au fort du Mont-Vaudois près de Belfort ou de Tamié près d’Albertville, chaque fortification possède une seule entrée, il n’y a pas de sortie de secours de prévue. Mais, après cette date, on aménagera dans un grand nombre d’ouvrages modernisés une deuxième entrée appelée entrée de guerre placée en fond de fossé et construite en béton pour mieux résister aux bombardements.

Les pont-levis

L’entrée de la batterie de Sanchey ayant conservée son pont levis système Devèze. VAUBOURG Julie

Ce type de pont est le plus courant dans les fortifications. Il se compose d’une partie mobile qui se rabat contre l’entrée et de plusieurs contrepoids qui équilibrent l’ensemble. Sa manœuvre s’effectue en fonction du modèle avec un ou plusieurs hommes. Ce pont-levis produit par différents fabricants existe en plusieurs modèles de fonctionnement. Les plus connus sont: 

– Le système à bascule en dessous (forts d’Uxegney, la Grande Haye, de Vaux….)

– Le système à bascule en dessous amélioré par le Général Tripier (Forts de la Drette, Tamié…)

– Le système Devèze (Batterie de Sanchey, forts de Girancourt, de Troyon, de Blénod…)

– Le système Poncelet ( Forts de Trondes, du Saint-Michel, de Domgermain, de Tournoux…)

– Le système d’Ardagt-Pilter  (Batterie Nord de Villey le Sec, fort de Lucey….)

– Le système d’Ardagt (ouvrage du Mont-Chauve de Tourette)

Les ponts à éffacement

Le pont à effacement latéral  

Ce modèle de pont se situe souvent à l’intérieur du bâtiment d’entrée. Il se compose d’une partie mobile qui se déplace sur des rails grâce à des roues ou des galets vers une chambre de retrait du pont roulant. Cette manœuvre s’effectue avec un système de crémaillère ou de treuil à main qui permet d’ouvrir une fosse dans le passage d’entrée de près de 4 à 5 mètres de profondeur. (Forts du Parmont, de la Mouche, de Saint-Priest….)

Le pont à effacement longitudinal

Ce pont installé seulement dans quelques ouvrages possède les mêmes principes de fonctionnement que le pont à effacement latéral sauf qu’il coulisse dans le passage d’entrée et qu’il ouvre un vide au-dessus du fossé de gorge. (Forts de Gondreville, de Vancia, de Feyzin…).

Comment les fortifications sont-elles renommées?

Le cartouche du fort du Cognelot à Langres avec les deux noms. VAUBOURG Julie

Les fortifications Séré de Rivières possèdent très souvent le nom de la commune ou du lieu-dit où elles ont été construites en dehors de quelques exceptions. Ces noms seront souvent rebaptisés par le Général Boulanger après janvier 1887 par des noms de militaires ou de personnalités glorieuses pour l’époque. C’est à cette date que le fort du Cognelot sera rebaptisé fort Vercingétorix.

Les noms des ouvrages sont souvent inscrits à l’entrée du fort sur un cartouche et ils sont parfois complétés avec les dates de construction. Dans certaines fortifications de Nice, Belfort et de Langres, le nom Boulanger sera aussi inscrit sur le cartouche.

L’entrée de guerre

Après la crise de l’obus torpille, on aménage de nouvelles entrées dans les forts, soit en construisant une deuxième entrée, ou encore en démontant l’entrée d’origine pour la remplacer par une entrée mieux adaptée.

Ces entrées de guerre sont à l’épreuve des nouveaux obus, placées en fond de fossé de gorge, elles sont souvent équipées d’un pont-levis ou d’un pont à effacement latéral ne possédant pas de partie fixe (pont dormant). Ce pont franchit un petit fossé diamant qui empêche l’accès à l’infanterie ennemie dans l’ouvrage. Ces entrées possèdent aussi une porte blindée et un corps de garde. Elles sont protégées depuis les casemates d’artillerie du fossé ( caponnières ou coffres de contre-escarpe) par des pièces de flanquement.

Ces entrées mieux adaptées aux combats sont conçues pour permettre de ravitailler l’ouvrage le plus longtemps possible pendant la bataille.

L’entrée d’origine du fort de Girancourt et son entrée de guerre aménagée en 1892 en bas à droite. VAUBOURG Julie
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