Canon de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893/97

Canon de 120 long Mle 1878 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1897

Affûts-trucs Peigné-Canet modèle 1893 et modèle 1897

Manœuvre du 8ème bataillon d’affûts trucs de 155C dans un secteur de la place d’Epinal.
VAUBOURG Cédric

L’A.L.V.F. (Artillerie Lourde sur Voie Ferrée) existait bien avant la Grande Guerre. Des tubes de 155 court De Bange modèle 1881 et de 120 long De Bange modèle 1878 avaient été montés sur des affûts-trucs pour voie de 60 dès 1893. Ces matériels faisaient partie de l’armement des places fortes du Nord-est (Verdun, Toul, Epinal et Belfort). Leur très grande mobilité les rendait particulièrement aptes soit à faire des démonstrations, soit à renforcer rapidement certains secteurs. Chaque pièce dans les places fortes étaient approvisionnées de 1000 coups.

L’adoption de l’affût-truc, système Peigné Canet

Le premier affût-truc est présenté par le Lieutenant-colonel Peigné. Il est construit par la Société des Forges et Chantiers de la Méditerranée (matériel Peigné Canet). Il est présenté en 1888 au Havre, sur la proposition du 9 février 1887, de la Section technique qui le présente, le 9 mars au programme des essais à Calais.

Un canon de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 à l'arsenal d'Epinal avant la Grande Guerre. Pascal DURAND
Un canon de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 à l’arsenal d’Epinal avant la Grande Guerre. Pascal DURAND

Le rapport de la Commission de Calais, du 29 décembre 1888, est examiné par le Comité, le 15 mars 1889.

Dans les essais de 1888, sur voie ordinaire de 60 et sur voie improvisée, on a constaté de nombreux déraillements du truc, qui n’est organisé que pour des courbes de 600 mètres de rayon.

Dans le tir normal à la voie, exécuté sous petits angles (0 à 15 degrés), la voie a pris un mouvement de recul, un mouvement d’affaissement ou de relèvement des rails et une traverse, placée sous le truc, s’est rompue dans le tir à l’horizontale. Sous les grands angles (30 à 60 degrés), il ne s’est produit qu’un mouvement d’affaissement assez faible.

Dans le tir oblique par rapport à la voie, les effets ont été les mêmes que ci-dessus, mais de moindre importance.

Enfin, dans le tir suivant la voie, les effets sur celle-ci ont été insignifiants. Après tous les tirs, la voie s’était déplacée, de 5 centimètres environ, avec déversement de 1° 20′, le rail extérieur étant le plus élevé. On a constaté, en outre, un surécartement des rails de 2 centimètres et un mouvement d’entraînement longitudinal de 1 centimètre.

Le pointage en direction par la circulaire a été aussi juste qu’avec une hausse. Le Comité pense, avec la Commission de Calais, que le matériel essayé pourra être mis en service après quelques modifications. Il précise, au sujet de ces dernières, que le matériel doit pouvoir circuler dans des courbes de 150 mètres et permettre le tir parallèlement à la voie, sous des angles aux plus égaux à 5 degrés. Il estime que les essais doivent continuer après ces modifications indiquées par la Commission de Calais.

Afin de soulager les boggies pendant le tir, et pour assurer la stabilité quelle que soit la direction du tir, des vérins, dont certains sont montés sur des bras articulés, viennent prendre appui sur des patins posés sur le sol.

Un canon de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 dans un secteur du Plainfing en 1915. 18 régiement de tirailleurs
Un canon de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 dans un secteur de Plainfaing en 1915. 18ème régiment de tirailleurs. Lionel PRACHT

A cette occasion, le Comité expose que, s’il parait bon d’avoir quelques pièces de ce système, il ne serait pas prudent de baser un système de défense des places sur l’emploi généralisé de trains blindés, composés de pièces montées sur trucs. Il rappelle qu’il a, maintes fois, donné les raisons de cette manière de voir, notamment à propos des propositions Loyre et Mougin, et il fait observer que les obus torpilles, récemment mis en service, rendent encore plus facile la destruction des voies ferrées par le tir.

Manoeuvre d'affûts-trucs à Epinal en 1904 - Lionel PRACHT
Un convoi sur voie de 60 d’affûts-trucs à Epinal en 1904. Lionel PRACHT

Les modifications prévues ci-dessus et redemandées par le Président du Comité, dans sa lettre du 28 octobre 1889 ayant été exécutées, les essais continuèrent après l’addition de consoles qui permettaient d’éviter de descendre l’affût-truc pour l’appuyer sur les rails. Des essais comparatifs eurent lieu entre une batterie de 155 court sur affût-truc, de 0m 60, et une batterie de 155 court modèle 1890, (séance du Comité du 8 mai 1891). On arriva ainsi, en 1893, à adopter le matériel d’affût-truc pour 155 court. On le transforma, d’ailleurs encore, dans la suite, afin de pouvoir employer avec lui, à volonté, soit un canon de 155 court, soit un canon de 120 long. C’est par lui que le Président du Comité, à la suite de l’avis du Comité, du 6 mars 1896, proposa de considérer les essais de l’affût-truc pour 155 C et 120 L comme définitivement terminés.

Des Canons de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 dans un secteur de la place d'Epinal. Lionel PARCHT
Des canons de 155 court Mle 1881 sur affût-truc Peigné Canet à voie de 60 Mle 1893 dans un secteur de la place d’Epinal. Lionel PARCHT

Ce nouvel affût reçut le nom de modèle 1897 (Dépêche du 18 janvier 1898), par opposition à celui de modèle 1893 donné à l’affût-truc exclusivement réservé au 155 C. L’affût-truc, modèle 1897, est donc organisé pour recevoir, à volonté, soit le canon de 155 court, soit le canon de 120 long. Il comprend un petit affût-support des tourillons, doté de deux freins hydrauliques communicants. Ce petit affût repose et peut reculer sur une poutre. Cette dernière peut osciller autour d’un axe antérieur horizontal. En temps ordinaire, la poutre est inclinée vers l’avant comme le dessus du châssis d’un affût Vavasseur, dans le tir aux grands angles, elle s’abaisse en agissant sur un frein hydraulique vertical, flanqué de deux piles de rondelles Belleville.

Un affût truc pour canon de 120 long pendant la Grande Guerre. VAUBOURG Cédric
Un affût truc modèle 1897 pour canon de 120 long pendant la Grande Guerre. VAUBOURG Cédric

Portée de tir des pièces des affûts-truc Peigné Canet

CaractéristiquesCanon de 155 court sur affût-truc Peigné CanetCanon de 120 long sur affût-truc Peigné Canet
Vitesse initiale303 m/s525 m/s
Portée de tir maximale6,8 km8 à 10 km