L’armement principal des fortifications Séré de Rivières construites avant 1885 est placé à l’air libre. Il se compose de pièces d’artillerie en bronze rapidement remplacées par des pièces en acier allant du calibre de 80mm au 220mm de diamètre.
Cet armement est placé sur le couvert. Ce dernier comprend un parapet d’artillerie composé d’une plateforme de tir qui camoufle les pièces aux yeux de l’ennemi. Le parapet d’artillerie reçoit une pièce d’artillerie, placée sur une plateforme en bois. Chacune des pièces est séparée par des traverses abris qui servent à protéger le matériel du service de l’artillerie, les munitions et les artilleurs des bombardements. Elles empêchent aussi, par leur massif de terre, la destruction avec le même obus de deux plates-formes de tir.
Pour approvisionner les pièces d’artillerie sur leur plate-forme de tir et les traverses abris, les soldats passent par la rue du rempart dans les forts à batterie basse ou le terre-plein dans les forts à cavalier. Ce passage à l’air libre mesure généralement 4 à 8 mètres de large. Il se situe en contrebas des plates-formes de tir pour échapper aux coups rasants.
Le couvert comprend aussi les différentes casemates d’artillerie, les cuirassements et les parapets d’infanterie.
Les parapets d’artillerie
Les parapets d’artillerie comprennent les plateformes de tir où sont placés l’armement à l’air libre. Ces parapets quel que fût leur emplacement dans un fort à cavalier ou à enceinte basse avaient généralement 8 mètres d’épaisseur en terrain ordinaire, 6 mètres en terrain sablonneux, 9 à 10 mètres en terrain argileux.
La pente de la plongée, normalement fixée à 1/6, était exceptionnellement portée à 1/5 ou 1/4 quand le terrain l’exigeait absolument. Le talus extérieur qui, d’après l’Instruction de 1874, devait être tenu à 4/5 et coupé de bennes reçut plus tard l’inclinaison uniforme de 2/3. Les plateformes des pièces étaient à 2m15 en contrebas de la crête.
Le talus intérieur, laissé à la pente de 3/1 et revêtu en fascinages, quand il pouvait recevoir des coups de revers, comprenait, dans le cas contraire une murette en maçonnerie de 95cm de hauteur, surmontée d’un revêtement en gabions et fascines de 1m20, laissant à découvert le dessus de la murette sur une largeur de 40 à 50 cm. Ce rebord pouvait servir éventuellement de banquette d’infanterie.
Les premières pièces employées (138, 155L) étant dépourvues de freins hydrauliques, les plateformes avaient 9m50 de longueur pour permettre le recul. Leur largeur était de 6 à 7 mètres. Elles étaient raccordées au terre-plein en arrière, soit par un talus à 1/2, disposition qui facilitait l’armement, soit par un mur en maçonnerie.
Ce mur qui faisait gagner de la place et qui couvrait mieux le terre-plein, ne convenait qu’aux fronts n’ayant pas à craindre de coups de revers. Dans ce dernier cas, le mur était arasé à 50cm au-dessous de la plateforme.
Le terre-plein avait 4 à 6 mètres de largeur et était en contrebas de 4 à 6 mètres par rapport à la crête. En tout cas, le profil devait être tel qu’un homme placé à l’arrière de ce terre-plein fût défilé à 1/6 par la crête.
Dans les forts à batterie basse, le terre-plein se confondait généralement avec la rue du rempart. Dans le cas d’un relief exceptionnel, ils étaient distincts et séparés par un talus à 2/3, que l’on gravissait au moyen de rampes au 1/6, qui lui étaient accolées.
Les traverses abris
Les traverses abri sont des abris qui protègent les servants et les munitions des bombardements, elles appartiennent au service de l’artillerie. En temps de paix, elles permettent de stocker du matériel et des pièces d’artillerie. Sur les parapets d’artillerie, les pièces étaient séparées, une à une, par des traverses contenant chacune un abri ou dans de rares cas, par une traverse pleine. Dans certains ouvrages qui ont des fronts échappant à l’enfilade, les pièces n’étaient parfois traversées que de deux en deux. Entre les deux plateformes, on établissait un simple pare éclats en terre.
Ces traverses abri s’élevaient de 2m50 au-dessus de la crête de feu. Le dessus, légèrement en dos d’âne, avait 4 mètres de largeur. Le talus extérieur, à la pente de 2/3, prolongeait le talus extérieur du parapet, quelquefois avec interposition d’une berme. Les talus latéraux étaient à 4/5. A l’arrière, la traverse était limitée par un mur formant façade sur la rue du rempart ou, s’il s’agissait d’un fort à cavalier, sur le terre plein, et qui s’élevait à peu près jusqu’à hauteur de la crête. Ce mur était surmonté d’un talus à 4/5 raccordant son couronnement avec le sommet de la traverse, et qui était raidi à 2/1 lors de la mise en état de défense.
La largeur, au niveau des plateformes, d’une traverse ainsi constituée, était de 14 mètres environ, en sorte qu’il fallait 20 mètres de crête par pièce ainsi protégée.
L’abri, dans lequel on entrait par une porte percée dans le mur dont il vient d’être parlé, était voûté en plein cintre, et avait 2m50 de largeur sur 2m50 de hauteur sous clef. Il s’avançait au-delà de la crête d’environ 2 mètres et se terminait en avant par un mur de fond supportant une demi-voûte en plein cintre rencontrant la voûte principale suivant des arcs de cloître.
L’épaisseur de ces voûtes était de 80 cm, celle des piédroits de 1 mètre. Dans les forts à cavalier, les piédroits d’un certain nombre de traverses s’appuyaient sur les voûtes de la caserne et alors, pour obtenir une répartition symétrique des pressions, les axes des abris devaient coïncider avec ceux des casemates auxquelles ils se superposaient. Les piédroits des autres traverses devaient descendre jusqu’au terrain naturel, ce qui conduirait à doter ces traverses de sous-sols.
Toutes les maçonneries des abris devaient être entourées en tout sens par au moins 3 mètres de terre. Cette condition limitait la profondeur de l’abri au-delà de la crête. Parfois, les murs en aile soutenant les terres de part et d’autre de la porte d’entrée étaient remplacés par des massifs évidés, disposition qui, tout en augmentant leur stabilité, accroissait la capacité des locaux.
Un puits de lumière aérait et éclairait chacune de ces espèces de niches.
La communication entre l’abri et les plateformes voisines était réalisée au moyen de gaines parallèles à la crête, de 80 cm de largeur, en pente raide ou coupées d’escaliers, appelées bras de traverse. En général, les deux bras d’une même traverse étaient dans le prolongement l’un de l’autre et formaient une communication entre les deux plateformes voisines. Ils divisaient l’abri en deux parties qui pouvaient être séparées par une cloison et être utilisées, celle de l’entrée pour les servants et le matériel, et celle du fond pour les munitions.
Toutefois, tel n’était pas l’esprit de l’Instruction de 1874, qui, par mesure de prudence, recommandait au contraire de ne pas mettre des hommes et des munitions dans la même traverse.
On sait déjà que, dans les forts à massif central, toutes les traverses n’étaient pas limitées à la rue du rempart. Un certain nombre d’entre elles venaient se souder en arrière au massif central ou à un parados. Elles étaient dites enracinées. La continuité de la circulation dans la rue du rempart était rétablie par des passages voûtés sous ces traverses. Cette rue se trouvait ainsi mieux défilée. L’entrée de l’abri sous traverse enracinée se trouvait sous le passage voûté, et en face de cette entrée débouchait généralement une communication voûtée venant des locaux du massif central. Cette disposition se rencontrait d’ailleurs aussi dans les forts à cavalier pour certaines traverses du parapet bas.
Les parados
Les parados sont des massifs de terre destinés à protéger les plateformes des coups à dos. En général, on déterminait leur relief par la condition qu’une ligne inclinée au 1/4, menée par leur sommet, vînt passer à 50 cm au-dessus de la crête à défiler. Il y avait donc intérêt, pour réduire la masse d’un parados, à le rapprocher de cette crête.
Les parados avaient au moins 4 mètres d’épaisseur au sommet, leurs talus était à 2/3 ou à 4/5. Ils étaient très encombrants, on profitait de leur existence pour y installer des locaux, en particulier les magasins à poudre.
On leur reprochait de déterminer l’éclatement des coups directs passant par-dessus le parapet et de renvoyer en arrière des éclats et des mottes de terre sur les défenseurs. Afin de palier à ce problème ; les parados sont constitués sur 2 mètres d’épaisseur au moins, par de la terre meuble ou au sable.
Les parapets d’infanterie
Les parapets d’infanterie se situent à l’intérieur des ouvrages en fonction du type de fort sur les batteries basses ou sur les casernements. Ils servent à protéger les soldats qui assurent la défense rapprochée d’un ouvrage ou d’un secteur, des tirs d’infanterie ennemie. Ils ne sont utilisés que lorsque l’infanterie ennemie effectue ou prépare son assaut.
Les parapets se composent avant 1885, d’un massif en terre maintenu par des fascines. Ils sont souvent placés en avant des traverses abris, dans les saillants des forts sur des bonnettes ou au-dessus des casernements de manière à défendre la totalité de l’ouvrage.
Les parapets d’infanterie, quel que fût leur emplacement, avaient généralement 6 mètres d’épaisseur et parfois seulement 4 mètres lorsqu’ils étaient complètement masqués aux vues de l’ennemi sur la gorge des forts détachés.
Le talus intérieur, revêtu, était à 3/1. La banquette, à 1m30 en contrebas de la crête, avait 2m de largeur et était reliée par un talus à 1/2 au terre plein, large également de 2 mètres, qui régnait à 1 mètre plus bas. Avec ce profil, un homme placé à la queue du terre plein était défilé au 1/10 par la crête.
Les traverses du parapet bas des forts à cavalier et celles qui existaient parfois sur le terre plein du massif central des forts à batterie basse étaient beaucoup plus espacées que celles que nous avons décrites et traitées d’une façon beaucoup plus simple.
Les autres éléments du couvert
- Les casemates d’artillerie en maçonnerie
- Les casemates cuirassées du Commandant Mougin
- La tourelle Mougin modèle 1876