Le canon de 75 modèle 1897 de campagne, le canon de 75 modèle 1897 de casemate et le canon de 75 de tourelle modèle 1905

Le canon de 75 modèle 1897 est une pièce à tir rapide à long recule mise au point en 1897 par le Commandant Deport et le Capitaine Etienne Sainte-Claire Deville. Sa cadence de tir va révolutionner l’artillerie car elle est de 6 à 8 coups à la minute, grâce à un frein hydropneumatique qui absorbe l’énergie du tir pour replacer le tube automatiquement à son emplacement d’origine, sans déplacer l’affût. Cela évite de replacer la pièce après chaque coup tiré, car les opérations de pointage prennent du temps pour être précises.
Après cette invention, les freins hydrauliques seront installés sur d’autres modèles de canons.
Cette pièce d’artillerie produite à plus de 3840 exemplaires début 1914 sera surtout utilisée par les régiments d’artillerie de campagne.

Renseignements généraux sur le matériel

Le canon de 75 modèle 1897 est une pièce à tir rapide et à long recul pouvant tirer à charge normale (portée limite 10700 mètres environ) ou à charge réduite (portée limite 6400 mètres environ).

L’interposition de plaquettes entre la fusée et l’obus (obus explosif mle 1900) donne, ainsi que la charge réduite, un moyen de diminuer la tension de la trajectoire (portée limite 4000 mètres environ).

Le champ de tir vertical du canon en terrain horizontal s’étend de -11°à + 18°. Au-delà, il faut enterrer la crosse, ce qui permet d’atteindre la portée limite de 10700 mètres. Le champ de tir horizontal réalisé par coulissement sur l’essieu est d’environ 100 millièmes (approximativement 62 décigrades ou 6°).

Le matériel de 75 comporte une bouche à feu, reliée au frein et reculant sur les glissières de ce dernier. Le frein repose sur l’affût par ses tourillons et par l’intermédiaire du berceau de pointage. Le déplacement de la pièce dans le sens vertical peut être obtenu de deux façons différentes :

• 1° au moyen du volant de pointage en hauteur qui détermine le déplacement par rapport à l’affût de l’ensemble canon-frein-berceau.
• 2° au moyen de la manivelle de hausse indépendante qui détermine le déplacement par rapport au berceau de l’ensemble canon-frein.

Le pointage en direction est obtenu par coulissement de l’affût sur l’essieu. L’affût porte à sa partie postérieure une bêche, qui s’enfonce dans le sol pendant le tir et autour de laquelle il pivote pendant le pointage en direction.

Pour le tir, le frein de roues peut être abattu, de façon à reposer sur le sol par ses patins, et les roues peuvent être élevées sur ces derniers qui présentent des socs pour l’enfoncement dans le sol.

Pour les déplacements, dans les batteries de 75 hippomobile, le canon est réuni à un avant-train et tiré par trois attelages.

Rôle du canon de 75 dans les fortifications

Dans les fortifications, les canons de 75 sont utilisés par les régiments d’artillerie à pied. Ils arment après 1900, les forts modernisés et les nouveaux ouvrages, pour défendre les intervalles et les abords des fortifications. Afin de les protéger des bombardements, les canons de 75 sont placés sous casemates bétonnées appelées casemate de Bourges sur un affût spécial de casemate ou sous cuirassement du type tourelle de 75R05 avec un canon réduit est adapté.

Le canon de 75 sur affût de campagne approprié au tir de côte est utilisé dans les ouvrages côtiers pour renforcer la défense d’un secteur et empêcher un débarquement.

Le canon de 75 utilisé pour la défense anti-aérienne

À partir de 1911, avec l’arrivée du dirigeable puis de l’aviation s’ajoute une nouvelle menace qui peut facilement attaquer les places fortes, mais aussi les villes bien en arrière de la nouvelle frontière. Par précaution, on installe essentiellement dans les places du nord-est de la France, quelques emplacements appelés stations contre aéronefs. Ces stations sont armées de 2 canons de 75 sur affûts spéciaux en bois, placés dans une cuve en béton, ils peuvent tirer en l’air des obus à balles ou des obus à balles à charge arrière.

Pendant la guerre, les bombardements des dirigeables et des avions sur les villes et les places fortes montreront que l’ennemi pourra tuer et détruire à des centaines de kilomètres des lignes de combats. Dans l’urgence, on sortira certains canons des casemates de Bourges pour les placer sur un socle en béton sur des emplacements anti-aérien. Mais très vite de nouvelles armes plus performantes seront inventées pour assurer la défense anti-aérienne du territoire.

Bouche à feu canon de 75

Caractéristiques de la bouche à feu des canons de 75 modèle 1897	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
Date du modèle	1897	1897	1905
Pièce	Canon de 75	Canon de 75	Canon de 75 raccourci
Calibre	75 mm	75 mm	75 mm
Culasse	à vis à filets concentriques	à vis à filets concentriques	à vis à filets concentriques
Mécanisme de mise à feu	percuteur	percuteur	percuteur
Longueur de la bouche à feu seule	2,733 m	2,733 m	1,555 m
Longueur de la partie rayée	2,23 m	2,23 m	NC
Nombres de rayures	24 à droite à pas constant	24 à droite à pas constant	NC
Profondeur des rayures	0,5 cm	0,5 cm	NC
Longueur de l’écouvillon long	2,75 m	2,75 m
Composition de la bouche à feu	acier	acier	acier
Poids de la bouche à feu avec mécanisme de culasse	461 kg	461 kg	NC
Poids de la culasse	27 kg	27 kg	27 kg

Caractéristiques des affûts et plateformes pour canon de 75 modèle 1897	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
Poids de l’affût de campagne	677 kg
Poids d’une roue N°7 renforcée pour affût de campagne	81 kg
Poids de l’affût de casemate		NC
Poids total de la pièce de campagne en batterie	1138 kg
Poids total de la pièce de casemate		NC
Longueur de la voie	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
de l’affût de campagne	1,52 m
de l’affût de casemate		NC
Longueur de l’essieu
de l’affût de campagne	1,81 m
de l’affût de casemate		NC
Hauteur de l’axe des tourillons au-dessus du sol ( la pièce assise)	0,935 m
Longueur totale de la pièce de l’affût de	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
campagne de la bouche à l’extrémité de la flèche	4,7 m
casemate de la bouche à l’extrémité de la flèche		NC
Distance du devant des roues à l’extrémité de la flèche de l’affût de campagne	3,42 m
Recul maximum	1,35 m	1,2 m	0,18 m
Frein hydraulique	La pièce est équipée de son frein hydraulique rempli d’huile oléonaphte ayant un recule de 114 à 122 cm	La pièce est équipée de son frein hydraulique rempli d’huile oléonaphte ayant un recule de 114 à 122 cm
Plateforme de tir	aucune	Béton avec circulaire métallique
Champ vertical de tir	-11° + 18°	-10° + 15°	-6° + 13°
Champ horizontal de tir	100 millième	600 dg
Tourelle de 75R05	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
Hauteur d’ascension			0,5 m
Elévation en batterie au-dessus de l’avant cuirasse			1 m
Epaisseur du corps cylindrique			0,15 m
Epaisseur de la calotte			0,15 m
Tournant de la voiture	10,7 m
Portée de tir maximale de la pièce	Canon de 75 modèle sur affût de campagne	Canon de 75 sur affût de casemate	Canon de 75 de tourelle
sur affût de campagne à charge nominale	10700 m
sur affût de campagne à charge réduite	6400 m
sur affût de casemate		5600 m
sous tourelle			4900 m

Renseignement généraux sur les munitions

Les munitions du canon de 75 sont constituées en cartouches, en vue de permettre la plus grande rapidité de tir.

Chaque cartouche comprend :

• L’obus, destiné à agir contre les objectifs par les éclats, les gaz, les balles ou les artifices qu’il projette en éclatant.
• La fusée qui provoque l’éclatement de l’obus au moment voulu. Elle est vissée sur l’ogive de l’obus soit à demeure, soit au moment d’introduire la cartouche dans le canon (quand la fusée est absente, un tampon laiton-feutre est vissé dans l’œil pour empêcher l’introduction de l’humidité et des corps étrangers).
• La douille en laiton, contenant la charge de poudre dont la déflagration détermine le lancement de l’obus. Elle est fixée sur le culot de l’obus par sertissage.
• Une amorce, placée dans un tube porte amorce au centre du culot de la douille ; quand le percuteur vient la frapper, elle détone et met le feu à la charge intérieure de la douille.

Les cartouches de 75 sont de plusieurs espèces qui diffèrent par les obus, les fusées ou les charges.

Parmi les obus, on distingue :

• 1° les obus explosifs, à charge intérieure d’explosif ; ils se fractionnent en un grand nombre d’éclats meurtriers au moment de l’explosion de cette charge. Ils peuvent produire d’importants effets de destruction sur le matériel, les obstacles et le personnel.
• 2° les obus à balles, destinés à agir contre le personnel par qu’ils projettent des balles en éclatant.
• 3° les obus incendiaires, qui contiennent des artifices susceptibles de mettre le feu aux matières combustibles.
• 4° les obus fumigènes, qui produisent en éclatant une épaisse fumée.
• 5° les obus éclairants, qui, en éclatant dans l’air, libèrent une étoile lumineuse soutenue par un parachute.
• 6° les obus traceurs utilisés pour le tir contre les objectifs marquent leur trajectoire dans l’air par un sillage de fumée (ou de feu pendant la nuit).

Parmi les fusées, on distingue :

• Les fusées mises sur le projectile, lors du chargement de celui-ci.
• Les fusées qui sont à mettre en place sur le terrain.

Les fusées du premier genre comprennent :

a. les fusées à double effet, pouvant agir, soit comme percutantes, soit comme fusantes et les fusées fusantes (sans système percutant, destinées au tir contre objectifs aériens). Les unes et les autres arment des projectiles dont la charge intérieure ne comprend pas d’explosif (obus à balles, incendiaires, éclairants, traceurs).

b. des fusées spéciales armant certains obus chargés en explosif (fusée de culot pour les obus de rupture M, Mle1910, fusée-détonateur spéciale interne pour l’obus ALR/2).

Les fusées du deuxième genre comprennent les fusées détonateurs (percutantes ou à double effet ou fusantes). Les unes et les autres arment des obus explosifs. Elles contiennent une forte amorce de fulminate dont la détonation entraine celle de la charge de l’obus. C’est par mesure de sécurité qu’elles ne sont mises en place qu’au moment du tir. Elles sont placées, pour les transports, dans des caisses ou boites spéciales.

La charge de poudre de la douille est constituée avec de la poudre B, en lamelles ou en grains. Le poids de la charge est calculé de façon à donner à chaque modèle d’obus une vitesse déterminée qui est inscrite sur la douille en mètres par seconde.

Parmi les charges, on distingue :

• Une charge normale, déterminée pour chaque modèle d’obus.
• Avec certains obus explosifs, une charge réduite permettant d’obtenir des angles de chute plus grands avec une moindre fatigue du matériel.